Des rassemblements en tout genre sur le thème du décollage économique de l’Afrique ne cessent d’être organisés. On y débat de la transformation locale, la croissance inclusive, l’industrialisation, le chômage des jeunes, la compétitivité, etc. Étrangement, le rôle des PME africaines y est souvent abordé en filigrane. Pourtant, ce sont elles qui représentent le véritable levier de transformation économique de l’Afrique.
Parce qu’elles représentent 90% des sociétés privées du continent et sont à l’origine de 45% des créations d’emploi, les PME garantissent une redistribution plus large et plus équitable des fruits de la croissance. Elles servent à la fois de laboratoire et d’incubateur en ouvrant la voie à l’innovation et à l’entrepreneuriat. Leur extraordinaire répartition sur l’ensemble des territoires leur permet d’apporter emplois et pouvoir d’achat dans les zones les plus éloignées des centres économiques. Elles constituent aussi un extraordinaire creuset pour la formation des ressources humaines. Enfin, elles sont la première étape du processus de rationalisation économique de l’Afrique.
Malgré cette prépondérance, pourquoi les PME pèsent seulement 33% du PIB du continent, contre 60% de celui des économies développées ? Car elles ne bénéficient pas de l’attention économique et institutionnelle nécessaires, susceptibles de favoriser leur développement. Elles subissent au contraire tous les matraquages fiscaux qui pénalisent leur croissance. L’étude récente du cabinet PWC a d’ailleurs démontré que les PME africaines étaient les plus fiscalisées au monde. Quel bénéfice les PME peuvent-elles espérer retirer des impôts qu’elles seront amenées à payer ? Quels services publics leur seront rendus ? Malheureusement trop peu. Elles préfèrent donc bien souvent rester sous le radar et demeurer dans l’informel.
Un autre élément de taille qui pénalise fortement le développement des PME en Afrique est leur difficulté d’accès aux financements. Les crédits proposés par les banques atteignent des taux prohibitifs tandis que les marchés financiers sont encore trop faibles. Pour trouver de l’argent, les patrons en sont souvent réduits à recourir à des méthodes traditionnelles à peine moins onéreuses et certainement moins fiables (tontine, usuriers, etc). Le ratio crédit au secteur privé sur PIB n’atteint que 18 % en moyenne en Afrique contre 30 % en Asie du Sud et 107 % dans les pays à haut revenu.
Heureusement, la mesure des besoins des PME a donné lieu à des initiatives innovantes. Parmi elles, la mésofinance, un mécanisme qui propose des outils de financement alternatifs, souples et rapides aux entreprises déjà trop développées pour les institutions de microfinance. La Banque Africaine de Développement s’est elle aussi emparée du sujet en créant le Fonds d’assistance au secteur privé africain (FAPA), doté de 125 millions de dollars, et plus récemment le Fonds Africain de Garantie (African Guarantee Fund – AGF) basé à Nairobi, un fonds destiné à octroyer des lignes de crédit et une assistance technique à des institutions financières ciblées.
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