Le discours de Boni Yayi à l’occasion de ce 1er Août 2015 apparaît comme celui d’un président au soir de son règne. Dès l’entame de ses propos, il va très vite le circonscrire. ‘’ Je voudrais rendre grâce à Dieu Tout-Puissant et remercier le Peuple souverain du Bénin qui m’a donné l’occasion de présider pendant une décennie les destinées de notre nation commune… Je renouvelle ici mon total engagement et celui de mon Gouvernement pour la tenue à bonne date et la réussite de la prochaine élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le dimanche 28 février 2016’’. Le décor ainsi planté, le Chef de l’Etat passe en revue quelques réalisations de son régime au cours de ces dernières années. Pour lui, la démocratie ne vaut rien si elle ne s’accompagne de performance économique. D’où la bataille constante de son gouvernement pour un renouveau économique. Dans ce discours, Boni Yayi est donc revenu sur l’engagement de 6 000 milliards de la communauté financière internationale à l’issue de la table ronde de Paris et s’est réjoui du décaissement à hauteur de 25% de ce montant par les partenaires, soit plus de 2 200 milliards. ‘’La mobilisation effective de ces ressources permettra de donner un nouvel élan à notre économie, à travers la réalisation de grands projets structurants et d’avenir. Elle permettra aussi de générer de nombreux emplois pour notre jeunesse et nos femmes. La croissance économique de notre pays s’en trouvera ainsi améliorée’’. En marge des réformes en cours pour l’assainissement des finances publiques, la dématérialisation des chaînes des finances publiques, le renforcement de la compétitivité du Port, le Chef de l’Etat est revenu sur les progrès et défis en termes d’infrastructures énergétiques, de transport, aéroportuaires, portuaires…
L’affaire Petrolin
‘’En termes d’infrastructures de transports, la « Boucle Ferroviaire Ouest Africaine » dont fait partie la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou-Niamey est dans sa phase active’’, a déclaré le Chef de l’Etat sans évoquer la guéguerre qui entoure ce projet alors que bien de Béninois auraient voulu entendre la vérité dans ce dossier qui défraie la chronique.
Une justice corrompue
Boni Yayi est révolté contre la justice béninoise. Au-delà de sa volonté de réformer l’appareil judiciaire, le Chef de l’Etat n’a pas ménagé les hommes de droit dans son intervention du 1er Août. Parlant de la corruption, le Chef de l’Etat déclare : ‘’A l’analyse, l’on peut aisément comprendre que nous nous trouvons dans un cercle vicieux dans lequel le pouvoir de l’argent téléguide les politiques et l’administration qui influent sur la justice pour promouvoir l’impunité et la grande dépendance de la justice. Je voudrais féliciter les magistrats qui se battent pour que la noblesse de leur métier soit de mise et qui souffrent de l’image ternie à cause de ces pratiques peu recommandables de certains de leurs collègues’’. Une image de la justice que Boni Yayi voudrait redorer pour véritablement lutter contre l’impunité. ‘’Le phénomène de la corruption s’est généralisé à cause de l’impunité. J’envisage d’organiser une journée de réflexion pour remédier à ce fléau et identifier et mettre en place les réformes structurelles, institutionnelles de la maison justice’’.
Lutte contre la corruption
Le scandale de l’eau a visiblement suscité la détermination du Chef de l’Etat en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Bien qu’il soit à 6 mois de la fin de son second et dernier mandat, Boni Yayi déclare : ‘’Nous avons encore le temps d’engager une véritable lutte contre la corruption et mettre en place les réformes globales et sectorielles pour améliorer les conditions de vie de notre peuple, quel que soit le prix, conformément à mon serment dans le cadre du pacte social qui me lie au peuple béninois’’. Et pour relever un tel défi, le Chef de l’Etat entend mettre en place ‘’une task force’’ visant à renforcer la capacité et l’indépendance de notre appareil judiciaire qui participe pour une large part à la corruption. Car pour lui, la corruption s’est généralisée à cause de l’impunité. Sauf qu’ici, Boni Yayi a semblé mettre à la charge de la justice cette question.
La santé, la culture et le sport sur le quai
Les secteurs de la santé, de la culture et du sport ont été les parents pauvres de ce discours, le dernier d’un 1er août que fera Boni Yayi. Malgré la crise que traverse le sport roi, le Chef de l’Etat est resté muet sur la question. La gestion du tri-milliard culturel et le défi d’une véritable industrie culturelle au Bénin n’étaient pas à l’ordre du jour. Les réformes du secteur de la santé et la question du service dans les hôpitaux publics n’ont pas été abordées. Pourtant, la santé fait partie des secteurs vitaux du pays.
Arnaud DOUMANHOUN