Dakar, 31 juil 2015 (AFP) - Le virus Ebola, responsable de plus de 11.000
morts en Afrique de l’Ouest depuis décembre 2013, suscite une peur planétaire
en raison de son fort taux de mortalité et de l’absence de traitement
efficace, mais le vaccin testé avec succès en Guinée pourrait changer la donne.
- D’OÙ VIENT-IL?
Comme le sida, parti de Kinshasa dans les années 1920 avant de se propager
à la planète selon une étude récente, Ebola s’est d’abord manifesté en Afrique
centrale.
Le virus doit son nom à une rivière du nord de la République démocratique
du Congo (ex-Zaïre), où il a été identifié en 1976.
Depuis, cinq souches ont été répertoriées (Zaïre, Soudan, Bundibugyo,
Reston, Forêt de Taï), la première particulièrement redoutable, avec des taux
de mortalité pouvant atteindre 90% chez l’homme, selon l’Organisation mondiale
de la santé (OMS).
- COMMENT SE TRANSMET-IL?
Le virus circule parmi les chauve-souris frugivores, considérées comme son
hôte naturel, qui ne développent pas la maladie. D’autres animaux - grands
singes, antilopes, porcs-épics... - sont également susceptibles de le
véhiculer et le transmettre à l’homme.
Dans l’épidémie actuelle, un seul cas de contact avec un animal est avéré,
au tout début de la chaîne, en Guinée, le virus s’étant ensuite propagé entre
humains.
Bien qu’il soit contagieux, le virus se transmet pourtant moins facilement
(environ deux personnes par malade) que nombre de maladies courantes, en
raison notamment de son mode de contamination, par contact direct avec les
fluides corporels (sang, sperme, vomissures, matières fécales, voire salive et
sueur), mais pas par voie aérienne.
Les malades ne deviennent contagieux qu’après l’apparition des symptômes,
pour atteindre leur taux maximal de contamination juste après la mort, d’où
des risques accrus lors des funérailles.
Après une période d’incubation de 2 à 21 jours - en moyenne autour de cinq
jours, selon les travaux de chercheurs suisses -, Ebola se manifeste souvent
par une brusque fièvre, avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires
et articulaires, des céphalées et des maux de gorge.
Cette phase est souvent suivie de vomissements, diarrhées, éruptions
cutanées, insuffisance rénale et hépatique et hémorragies internes et externes.
- QUELS TRAITEMENTS POSSIBLES?
Les soins consistaient jusqu’ici essentiellement à hydrater les malades.
Mais des essais cliniques sont actuellement menés sur des traitements
expérimentaux et sur des vaccins, dont le très prometteur VSV-ZEBOV testé avec
succès sur plus de 4.000 personnes en Guinée.
Selon les résultats préliminaires d’une étude publiée vendredi par la revue
médicale britannique The Lancet, le vaccin - mis au point par l’Agence de la
santé publique du Canada et dont la licence est détenue par les laboratoires
américains NewLink Genetics et Merck - s’est révélé efficace à 100%, ce qui
fait dire à l’OMS que le premier vaccin contre Ebola est "à portée de main".
Un autre vaccin, développé par la firme britannique GSK avec l’Institut
américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), est testé depuis
février au Liberia.
Parmi les traitements expérimentaux, figure notamment le favipiravir, un
antiviral homologué pour la grippe, du Japonais Toyama Chemical. Il a donné
des résultats encourageants sur certains malades infectés en contribuant à
réduire la mortalité, selon les résultats préliminaires d’un essai mené en
Guinée.
Autre traitement expérimental, le ZMapp, un cocktail d’anticorps qui
pourrait avoir aidé certains malades à guérir.
- COMMENT S’EN PROTÉGER?
Les consignes reposent sur des mesures préventives simples mais rigoureuses
(lavage des mains, désinfection avec des solutions hydro-alcooliques...),
ainsi que sur la surveillance des premiers symptômes, la fièvre notamment.
Il est recommandé de ne pas s’approcher des malades ni des cadavres à moins
de plusieurs mètres et, pour les soignants, de porter gants et masques. Les
locaux contaminés doivent être désinfectés.
- OU EN EST L’ÉPIDÉMIE AUJOURD’HUI?
La situation s’est nettement améliorée ces dernières semaines et l’OMS
s’est félicitée mercredi que le nombre d’infections hebdomadaires par le virus
ait atteint son plus bas niveau depuis plus d’un an en Afrique de l’Ouest.
Mais elle a exprimé son inquiétude pour la Sierra Leone où un patient
décédé après s’être rendu dans la capitale représente "un risque conséquent de
transmission ultérieure".
L’ONU a pour sa part annoncé mi-juillet, à l’issue d’une réunion des
donateurs, que les trois pays les plus touchés (Liberia, Sierra Leone, Guinée)
avaient reçu des promesses de financement de 3,4 milliards de dollars sur deux
ans, pour redresser leurs économies dévastées par Ebola et renforcer leurs
systèmes de santé.
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