Par plusieurs centaines, cheminots ou pas, qui, au départ de la gare centrale de l’Ocbn, ont cru bon devoir battre le macadam jusqu’au Ministère des travaux publics et des transports pour apporter, ont-ils laissé entendre, leur soutien au projet ferroviaire du groupe Bolloré Africa Logistics pour le Bénin et le Niger. Au mépris de tout ce qu’ils savent du projet Bolloré et de la façon dont ce dernier a été imposé aux acteurs du secteur, ces cheminots et leurs accompagnateurs ont consenti à jouer le jeu trouble du gouvernement béninois dont l’attitude depuis l’avènement de cette situation, cache mal une complicité véreuse.
Ce qui est écœurant dans cette initiative, c’est que c’est la situation de précarité des cheminots qui est aujourd’hui instrumentalisée. Il nous est en effet revenu de source bien introduite que la marche des cheminots a été suscitée. Le mode opératoire bien connu de la gouvernance du régime du Changement, s’est traduit par la présence massive de manifestants dont le sort n’est nullement lié à la manifestation. En effet, il est connu que l’Ocbn ne recrute plus depuis bien des années et son personnel est très largement vieillissant. Alors, on se demande d’où sont alors venus ces centaines de jeunes gens, ces jeunes filles à l’allure vive ? Quand on sait qu’il n’y a pratiquement plus de marche de soutien sans rémunération des marcheurs, il n’est plus besoin de se poser des questions. De l’argent a circulé. Beaucoup. Pour réunir des gens dont les 9/10ème ignoraient totalement les vraies motivations de leur marche. Celle qui leur importait probablement étant d’être payés au prorata de leur effort à l’issue de la manifestation.
Ce qui a été ainsi accompli ce 21 juillet 2015 à Cotonou, c’est simplement une injure à l’intelligence des cheminots béninois, à leur situation actuelle et à leur avenir. Sinon, pendant que le Groupe Pétrolin du béninois Samuel Dossou Aworet se propose de prendre en charge tout le volet social les concernant, du réajustement de leurs retraites à la solde de tous les arriérés salariaux, jusqu’à faire d’eux des actionnaires à part entière de la nouvelle société concessionnaire de la ligne ferroviaire Bénin-Niger, comment vouloir faire croire que ces personnes apportent leur soutien au projet Bolloré dont les relents impérialistes et les incohérences techniques ne leur sont pas secrets ? La marche des cheminots était une mascarade de plus, dont le gouvernement béninois et les acteurs impliqués auraient simplement dû nous épargner. Ce n’est pas avec des manifestations commanditées que la justesse d’une cause se démontre.
Junior Fatongninougbo