Les conclusions de l’audit d’investigation du Programme Pluriannuelle Eau et Assainissement (PPEA II) conduit par le Cabinet Kroll de renommée internationale choisi de concert par le Bénin et la Hollande sont connues, depuis vendredi dernier. Le Gouvernement de la République du Bénin, par souci de transparence et surtout de reddition de comptes, les a mises déjà à la disposition du public. Les uns et les autres sont désormais situés sur les tenants et les aboutissants de ce dossier dans lequel le Président de la République joue totalement la carte de la transparence et de l’impartialité pour permettre à la justice de faire librement son travail.
Il ressort du Rapport d’audit, des dysfonctionnements graves de l’administration et une implication directe et active de certains fonctionnaires caractérisée par un système de fractionnement des marchés et des violations graves et répétées des règles d’exécution des dépenses publiques. Un vaste réseau de fraude qui a permis de détourner des fonds de la Direction Générale de l’Eau notamment du PPEA II de l’ordre de plusieurs milliards de francs Cfa au préjudice du Trésor public et du bailleur en un temps record dont 2,6 milliards de Francs Cfa dans le cadre du PPEA II et 5 milliards au niveau de plusieurs ministères, le tout de l’ordre de 8 milliards, exclusivement par les sieurs Rémy Codo et Rock Sarè Niéri, beau-frère de Olivier Boco. Ainsi, le rapport a permis d’identifier les auteurs de ces détournements à savoir les deux opérateurs économiques Rémy Codo et Rock Niéri.
Au titre des responsables impliqués à des degrés divers, le Rapport a cité notamment l’ex-ministre en charge de l’Energie, des Recherches Pétrolières et minières, de l’Eau et du Développement des Energies Renouvelables, Barthélémy Kassa, et bien d’autres responsables. Les noms des opérateurs économiques Rémy Codo et Rock Niéri sont bel et bien mentionnés dans le Rapport du Cabinet Kroll. Ce n’est pas une invention du Secrétaire Général du Gouvernement. Tout ce que le SGG a dit pour rendre compte du Conseil des ministres extraordinaire du jeudi 23 juillet 2015 est contenu dans ledit Rapport.
Mesures et recommandations fortes prises
Quatorze (14) mesures et recommandations fortes ont été prises à la suite de l’examen du Rapport d’audit pour punir sévèrement les coupables et éviter surtout le bégaiement de l’histoire, la répétition des faits : geler tout décaissement au profit du ministère de l’Eau, créer la Cellule technique de suivi de l’exécution des accords et contrats publics, renforcer les capacités des délégués du Contrôleur financier, instaurer l’avis de non-objection où il sera désormais fait obligation à tout ministre sollicitant une réallocation des ressources portant sur un financement extérieur de joindre l’avis de non-objection du bailleur, évaluer des réformes en cours au niveau du Ministère chargé des FINANCES, renforcer l’Inspection générale des finances, faire conduire un audit systématique des biens, services et forages censés avoir été fournis, exécutés par la Direction Générale de l’Eau en 2014 et 2015, renforcer l’indépendance des inspections générales de la tutelle des ministres. Indépendance qui va de pair avec le renforcement de leurs moyens d’actions techniques, humains et matériels, instituer un parquet financier indépendant chargé de la lutte contre la délinquance économique et financière. Et ce n’est pas tout. Les fonds volés seront remboursés... Une grande première au Bénin.
Le Chef de l’Etat engagé à promouvoir la bonne gouvernance et à combattre la corruption et l’impunité
Les Béninois et Béninoises doivent être davantage fiers de leur Président, Dr Thomas Boni YAYI, qui a su prendre ses responsabilités pour faire situer les responsabilités dans ce crime économique. Le Chef de l’Etat a préféré la justice plutôt que son camp, l’intérêt supérieur de la Nation, qui l’a d’ailleurs toujours guidé depuis 2006. Ce Rapport accable d’une manière ou d’une autre certains de ses partisans, en l’occurrence l’ancien ministre de l’eau. Le Chef de l’Etat aurait pu le cacher pour les protéger. Mais il en a décidé autrement, préférant la totale impartialité et la transparence. Barthélémy Kassa ira à la Haute Cour de Justice pour répondre des faits qui lui sont reprochés dans ce Rapport.
