La Renaissance du Bénin, parti politique naguère adulé et porté au
pinacle à chaque consultation électorale, a considérablement perdu de
cette aura que lui conférait la personne de son leader charismatique,
le président Nicéphore Soglo, au point de donner l’impression, à un
moment donné, d’avoir entamé une descente aux enfers qui risquait de
lui coûter la perte de la mairie de Cotonou. L’inquiétude était
visible, et ce, d’autant que la non-élection de son président, Léhady
Soglo, aux élections législatives du 26 avril, avait sonné comme un
désaveu patent de l’électorat traditionnel de cette formation
politique à Cotonou, qui faisait sa force et sa fierté. Mais avant ces
signes d’un éventuel déclin de la RB, notamment dans la capitale
économique du Bénin, ce fut le président-maire, Soglo lui-même, qui
essuya dans cette ville l’un des revers, au plan politique, qu’il
n’aurait jamais imaginés. Il s’agit de cette fin de non-recevoir à lui
opposée par la localité de Xwlacodji, lors d’une visite qu’il a
entrepris de rendre aux habitants de ce quartier connu comme l’un des
plus acquis à sa cause à Cotonou. C’était incroyable, mais vrai.
L’ancien président de la République et actuel maire (sortant car il a
décidé de raccrocher) n’en revenait pas, évidemment, de se voir
‘’renvoyer’’ par Xwlacodji. Seulement, la surprise n’était pas du côté
des observateurs, lesquels pouvaient, ou devaient même s’attendre à
voir ce quartier réserver un tel accueil à Nicéphore Soglo, accusé
d’avoir entériné et appuyé les opérations de déguerpissement des
populations occupant la berge lagunaire de Cotonou, dont celles de
cette localité. Bref, le maire, ‘’désavoué’’, se replia, avant de
revenir sur les lieux, en adoptant la posture qu’exige une situation
pareille. Et les Xwlacodjinois de mordre, finalement, à l’appât, et de
se faire accrocher par l’hameçon ‘’houézèhouè’’ (le slogan de la RB).
C’est comme si Nicéphore Soglo connaissait parfaitement les Béninois
comme sa poche, et sait par quel bout les accrocher afin de calmer
leur fronde. Ce fut fait. Le maire de Cotonou et son parti n’avaient
pas le choix, dans tous les cas. Il lui fallait reprendre la main,
d’autant que Soglo, c’est Cotonou et que Cotonou, c’est Soglo,
électoralement parlant. Et, même si les législatives n’ont pas tenu la
promesse des grandes joutes électorales ordinaires, l’espoir pouvait
toujours être de mise. C’est ce qui s’est passé aux élections
municipales, communales et locales du 28 avril, qui ont ramené la RB à
des proportions raisonnables en termes de scores face à ses
adversaires ; au grand bonheur du couple Nicéphore et Rosine Soglo,
qui s’est particulièrement battu aux fins de la victoire à défaut de
laquelle l’hôtel de ville devait leur filer entre les doigts, en
raison de la grande convoitise qu’il suscite désormais de la part des
autres chapelles politiques. Le blason ‘’houézéhoué’’ fut ainsi
redoré, quoique ce ne soit pas encore la pleine forme. Moralité : la
Renaissance du Bénin doit renaître effectivement, au risque de se
retrouver en face de surprises aussi désagréables que déroutantes, les
fois prochaines.
Sébastien DOSSA