Pourquoi ne pas mettre les deux propositions dans une même balance ?)
Les Béninois ont été tous surpris lors des festivités du 1er aout dernier, consacrant les 55 ans d’accession à l’indépendance, d’apprendre que le chef de l’Etat béninois a promis à son hôte, le président Buhari, l’envoi imminent de 800 soldats béninois pour renforcer la lutte contre la secte islamiste Boko Haram.
On se souvient que le Bénin a été l’initiateur du colloque international à l’éducation à la paix et au dialogue interreligieux, tenu récemment à Cotonou, et dont la prochaine rencontre, aura lieu au Nigéria d’ici à deux ans, selon le vœu de l’ancien président nigérian, Olusegun Obasandjo. Certes, la lutte contre l’extrémisme est une préoccupation régionale, voire internationale. Elle est même un défi communautaire. Dans ces conditions, on peut comprendre le sens de la promesse du gouvernement Boni Yayi de voler au secours de son homologue nigérian.
Malheureusement, le chef de l’Etat béninois, à maintes reprises, nous avait habitués dans le passé à des engagements sans lendemain et sans précaution au plan sécuritaire à l’intérieur. En effet, il a été démontré qu’on ne peut mettre derrière chaque citoyen un militaire pour assurer sa sécurité. Toutes les bonnes intentions du gouvernement ne règlent pas nécessairement les mesures d’urgence à l’intérieur du pays pour protéger nos pauvres concitoyens contre la barbarie et les moyens colossaux dont dispose la secte Boko Haram.
Quelles mesures sécuritaires pour protéger les populations ?
On a également observé que tous les Etats africains qui s’opposent à Boko Haram subissent son courroux. Le cas du Cameroun, du Tchad, du Nigeria, du Niger dont les populations subissent au quotidien des actes d’agression et de violence en sont une illustration. Un adage nous apprend que lorsqu’on n’est pas fort, il faut être intelligent. Sans pour autant donner dans la couardise, ne serait-il pas judicieux de mettre les deux propositions dans la même balance ? L’envoi de 800 soldats pour lutter contre la secte Boko Haram est certes une décision salutaire qui entre dans une dynamique communautaire. Mais il serait aussi intéressant d’ajouter l’initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel. Autrement dit, joindre à la guerre, un brin de diplomatie. Pour dire les choses avec courtoisie, on peut se demander de quels moyens dispose le Bénin actuellement, pour parer à l’explosion d’une bombe de la secte islamiste à Kalalé, à Sèmè-Podji, à Porto-Novo, à Cotonou, à Parakou, à Tchaourou, ou dans certains de nos marchés tropicaux ? Prudence est mère de sûreté.
Brice Ogoubiyi