En prenant ces décisions courageuses, le Chef de l’Etat et son Gouvernement donnent ainsi un signal fort dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité. Car ils sont conscients que la corruption mine la confiance de l’opinion publique à l’égard des pouvoirs publics, menace l’intégrité du marché, fausse la concurrence et nuit au développement économique. La mauvaise gouvernance nuisant manifestement à l’activité et au bien-être économique.
Le Président de la République attache une grande importance à la promotion de la bonne gouvernance à tous les niveaux. C’est pourquoi ces mesures strictes sont mises en place pour garantir intégrité, impartialité et honnêteté dans l’exécution des marchés publics afin de rassurer plus qu’hier les Partenaires Techniques et Financiers du Bénin. Il est à féliciter et à encourager pour son engagement déterminé à traquer les criminels économiques de tous acabits. Et c’est la preuve irréfutable qu’il s’emploie réellement à promouvoir la bonne gouvernance et à combattre la corruption sous toutes ses formes. Le peuple salue d’ailleurs sa grandeur d’esprit qui montre que le Bénin est un pays qui a encore le sens de l'honneur.
Le Parlement et la Justice doivent accompagner le Gouvernement
Dans ce dossier PPEA II, le Chef de l’Etat a frappé un grand coup. Dans d’autres dossiers concernant ses proches collaborateurs ou non, il les avait livrés à la justice. François Noudégbessi, Armand Zinzindohoué, Soulé Mana Lawani et consorts ne diront pas le contraire. Les dossiers Soulé Lawani, Armand Zinzindohoué, Rogatien Biaou, Alain Adihou, Kamarou Fassassi et consorts ont été notamment bloqués par Mathurin Coffi Nago et Hélène Aholou-Kèkè, durant la 6ème législature. Ces dossiers ont été politisés, récupérés à des fins politiciennes. Certains ont même été encouragés à rédiger des mémorandums accusatoires pour ne pas aller à la Haute Cour de Justice. D’autres ont été récupérés par l’opposition et sont devenus subitement des donneurs de leçons, narguant ainsi ouvertement la justice, parce que ayant la couverture du bureau du Parlement, 6ème législature, que présidait Mathurin Coffi Nago. Pendant que le Chef de l’Etat se bat pour traquer les criminels économiques, voilà les comportements qui les encouragent. On espère qu’avec l’arrivée de Me Adrien Houngbédji à la tête de la 7ème législature, les dossiers en instance et ceux qui viendront encore seront vite traités pour permettre aux personnes incriminées d’avoir l’occasion de s’expliquer devant la justice. L’Assemblée Nationale ne doit pas protéger les personnes soupçonnées dans des dossiers de mal gouvernance. Me Adrien Houngbédji doit se démarquer nettement de son prédécesseur dans la lutte contre la grande corruption.Le défi de la 7ème législature vient d'être connu.
Dans ce combat de longue à haleine, la justice doit être au rendez-vous. Car, la lutte contre l’impunité sera vraiment efficace le jour où la justice prendra effectivement ses responsabilités pour décourager les auteurs. La lutte contre la corruption et l’impunité sera une réalité tangible le jour où le Parlement et l’appareil judiciaire dans son ensemble accompagneront sincèrement les efforts du Gouvernement.
Le dossier PPEA II est une occasion pour ces trois institutions de la République (exécutif, législatif et justice) de donner des signaux forts dans l’opinion afin que les délinquants criminels encore tapis dans les pénombres puissent savoir que le rythme a désormais changé et qu’on ne pourra plus voler impunément au Bénin.
Etienne AVONON