Au lendemain de l’installation du Conseil municipal de Cotonou, le bloc de l’opposition Un-Prd-Rb est en train de voler en éclats à l’Assemblée nationale et sur le terrain politique à quelques mois de l’élection présidentielle de 2016. Cela est dû aux manœuvres politiciennes du Président Boni Yayi qui a soutenu la Renaissance du Bénin (Rb) pour la conquête de la mairie de Cotonou, afin de briser les élans du camp Patrice Talon à la prochaine élection présidentielle.
La conquête de la mairie de Cotonou par la Renaissance du Bénin (Rb), soutenue par les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), n’est pas un effet de hasard.
A analyser la situation de près, il a dû avoir la main visible du Chef de l’Etat. L’objectif est briser le bloc compact de l’opposition parlementaire et du camp Patrice Talon. Et pour cause ! Telles que les choses se sont passées lors de l’élection du maire de Cotonou et de ses adjoints, les Fcbe étaient même en position de force pour dicter leur loi à la Rb. Le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrie Houngbédji jouait sur tous les tableaux pour conquérir la mairie de Cotonou avec le soutien de l’Union fait la Nation (Un) et des Fcbe. Dans le même temps, l’Un entendait avoir l’appui du Prd et des Fcbe pour chasser les Soglo de la mairie de Cotonou. Face au Prd, à l’Un et à la Rb, diamétralement opposés, les Fcbe avaient la possibilité de dicter leur loi à toutes les forces politiques en compétition. C’est dire que les Cauris pouvaient même exiger la mairie de Cotonou à la Rb, ce jeudi 30 juillet 2015, puisque Léhady Soglo et ses poulains étaient le dos au mur.
Mais, rien n’y fit dans ce sens. Les Fcbe ont préféré collaborer pour permettre aux Renaissants de reprendre la municipalité de Cotonou. Ceci n’a pas visiblement été une réalité sans l’implication personnelle du Président Boni Yayi. Pourquoi ? Par cette alchimie, il a réussi à opposer la Rb au Prd et à l’Un. La guerre contre l’homme d’affaires, Patrice Talon en est pour quelque chose. Selon les informations, l’Honorable Candide Azannaï et l’Un sont soupçonnés d’être proches de l’opérateur économique en exil. Permettre à l’Un ou au Prd de conquérir la mairie de Cotonou est de donner plus de chances au camp Talon. Même, donner ladite mairie aux Fcbe serait une manière de renforcer le bloc Rb-Un-Prd au profit de cet homme d’affaires, potentiel candidat à la prochaine élection présidentielle. Fin acteur politique, le Chef de l’Etat a sacrifié les intérêts de la mouvance pour aller contre le phénomène Patrice Talon.
Au-delà de tout cela, le soutien des Forces cauris pour un Bénin émergent à la Rb peut être vu comme un devoir de reconnaissance du Chef de l’Etat à l’endroit de l’ancien Président de la République, Nicéphore Soglo. Il faut reconnaître que le Président Boni Yayi était membre actif de la Renaissance du Bénin, lors du mandat de son prédécesseur, Nicéphore Soglo de 1991 à 1996. C’est d’ailleurs ce dernier qui l’a envoyé à la Banque ouest-africaine de développement (Boad) où il a connu son ascension politique jusqu’à devenir de la République.
Le Chef de l’Etat, dans le contexte politique actuel, ne peut pas permettre au Prd ou à l’Un de conquérir la mairie de Cotonou au détriment de la Rb, son ex-formation politique. C’est dire que le bloc Rb-Fcbe à la mairie de Cotonou participe bien à la cassure de l’opposition et au ralentissement des actions du camp Patrice talon à la prochaine élection présidentielle. A cette allure, le Chef de l’Etat est en train de sortir de la vie politique par la grande porte à la clé, la division de la classe politique nationale. Comme quoi, le Président Boni Yayi est bel et bien l’intrus qui connaît bien la maison.
Paul Tonon