Le président Boni Yayi a eu la chance de bénéficier de deux mandats constitutionnels à la tête du Bénin, synonyme de dix ans de gestion du pouvoir. D’autres auraient signé des deux mains pour l’avoir. De 2006, le règne du régime du changement prendra fin en avril 2016. A huit mois du terme de son mandat, l’heure est au bilan des actions de Yayi. C’est ainsi qu’on est tenté de se poser la question de savoir quoi retenir du passage Yayi à la tête du Bénin ? La réponse n’est sans doute pas en faveur du chantre du changement.
Dire que l’actuel président de la République n’a pas été utile pour le Bénin, c’est passé à côté de la vérité. Seulement, Boni Yayi s’est doublement illustré dans les bonnes et très mauvaises actions sous son règne. Aujourd’hui, plusieurs béninois ne retiennent que les scandales qui ont émaillé, éclaboussé, miné, ruiné…le régime du Changement et de la Refondation. Ces scandales, on en dénombre une dizaine, au moins l’équivalent du nombre d’années du mandat de Yayi à la tête du pays. Pour les citer, on en vient à perdre le souffle : Dysfonctionnements dans la gestion du Ppea 2 des Pays-Bas (dernier en date), l’affaire Icc-Services que le député Janvier Yahouédéhou a pris à son compte, décidé à amener le pouvoir à l’élucider, le dossier Cen-Sad, le dossier Pvi-Ng et Coton, les affaires de «tentatives d’empoisonnement et tentative de coup d’Etat », les machines agricoles, la disparition de Dangnivo, le sulfureux recrutement d’Ape en faveur du ministère de l’économie et des finances. Comment occulter les malversations enregistrées dans la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale…On en oublie sans doute. Des dossiers dans lesquels les règles de bonne gouvernance, du respect des dispositions des marchés publics, du respect du bien public ont été gravement foulés au pied. Mieux, des forfaits commis souvent par des proches du système. Et pourtant ! Dès sa prise de fonction en 2006, Yayi avait promis remettre les choses au bon endroit. Il avait promis combattre la corruption, rectifier la mauvaise gouvernance, mettre l’administration publique dans le sens de la compétitivité et du développement. Mais finalement…On a l’impression que c’est totalement l’autre face des promesses qui a été réalisée. Au grand dam des Béninois. La révision de la constitution aura été l’ultime velléité anticonstitutionnelle de Yayi que ses compatriotes ont refusé d’avaler. Ils ont traduit leur opposition à travers les urnes le 26 avril 2015 lors des législatives et quelques semaines plus tard, le 28 juin dernier pour le compte des communales et locales. Yayi a perdu la majorité et le perchoir à l’Assemblée nationale et a laissé échapper plusieurs communes qu’il détenait à travers les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et d’autres partis satellites. La gratuité de la césarienne, de l’école primaire ; la mise en place d’infrastructures communautaires, socio-sanitaires, routières ; la construction de l’aéroport de Tourou…Tout ceci ne restera certainement pas dans le subconscient d’une majorité de Béninois. Yayi, directement ou indirectement, a torpillé, souillé, saboté ses deux mandats à la tête du Bénin. Le «messie» de 2006 n’aura pas assumé. Malheureusement !
Jean-Marie Sèdolo