Le débat autour de la révision de la Constitution du Bénin continue de susciter polémique et controverses. Mais la question commence également par retenir l’attention de la communauté internationale et particulièrement celle de certains observateurs qui se demandent jusqu’où veulent aller le Président Boni Yayi et ses adversaires dans leur conflit autour de la révision de la loi fondamentale du Bénin.
Oui pour la révision de la Constitution ou non pour la révision, la polémique n’a plus seulement droit de cité au Bénin. Elle s’amplifie au-delà des frontières nationales. En dehors des Béninois de l’extérieur qui grossissent actuellement les rangs des protagonistes, des observateurs étrangers très préoccupés, s’interrogent sur l’issue de ce conflit compte tenu de l’expérience vécue par d’autres pays africains et surtout leurs dirigeants.
En faisant l’Etat des lieux, on se rend compte qu’ils sont nombreux, les Béninois qui de l’extérieur, interviennent pour s’opposer farouchement au projet de révision de la Constitution qu’ils qualifient d’opportuniste. Ils se retrouvent surtout parmi les grogneurs des radios nationales et sur d’autres chaines extérieures comme Rfi qui estiment qu’il y a des problèmes plus importants et prioritaires que le pouvoir actuel doit régler que la révision de la Constitution. On se rend compte aussi que ces Béninois vivant à l’extérieur, ne croient pas du tout aux assurances données par le chef de l’Etat qui continue de jurer qu’il ne sera plus candidat à la présidentielle de 2016.
Face à ces grogneurs antirévisionnistes, il y a également d’autres Béninois qui élèvent la voix depuis l’extérieur. Ceux-là aussi expriment leur colère, désavouent leurs compatriotes qui s’opposent au projet de révision et les traitent de manipulateurs et d’alarmistes>
Car, il n’y a selon eux, aucun drame ou aucun risque à ce que le Président Yayi révise la Constitution du Bénin. « Il y a des Béninois qui frémissent, deviennent allergiques ou piquent une crise, toutes les fois qu’on aborde la question de la révision de la Constitution du Bénin. C’est comme si c’est la foudre ou un malheur qui veut s’abattre sur le Bénin. Leurs arguments, c’est de dire chaque fois, Nicéphore Soglo n’a pas révisé et Mathieu Kérékou non plus pourquoi Boni Yayi tient-il à tout prix à la modification de la loi ? Quel est donc, selon les antirévisionnistes, le moment propice pour réviser la Constitution et quel Président de la République est mieux indiqué pour le faire s’ils refusent l’initiative de Boni Yayi ? »
C’est en ces termes qu’ironisent et réagissent les autres Béninois de l’extérieur qui soutiennent le chef de l’Etat et qui désavouent ses adversaires politiques.
L’issue du conflit préoccupe
La polémique traverse donc les frontières nationales et s’amplifie à l’étranger. Et puisque le Président de la République du Bénin persiste et tient, contre vents et marées à conduire le projet jusqu’au bout, et ceci malgré les protestations et les dénonciations de ses adversaires, des observateurs très préoccupés par la situation, s’inquiètent. A l’instar d’autres acteurs politiques et de la société civile, le Rédacteur en chef, François Soudan du magasine « Jeune Afrique » a tout récemment, sur Rfi, attiré l’attention de la communauté internationale sur cette situation sociopolitique critique qui persiste depuis quelques mois au Bénin. Il a particulièrement insisté sur le mouvement « Mercredi rouge » qui est une forme de manifestation de l’opposition contre le Projet de réforme constitutionnelle mis en chantier au Bénin par le Président Boni Yayi.
Au-delà de toutes ces considérations, c’est la fin ou l’issue de ce conflit qui préoccupe également la communauté internationale. Il faut accepter, toutes les hypothèses. Boni Yayi, de bonne foi, peut respecter ses engagements ou promesses de ne plus se présenter à la présidentielle de 2016. Il peut également être tenté de revenir ou de garder le pouvoir, sous la pression de la rue ou des populations qui auraient donné satisfecit à sa gestion et qui pourraient dire qu’il n’y a pas mieux pour le remplacer. Peut-être que Boni Yayi a aussi d’autres motivations que les intentions que lui prêtent actuellement ses adversaires ou détracteurs. C’est difficile de tout savoir et il est trop tôt de juger ou de conclure.
Cependant, on a des raisons d’appeler à la prudence et à la vigilance dans les deux camps, mouvance au pouvoir et opposition. Les cas des Présidents Wade au Sénégal et Tandja au Niger, sont évocateurs et nous invitent à réfléchir pour faire en sorte que toute réforme, quelle soit constitutionnelle ou non n’aie le soutien ou la caution du peuple que lorsqu’elle est faite dans l’intérêt supérieur de la nation.