Sale temps pour la démocratie à la base au Bénin. A peine les populations ont eu la joie de renouveler leurs conseils communaux et municipaux après plus de deux ans d’attente qu’elles doivent se résoudre à faire l’amer constat que la lutte pour l’égalité, la justice et la paix sociale est loin d’être gagnée. En effet, il a suffi que l’heure de l’élection des maires sonne pour que les vieux démons de la loi du plus fort et du bâillonnement du peuple fassent leur retour. Que ça soit à Malanville, Djougou, Bembéréké etc, les conseillers communaux, pour l’élection de leur maire, ont eu droit à tout sauf à des élections équitables. Avec des préfets qui ont pris fait et cause pour un camp, les élections ont été biaisées. Par exemple à Malanville, il y avait 13 conseillers Fcbe contre 12 de l’Alliance Soleil. A l’arrivée, il y a 14 conseillers (soit les 12 de l’Alliance Soleil et 2 Fcbe) qui ont dû vider la salle car, le représentant du préfet n’a pas daigné prendre en compte la candidature d’un élu Fcbe au poste de maire. Et ce n’est pas le pire. En l’absence de quorum, le représentant du préfet a procédé à l’élection du maire. Si le ridicule pouvait tuer !
Malheureusement, la maldonne autour de la décentralisation à Malanville n’est pas l’exception. A Djougou, les conseillers ont dû aussi s’incliner face à la même dictature du préfet. Du côté de Bembéréké, c’est carrément à un drame qu’ont eu droit les populations qui auront du mal à s’expliquer qu’un élu communal soit interdit d’accès à la mairie pour voter en faveur du maire de son choix. Tout simplement ahurissant !
Et face à cette situation que les démocrates peuvent difficilement s’expliquer, il y a de quoi se demander si les conseillers sont égaux devant la loi ou si les maires, selon qu’ils soient d’un tel parti ou d’une telle alliance de partis, ont les mêmes chances. En tout cas, la Cour suprême, les partenaires au développement et les différentes institutions de la République ont de bonnes raisons de ne pas rester les bras croisés. Autrement, il sera préférable de mettre entre parenthèses la décentralisation et de chanter tout de suite son requiem. Car, il ne sert à rien de continuer à se mentir et de parler d’une démocratie à la base qui n’en est véritablement pas une.
Isac A. YAÏ