Né sur les ruines de l’Inspection générale d’Etat (IGE) dissoute par le gouvernement, le Bureau d’auditeur général du Bénin est opérationnel depuis hier mardi 21 juillet. Le nouveau maître des lieux, Michel Dognon, nommé auditeur général, a pris les commandes des mains de l’ex-inspecteur général d’Etat, Alidou Koussé. La cérémonie de passation de charges s’est déroulée au siège de l’ex-IGE à Porto-Novo et a été placée sous l’égide du Premier ministre, Lionel Zinsou.
C’est par décret N°2015-394 du 20 juillet 2015 que le chef de l’Etat a nommé Michel Dognon pour conduire la destinée du Bureau d’auditeur général en remplacement de l’Inspection générale d’Etat désormais dissoute. L’intéressé a pris service hier des mains de son prédécesseur, l’ex-inspecteur général d’Etat Alidou Koussé qui part après avoir passé 9 ans à la tête de cette structure faîtière d’audit et de contrôle de gestion de toutes les structures relevant de l’ordre administratif.
Les qualités de Alidou Koussé saluées
Le Bureau d’auditeur général ne remet pas en cause l’ex-IGE. Les objectifs poursuivis sont les mêmes. Bien au contraire, ils ont été renforcés pour permettre au Bureau d’auditeur général d’être plus efficace dans sa mission de contrôle pour l’éradication de la corruption au Bénin. Ce qui rassure le représentant du personnel de l’ex-IGE, l’auditeur d’Etat, Nicole Gbaguidi. Elle a salué les qualités exceptionnelles, professionnelles et managériales dont a fait montre Alidou Koussé au cours de son passage à la tête de l’IGE créée en 2006 sur les cendres de l’ex-Cellule de moralisation de la vie publique. Nicole Gbaguidi a saisi l’occasion pour rappeler les actions et réformes à mettre à l’actif de l’Inspecteur général d’Etat sortant. Elle a surtout mis l’accent sur les outils de gestion élaborés par l’Inspection pour permettre aux structures et entreprises publiques de disposer de boussole en matière de gestion. Aujourd’hui, l’ex-IGE rayonne mieux que par le passé, souligne le représentant du personnel.
Se réjouissant du bilan atteint, l’Inspecteur général d’Etat Alidou Koussé informe que de 2011 à 2015, 2010 interventions ont été menées sur le terrain dans les domaines de contrôle de gestion des structures et entreprises publiques. Ces résultats auraient pu être meilleurs si les moyens financiers n’avaient pas fait défaut parfois, souligne-t-il. Il a précisé par ailleurs, que son institution n’est pas autorisée à publier les rapports de ses investigations sur le terrain. Mais ceux-ci sont régulièrement transmis au chef de l’Etat, a laissé entendre Alidou Koussé avant de dire toute sa joie de passer la main à l’auditeur général Michel Dognon qu’il connaît bien et avec qui il a travaillé, alors qu'il était conseiller spécial du chef de l’Etat à la gouvernance des entreprises publiques.
L'engagement de Michel Dognon
Prenant la parole, Michel Dognon ira plus loin dans ses relations avec le désormais ex-inspecteur général d’Etat, son ancien professeur au Lycée Coulibaly de Cotonou et à l’Université nationale du Bénin. Les deux personnalités ont encore des liens familiaux, tous deux ressortissants du village de Ouèdémè dans la commune de Glazoué.
Pour Michel Dognon, c’est donc avec fierté qu’il prend le témoin des mains de son aîné dans la profession de comptable, d’auditeur et de contrôleur. Il a remercié le chef de l’Etat pour la confiance qu’il a placée en lui depuis 2014 en le nommant d’abord comme son conseiller spécial à la gouvernance des entreprises publiques puis ensuite comme auditeur général.
Conscient de la densité de la mission à lui assignée, Michel Dognon a partagé avec toute l’assistance sa feuille de route pour les prochaines années à la tête de cette institution. Car, selon lui, la corruption est la seule menace qui pèse sur le développement du pays. C’est pour cela qu’il se dit prêt à attaquer de façon sérieuse ce fléau national. Non seulement le contrôle de gestion sera désormais renforcé au sein des structures publique, mais Michel Dognon s’engage à mettre l’accent sur l’audit préventif et l’audit de performance pour limiter les fraudes, les surfacturations et autres actes de mauvaise gouvernance. Sa feuille de route prévoit par ailleurs, le renforcement de l’effectif du personnel du Bureau d’auditeur général jusqu’à 200 agents et la création de quatre bureaux régionaux pour permettre à son organe d’être plus présent sur le territoire national.
Le Premier ministre, Lionel Zinsou a vanté les atouts intellectuels et professionnels de Michel Dognon qui a fait déjà ses preuves avec succès aux Etats-Unis d’Amérique qui a une tradition dans les investigations, le contrôle, et la sanction des auteurs de corruption. Mais déjà, il avertit l’auditeur général que la tâche ne lui sera pas facile vu le niveau de la corruption au Bénin. «La bonne gouvernance n’est pas une option. Elle s’impose à tout le monde», martèle le Premier ministre avant d’inviter l’auditeur général à surtout mettre l’accent sur la prévention de la corruption et la performance des entreprises publiques. Lionel Zinsou conseille par ailleurs le Bureau d’auditeur général à travailler en complicité avec la justice pour éradiquer vraiment l’impunité au Bénin.
Par Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau