Bathélemy Kassa peut dormir tranquille. Rien de grave ne lui arrivera. Et le communiqué du bureau de l’Assemblée nationale en date du 31 juillet, devrait le rassurer définitivement à ce propos. En fait, dans le fameux dossier « d’évaporation » des fonds hollandais destinés à l’eau potable, le Chef de l’Etat a intérêt à ménager la chèvre et le chou.
Il doit éviter un choc frontal avec « son » Kassa, tout en rassurant les hollandais. Vous avez dit funambule ?D’où d’abord la première sortie du « Tigri » en papier du Palais de la République, affirmant sans rire que Kassa est responsable, mais pas coupable...C’est ensuite cette lettre en date du 29 juillet adressée au Président de l’Assemblée Nationale par le Chef de l’Etat, et aux termes de laquelle il demandait que « soient prises toutes les dispositions appropriées pour faire écouter » Mr Kassa, par la Haute Cour de Justice. Du vent. Les députés l’ont si bien compris, qu’ils se sont inquiétés du « caractère sérieux, loyal et sincère » de ladite blague-pardon- demande. Car sérieusement parlant, il s’agissait là une fois de plus, d’une de ces histoires drôles dont est coutumier le Chef de l’Etat, pour distraire une partie de l’opinion. Et cela, le communiqué du bureau de l’Assemblée l’a souligné en filigrane.
La drôle de lettre de Yayi, ne demande « pas expressément la levée de l’immunité parlementaire » et ne précise point les « infractions pour lesquelles les poursuites seront engagées »Et faudra-t-il encore souligner que le Chef de l’Etat n’est même pas compétent à introduire une demande de levée d’immunité sur sa propre initiative, à l’ exclusion de l’autorité judicaire !
Au fait Boni Yayi n’a rien à cirer de ces considérations. Ce qui compte pour lui, c’est l’effet d’annonce, le battage médiatique autour de sa demande... Il sait très bien qu’il y’a loin de la coupe aux lèvres. Kassa quant à lui, doublement protégé et même blindé par ses immunités, « sait que le Chef sait » qu’il peut devenir un danger, au cas où on le poussait dans ses derniers retranchements. Dans cette partie de billard, le Chef de l’Etat saura toujours tirer les marrons du feu, en prétendant que chaque fois qu’il a voulu sévir contre ministres et députés indélicats, il s’est heurté aux textes et à un mur à l’Assemblée nationale…Finalement et comme le dirait l’autre, Yayi nous prend pour « des briques de quinze ».
Et ce n’est pas les sieurs Rock Niery et Remy Codo qui diront le contraire. Dans le dossier PPEA II, leurs deux noms étaient connus de tous. Sauf naturellement de… Yayi.Il n’a été informé de leur existence, qu’après la plainte des hollandais. Voici comment a été dirigé un pays dix années durant. Le pillage de l’argent de l’eau potable, destinée aux plus pauvres d’entre nous, illustre à quel niveau du forage, nous sommes descendus. Alors, lorsque dans son message à la nation du 1er Août, le Chef de l’Etat, décide de « mettre en place avec l’appui de la communauté internationale, une task Force( !) visant à renforcer la capacité de notre institution judiciaire » à lutter contre la corruption, on rigole franchement d’abord, avant de s’interroger sur le Chef lui-même. Et lorsqu’il poursuit la blague en appelant à une « union sacrée contre l’impunité »et en envisageant pour bientôt, « une journée de réflexions pour remédier à ce fléau », on tombe carrément des nues. C’est connu : les blagues les plus courtes sont les meilleures. Celles de Yayi ne font plus rire personne…Sauf peut-être lui-même.
Tafê