Depuis plusieurs mois et particulièrement ces dernières semaines les questions relatives au transport ferroviaire avec en toile de fond la signature annoncée de la convention de concession de la ligne ferroviaire Bénin-Niger au Groupe Bolloré sont au centre d’une vive polémique. Malgré les enjeux et notamment les implications économiques de ce projet, tous les ténors de l’opposition se cantonnent dans un silence de plus en plus pesant.
Le 03 juillet dernier, au lendemain de la fin de la visite de François Hollande au Bénin, plusieurs journaux ont titré sur le fait que le président français avait désavoué le président Boni Yayi et Vincent Bolloré en ne cautionnant pas la signature de la convention de concession de la ligne ferroviaire Bénin-Niger au groupe Bolloré qui aurait été prévue durant son séjour au Bénin. Cette information a piqué au vif le Gouvernement, qui s’est fendu d’un communiqué pour dénoncer une telle information arguant du fait qu’une telle cérémonie ne figurait pas dans le programme de la visite du président français. Au-delà de cela, alors que l’Exécutif reste droit dans ses bottes dans cette affaire qu’il tient férocement à bien mener, il a en face de lui une opposition dont les principaux ténors semblent ne pas en faire une préoccupation majeure. En effet, aucun d’eux n’a jusqu’à l’heure actuelle pris l’initiative de demander des explications au Gouvernement à ce sujet, qu’ils soient siègent ou pas au Parlement. En effet dans cette affaire, ce sont plutôt le Gouvernement et ceux qui dénoncent cette convention dont la signature est imminente avec le Groupe Bolloré et qu’ils considèrent comme étant scandaleuse, qui avancent chacun leurs pions et qui se marquent à la culotte. Face à l’Exécutif, il y a le Groupe Petrolin de Samuel Dossou qui estime avoir été roulé dans la farine par le Bénin et le Niger. Mais au-delà de la personne de Samuel Dossou, il est nécessaire que l’opposition monte au créneau pour se prononcer sur cette question chaude qui défraie la chronique. Mais jusqu’à l’heure, c’est le calme plat. Compte tenu de la logique dans laquelle il est, le Gouvernement ne se laissera pas démonter par les attaques de ses contradicteurs, tandis que ceux-ci dont on ne connait pas les réelles motivations redoublent toujours d’ardeur pour dire tout le mal qu’ils pensent de ce projet avec le Groupe Bolloré dont les avantages pour le Bénin sont sans cesse martelés par l’Exécutif. Aussi, il ne serait pas surprenant que les contradicteurs actuels du Gouvernement aient des liens avec le Groupe Petrolin qui aurait alors fait appel à eux pour amplifier la force de son offensive médiatique contre l’Exécutif. Dans ce qui s’apparente à un vrai méli-mélo où chaque camp clame sa bonne foi, l’opposition a sa partition à jouer afin de prendre de la hauteur et d’expliquer dans le sens du Gouvernement ou du Groupe Petrolin tous les contours de cette affaire. Au finish, c’est à se demander ce qui tétanise à ce point les ténors de l’opposition pour qu’ils ne se prononcent pas du tout sur cette convention de concession. Claudine Prudencio député au Parlement et membre de l’opposition, qu’on dit proche de Samuel Dossou a été très en vue pour dénoncer il y a quelques mois le sort inadmissible selon elle que le Gouvernement Béninois a réservé au finish à Samuel Dossou. Les ténors de l’opposition craignent ils en se joignant à la cause de Samuel Dossou de servir sur un plateau d’or au Gouvernement l’argument relatif au fait qu’ils seraient contre les intérêts du Bénin ? Or dans le même temps, il est aussi inimaginable de les voir faire l’éloge de cette concession de la ligne ferroviaire. Voilà donc l’opposition entre le marteau et l’enclume.
Bernado Mariano Houenoussi