Un système bien réfléchi par deux opérateurs économiques à savoir Rémi Codo et Rock Gnéri pour détourner à eux seuls 2,300 sur les 2,600 milliards évaporés des caisses de l’Etat dans le dossier Ppea. Ceci, à travers des sociétés écrans qui, trois mois après, disparaissent. Des complicités des cadres de l’appareil administratif de la Direction générale de l’eau (Dge). L’ancien ministre et député Barthélémy Kassa moralement responsable car n’ayant pas réagi bien qu’informé. Le tableau peint vendredi dernier à l’Infosec de Cotonou par l’Auditeur général, Michel Dognon et le conseiller juridique du chef de l’Etat, Raoul Atchiyipa sur le dossier Ppea II suite à l’audit international commandité par le chef de l’Etat est sombre. En effet, de la quintessence du rapport du cabinet Krol présenté par l’auditeur général, il est à retenir que l’audit d’investigation n’a pas changé grand-chose du rapport provisoire de la partie hollandaise qui a soulevé le tollé. Ainsi, au delà de la confirmation, il est à noter d’après l’auditeur général, le fractionnement systématique des marchés du Ppea II. A titre d’exemple, il a fait savoir que tous les contrats qui étaient de 20 millions et 60 millions ont été passés avec un franc en moins pour ne pas dépasser le seuil prévu par la loi relative aux marchés publics. Mieux, il a ajouté que les paiements sont émis à la même date que le lancement des travaux.
Mais, dira l’auditeur général, Michel Dognon, ceux qui ont aidé les deux opérateurs économiques au sein de l’administration n’ont pas été plus intelligents que les auditeurs qui pensaient à un système de fraude plus sophistiqué et donc avoir plus de difficultés pour élucider le mystère. « Le Dc, le Drfm, le Dpp… Plusieurs éléments les accablent et ils seront assignés. C’est un rapport de 800 pages en 4 tomes. Dedans, il y a toutes les preuves que vous ne pouvez pas imaginer. Ils ont laissé beaucoup de traces et tout ceci, c’est parce que l’impunité règne en maître dans le pays », a-t-il confié.
Union sacrée contre l’impunité
Pour le conseiller juridique du chef de l’Etat, Raoul Atchiyipa, les Béninois doivent faire bloc derrière toutes les institutions de la République pour barrer la route aux fossoyeurs de l’économie. « Le Sg du gouvernement et les ministres concernés ont été chargés de révoquer de l’appareil administratif les personnes impliquées, de les poursuivre et de s’atteler à ce que les fonds détournés soient remboursés », a-t-il affirmé. Et s’il n’a pas oublié de confirmer qu’une procédure judiciaire sera enclenchée contre l’ancien ministre Kassa, il a noté que dans ce dossier qui a écorné l’image du Bénin, le chef de l’Etat a tenu parole et a joué sa partition. « Le gouvernement veut compter sur les autres pouvoirs afin que l’impunité ne continue pas d’engrosser la corruption dans notre pays », a-t-il indiqué.
Toujours d’après les conférenciers, la conséquence du dossier Ppea II est que de nouvelles réformes vont voir le jour en ce qui concerne le contrôle financier. Pour donc freiner la fraude artisanale et rudimentaire comme l’a constaté l’auditeur général dans le dossier Ppea II, des outils de contrôle sont prévus et la priorité sera donnée à la prévention. Mais avant et d’après les confidences de l’auditeur général, Michel Dognon, Rémi Codo et Rock Gnéri, à eux deux, ont en un an, siphonné 8 milliards des caisses de l’Etat dans divers marchés. Qui a dit que le mal de la corruption au Bénin n’est pas profond et qu’il n’y a pas d’autres investigations pour situer les responsabilités qui attendent déjà le nouvel auditeur général et son équipe ?