(Rencontre de vérité à la Présidence ce jour) Il n’a pas la paix et continue de se chercher dans un dossier qui plonge le crédit de son mandat depuis des années. Le président de la République dont le régime a battu le record des scandales financiers au Bénin est obligé de faire un pas en arrière pour voir s’il peut se rattraper dans l’affaire de construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale qui a fait perdre plus de 14 milliards de FCfa à l’Etat. Yayi Boni rencontre les acteurs impliqués dans ce dossier ce matin à la Présidence de la République. Mais, il aura chaud, selon un entrepreneur.
Yayi Boni semble ne pas avoir la paix du cœur et est certainement gêné de partir du Pouvoir sans terminer les travaux de construction du nouveau siège de l’Assemble nationale ou tout au moins, faire situer les responsabilités. Il a effectué plusieurs descentes sur le chantier pour constater le blocage ; mais se rend compte que rien ne bouge. Effectivement, c’est trop tard ! Plus rien ne peut être rattrapé sur ce chantier « éléphant blanc ». En tout cas, pas avant le départ de Yayi du Pouvoir dans moins de dix mois. Les 14 milliards de FCfa engloutis sont définitivement partis, mais donnent de l’insomnie au chef de l’Etat. Vu de près ou de loin, le chantier fait peur et ne donne pas l’air de quelque chose qui pourra bouger de sitôt. Malgré les mensonges distillés au sein de l’opinion publique pour faire croire que les travaux ont repris, aucun indice physique ne démontre que des entreprises sont sur le chantier. Pour ceux qui ne le savent pas, rien ne se fait sur ce chantier. Il n’y a aucun matériel en dehors de ceux immobilisés illégalement depuis des années pour des raisons inavouées. Les vraies entreprises qualifiées se sont désistées et n’interviennent plus sur le chantier. Actuellement, il n’y a que quelques ouvriers recrutés pour tromper les populations et qui, en longueur de journée, sifflotent sans bouger. Les gros œuvres étaient déjà achevés à plus de 90 % par la vraie entreprise adjudicataire. Dans le budget de l’année en cours, ce qui est prévu ne suffira même pas pour finir la moitié des travaux en cours. Et pourtant, on fait croire à qui veut l’entendre que, dans quelques mois (avant 2016), ce chantier sera livré. Pour évoluer sur ce chantier, il faut des moyens et recourir à l’expertise des entreprises de base qui ont les qualités et les matériels qu’il faut. Elles auraient déjà fini si les collaborateurs de Yayi Boni avaient fait preuve de sérieux et si tout était mis en œuvre pour débloquer les fonds nécessaires.
Rencontre tardive et inutile
La séance prévue pour ce jour au Palais de la présidence de la République n’apportera aucune solution à la situation. Le problème n’est plus à l’étape de réunion d’informations mais, plutôt, à des actes de négociations. L’important problème qui se pose aujourd’hui est celui de la justice. Sans décision de justice, l’Etat béninois ne peut rien faire sur ce chantier ; puisqu’il faut verser des dommages et intérêts aux différentes entreprises, surtout celles chargées des gros œuvres. Et selon le contenu des assignations, il faudra débloquer plus de cent milliards de FCfa pour dédommager cette entreprise dont les actionnaires, d’origines marocaine et américaine, ne veulent pas se laisser faire. Ensuite, on ne peut rien faire sans tenir compte des observations faites par les différents cabinets commis pour auditer le chantier. Des décisions de justice sont attendues et peuvent modifier le cours de ce qui se fait timidement en ce moment sur le chantier.
La rencontre de ce jour aurait pu être faite, depuis longtemps, avec les premières entreprises adjudicataires ; mais le chef de l’Etat n’était pas resté ouvert aux négociations et a laissé qui de droit se confier à la justice. Aujourd’hui, il organise une rencontre alors qu’aucune magie, sauf des milliards de FCfa, ne pourra lui permettre de finir les travaux de ce chantier avant de partir. C’est clair qu’aujourd’hui, on lui fera croire que tout va bien et que l’impossible sera fait. Mais, c’est faux ! Des entrepreneurs proches du Pouvoir ont déjà encaissé des fonds dont la récupération est presque impossible. L’argent pour finir ce chantier démarré depuis 2009 n’existe plus dans les caisses de l’Etat. Il faudra le mobiliser à nouveau.
Félicien Fangnon