Il n’est plus un secret pour personne que par un passé pas trop lointain notre pays est entré dans un propagandisme où pour un oui ou un non des milliers de badauds et de pauvres femmes voire d’enfants (pauvres âmes innocentes) sont déversés dans nos rues pour tout ce que tout le monde sait. Cet exercice a connu son apothéose avec les fameuses affaires de tentative d’assassinat et de complot contre la personne du président de la République.
S’il est vrai que des rencontres ont eu lieu entre des personnes aujourd’hui soupçonnées, s’il est aussi vrai que des produits dits mortifères et contenant selon certaines sources des réactifs dangereux (mais manipulables à l’œil nu et sans aucune précaution) ont circulé, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est juste et bon de permettre au citoyen ordinaire d’apprécier ces faits et de se faire son idée.
Mais lorsque, en dehors du citoyen ordinaire, c’est à l’institution chargée de faire le travail scientifique parce que disposant des moyens et des pouvoirs dans ce sens qu’on s’adresse, il n’est pas tolérable qu’à l’issue des analyses de cette institution qu’on continue de prendre tout le monde en otage.
J’estime que tous ceux qui s’agitent et critiquent à tort ou à raison les décisions de justice doivent avant tout se donner toutes les disponibilités nécessaires parce qu’une décision de justice, fut-elle biaisée ou non, repose toujours sur une argumentation qu’il n’est pas donné à tout le monde, même aux professionnels, de s’approprier surtout lorsque dans une affaire, sans attendre l’institution chargée de dire le droit, on s’est déjà forgé soi-même sa décision.
Dans le cas d’espèce, il faut dire qu’il y a nécessité pour tous ceux qui se rebellent, aussi bien contre l’ordonnance de 17 mai 2013 du Juge du 6e Cabinet d’Instruction du Tribunal de Première Instance de Première Classe de Cotonou que contre les arrêts n°107 et 108/12 de la Chambre d’Accusation de la Cour d’appel de Cotonou du 1er juillet 2013, d’avoir accès aux décisions et d’apprécier en toute objectivité, sans arrière pensée aucune, sans parti pris, et en toute intelligence les démonstrations des juges.
Certains professionnels du droit nous enseignent qu’il ne suffit pas, dans une affaire en droit, que les faits soient reconnus par les mis en cause pour qu’il y ait condamnation, encore qu’il faut que ces faits soient dénués de tout doute, de toute suspicion et de toute incertitude. En tout cas, les faits doivent être avérés et sans équivoques>
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Or dans les cas d’espèce, un doute plane sur les déclarations des uns et des autres. C’est la parole de l’un contre celle de l’autre, et celle des uns contre celle des autres.
Et il ne suffit pas que l’un ait pu avoir l’imagination féconde et «patriotique» de dénoncer l’autre pour que sur cette base on claironne que la vérité a éclaté.
Le juge ne navigue pas dans le flou, dans l’à peu près. C’est pourquoi, dans le doute le juge s’abstient.
Ce n’est pas un miracle. C’est connu et vécu déjà. Et ceux qui le savent, se reconnaissent bien surtout quand ça leur profite.
Les agitations des uns et des autres après l’ordonnance du juge du 6e Cabinet, et bien qu’appel ait été relevé par qui de droit, et aussi après les arrêts 107 et 108/13 de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel le 1er juillet 2013 n’ont laissé personne indifférent malgré le pourvoi en cassation.
La Cour Suprême vers laquelle tous les regards sont tournés en ces différentes affaires ne peut connaitre des faits tels que dépouillés, analysés et instruits par les juridictions du 1er et 2e degré. Sauf erreur de ma part, là elle fera un travail hautement technique en appréciant tout simplement si les juridictions inférieures ont respectées les procédures en la matière et ont appliquées les textes de lois qu’il faut. Il y a plus sérieux dans le pays que d’occuper les Béninois sur du superflu. Il n’est pas juste d’affirmer sans la moindre preuve que les évêques, nos Pères, ont additionné leur intelligence pour « faire des déclarations sur la base des informations mal fondées »
Et puis à aucun moment, la Conférence épiscopale ne s’est appesantie sur les faits dont l’analyse et l’appréciation ne relèvent pas de sa compétence
Elle a peut-être commis le péché mignon en évoquant l’image négative que présente notre pays à la face du monde et qui est contraire à l’épopée de 1990, contraire au privilège de l’institution à Rome, à l’Université de Latran de la Chaire qui porte le nom d’un digne fils de ce pays, contraire à ses immenses grâces reçues lors du passage de l’Emérite Sainteté Benoît XVI dans notre cher et beau pays.
Quels autres commentaires avons-nous pu lire venant des évêques qui savent que lorsqu’une affaire est pendante devant les juridictions, la décence recommande de s’abstenir d’organiser des marches, des cultes, des meetings de compassion, des balades contre tout bon sens à travers tout le pays pour même aller réveiller ceux qui, ignorant tout, dormaient tranquillement.
Il est quand même surprenant qu’on demande à la Conférence épiscopale de bien vouloir faire connaître les éléments en sa possession à partir desquels elle déclare qu’il s’agit «d’évènements douteux et contestés ».
Il suffit de lire les arrêts 107 et 108 de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Cotonou du 1er juillet 2013 pour se rendre compte que même les juges ont douté.
Evitons d’instrumentaliser l’Eglise ! Elle nous a été utile hier, elle nous est utile aujourd’hui et Elle nous sera toujours utile demain. De grâce, faisons en sorte qu’elle ait les coudées franches pour bien toujours jouer son rôle.