Les Béninois n’oublieront pas de si tôt, le délestage très sévère qu’ils ont connus au cours des mois d’avril, de mai, de juin et de début juillet. Après une courte période de régularisation de la fourniture en énergie électrique, le délestage reprend progressivement se droits.
Délestage électrique, quand tu nous tiens ! Il y a de cela bientôt encore au moins deux mois, les Béninois étaient encore régulièrement soumis aux caprices du délestage. Les coupures d’électricité étaient si régulières et intempestives à telle enseigne que, les populations avaient commencé par s’en accommoder, faisant contre bon cœur, mauvaise conscience. Des opérateurs économiques et autres hommes d’affaires de différents niveaux, des non avertis en ont fait l’amère expérience lorsque, leurs matériels ont été court-circuités et endommagés totalement ou partiellement. On en était là lorsque, par un coup de pouce sous-régional, le délestage a semblé être conjugué au passé et la fourniture en énergie électrique régularisée. C’était juste une pause, une lune de miel de deux mois qui vire depuis quelques jours en lune de fiel. Plus un jour ne passe sans que, la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE appelée contextuellement en langue fon : société béninoise yétchi-éta), ne dicte sa loi en imposant aux contribuables de longues heures de coupures journalières. Et comme à son habitude, la SBEE ne communique toujours pas encore pour situer les populations sur ce qui se passe actuellement et qu’on assimile à une situation de délestage.
Cet état de déficit chronique en énergie électrique est, pourrait-on dire, un échec des ambitions psalmodiées par le chef de l’Etat, Thomas Boni YAYI qui, en accédant au pouvoir en 2006 avait pris l’engagement de sortir le Bénin du noir, un refrain repris en 2011. Et il avait raison ! Pour avoir été à la tête de la Banque ouest africaine de développement (BOAD) pendant 14 ans, il a eu le temps de savoir quels sont les ministères et secteurs d’activités clés intervenant dans le développement d’un pays. C’est certainement fort de cette connaissance des choses que, l’une de ses visions était : sortir le Bénin du noir et dire adieu au délestage.
Ce n’est pas le point fait sur les efforts fournis en deux mandatures présidentielles et faisant ressortir qu’il a réalisé en 10 ans plus qu’en 45 ans qui sont révélateurs de ce que le délestage est relégué au passé au Bénin. Tous ces prédécesseurs ont eu, eux aussi, à œuvrer pour réduire la dépendance énergétique. La comparaison qui est apparue dans son discours à ce propos est un non évènement puisque, les Béninois ne l’ont pas élu pour ne rien faire. Tout ce qui a pu être fait est payé soit par les contribuables Béninois ainsi que les prêts obtenus pour cela. Que se passe-t-il réellement à Maria Gléta, un projet qui a accusé un retard énorme et qui serait devenu un gouffre sous ! A-t-on fait cas des éléphants blancs ? Qu’est devenu le projet de construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Ouémé dans le département du Plateau ? Le chef de l’Etat doit quand même savoir que le poids démographique du Bénin depuis son accession au pouvoir ne cesse d’évoluer rapidement et qu’on ne saurait comparer les besoins en électricité des années 1960, 1970, 1980… à ceux d’aujourd’hui quand on sait que, les Technologies de l’information et de la communication (TIC), la vulgarisation de l’utilisation d’appareils électroménagers et les exigences et services de la modernité font que la consommation en énergie électrique augmente sans cesse.
Gouverner, c’est prévoir. Les pays dont le Bénin est tributaire en énergie électrique ne sont pas non plus au mieux de leur forme et n’ont plus les excédents énergétiques d’entre temps pour se permettre de satisfaire le déficit du Bénin au détriment de leurs besoins en énergie électrique sans cesse croissants. Le chef de l’Etat aurait pu suivre l’exemple donné par Faure GNASSINGBE qui a su, régler au mieux le problème du délestage au Togo. Beaucoup d’annonces ont été faites pour peu de résultats. Et pourtant, on pouvait avoir mieux si, les stratégies mises en œuvre pour régler une fois pour de bon la question du délestage électrique n’avaient pas souffert d’un délestage politique dans leur conduite.
Kolawolé Maxime SANNY