L’honorable Janvier Yahouédéou a quelques démêlés avec la justice béninoise. Celle-ci, par le biais du Parquet général près la Cour d’appel de Cotonou le sommant d’apporter les preuves de ses allégations contre le chef de l’Etat dans l’affaire ICC services.
En effet, le 9 juin dernier, le député de l’alliance RB-RP déclarait à la tribune de l’hémicycle que «le président Boni Yayi est auteur de détournement de la somme de 8 milliards FCFA des pauvres citoyens béninois à l’instar du vol des 3 milliards FCFA des contribuables hollandais destinés à l’eau potable». De plus, il affirmait détenir les preuves de ses allégations.
Le chef de l’Etat s’est senti blessé dans son amour-propre et a porté plainte à la justice via le ministre en charge de la Justice qui a son tour a saisi le Parquet général près la Cour d’appel de Cotonou par correspondance N°274/MJLDH/SP-C du 26 juin 2015. Poursuivant la procédure, le Parquet général a saisi le président de l’Assemblée nationale à qui il demande d’amener le député Janvier Yahouédéou à mettre à la disposition de la justice, des éléments qui soutiennent ses déclarations afin de permettre à la justice de faire son travail pour la manifestation de la vérité. La correspondance du procureur général près la Cour d’appel de Cotonou a été rendue publique hier parmi les communications lues à l’entame de la séance plénière.
Le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji a trouvé la procédure bancale. Selon lui, ce n’est pas de sa compétence de sommer un collègue à donner les preuves à la justice. «Le Procureur général me demande de demander au député Janvier Yahouédéou de mettre à la disposition de la justice, des éléments qui soutiennent sa déclaration. Est-ce que c’est mon rôle de président de l’Assemblée nationale ? Il y a des juristes dans cette salle ! Il y a des avocats ! Des magistrats ! Est-ce que c’est mon rôle ça ?», s’interroge Me Adrien Houngbédji avant de refuser de s’exécuter. «Il y a la séparation des pouvoirs ! Moi, je suis législatif. Si un député dit quelque chose que la justice estime qu’il n’a pas à dire, elle n’a qu’à faire son travail. Ce n’est pas au président de l’Assemblée nationale de se transformer en magistrat instructeur pour demander à un député de lui remettre des éléments pour qu'il les envoie au Garde des Sceaux ou au Procureur général. Donc, c’est pour vous dire que je ne vais pas dsrépondre à cette lettre», poursuit-il.
Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau