La demande de la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien ministre de l’Energie, Barthélémy Kassa par le Chef de l’Etat risque d’envenimer les relations entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale présidée par Me Adrien Houngbédji. Le Président Boni Yayi, se sentant déjà humilié par le Parlement, s’offusque, pendant que les Pays-Bas réclament des sanctions contre les mis en cause dans le détournement des fonds du Projet pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et de l’assainissement (Ppea 2).
Le Président Boni Yayi est fâché contre les députés. Il n’est pas satisfait de la réponse donnée à sa lettre 319/Pr/Cab/Sp en date du 29 juillet 2015 par le bureau de l’Assemblée nationale présidée par Me Adrien Houngbédji. « Après en avoir pris connaissance, les membres du bureau se sont interrogés sur la compréhension qu’ils doivent avoir de la requête du Président de la République dans la mesure où la lettre ne demande pas expressément la levée de l’immunité parlementaire, ni précise les infractions pour lesquelles les poursuites seront engagées à l’encontre de l’intéressé. Ils se sont même interrogés sur la compétence du Chef de l’Etat à introduire une demande de levée d’immunité sur sa propre initiative à l’exclusion de l’autorité judiciaire. Ils se sont en outre inquiétés du caractère sérieux, loyal et sincère de la demande, condition traditionnellement exigée par la jurisprudence parlementaire… », a indiqué le bureau de l’Assemblée nationale au sujet de la lettre du Chef de l’Etat concernant le député Barthélémy Kassa.
Le Président Boni Yayi s’est senti humilié par les députés quand ils soulignent qu’ils ne comprennent pas l’objectif précis de sa lettre. En plus, il s’indigne de la manière dont le Parlement lui a répondu par les services du chef de sa cellule de communication. Pour le Gouvernement, seul Me Adrien Houngbédji a la compétence de répondre au Président Boni Yayi, en tant que chef d’institution de la République. Donc, il y a une sorte de guéguerre entre les deux personnalités au sujet de la suite à donner à la levée de l’immunité parlementaire du député Barthélémy Kassa, ancien ministre de l’Energie, cité dans le détournement des alloués au Projet pluriannuel d’appui au secteur de l’eau et à l’assainissement.
Pour le Parlement, le Chef de l’Etat n’a pas respecté la procédure. De son côté, ce dernier s’indigne de la réponse du bureau de l’Assemblée nationale. Les deux institutions jouent au ping-pong, alors que les Pays-Bas réclament des sanctions contre toutes les personnes impliquées dans les malversations du Ppea 2. Le Bénin a la corde des Hollandais au cou et doit aller au plus pressé dans la procédure. C’est dire que le Gouvernement et l’Assemblée nationale doivent collaborer pour la manifestation de la vérité dans ce dossier.
Jean Tozė