Rien n’est plus faux. La demande de la levée de l’immunité de l’Honorable Barthélémy Kassa par le chef de l’Etat à l’Assemblée nationale et au delà, les empressements à travers de curieuses correspondances, juste pour se mettre dans la posture du plus déterminé à lutter contre la corruption ne sont que du théâtre. Inutile de rappeler que le chef de l’Etat a des conseils juridiques et donc qu’il sait que dossier Ppea II ou pas, le temps judiciaire restera le temps judiciaire. Car, il n’est pas le temps politique.
Trêve de blague. Le peuple ne doit pas suivre Yayi dans la théâtralisation qu’il fait de la lutte contre la corruption et l’impunité. En effet, il ne revient pas au gouvernement de créer des infractions dans le dossier Ppea II comme dans bien d’autres. C’est au juge de le faire. Et, un juge est déjà saisi du dossier. Si le juge, au terme de l’instruction, trouve qu’il veut écouter l’He Kassa, il demandera la levée de son immunité. S’il finit et que ses conclusions lui font voir des faisceaux de l’implication de Kassa, il n’hésitera pas à demander la saisine de la Haute cour de justice, et c’est seulement à ce stade que l’Assemblée nationale peut être saisie. Voilà qui est clair.
Le président Boni Yayi et son gouvernement doivent donc cesser de confondre vitesse et précipitation et de s’immiscer dans le judiciaire et le législatif. D’ailleurs, un citoyen a déjà saisi la Haute juridiction pour faire constater ces immixtions anticonstitutionnelles de l’Exécutif. De même, si c’est pour montrer à l’opinion publique que la balle est dans le camp de l’Assemblée nationale que le président Yayi et son gouvernement font tout ce cinéma, ils doivent savoir qu’ils auront fort à faire. Le président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji n’est pas du même calibre que son prédécesseur, Mathurin Nago. Il refuse d’avaler des couleuvres. Aussi, l’opinion publique est beaucoup plus avisée et ne se laissera pas aussi facilement manipuler. Le chef de l’Etat doit donc admettre, que ça lui plaise ou non, la lenteur de la justice et des procédures parlementaires et faire avec.
Alors, il ne reste à Yayi et à son gouvernement qu’ils se concentrent à travailler à une anticipation sur les crimes économiques. Prévenir vaut mieux que guérir. S’ils y parviennent, c’est tant mieux. S’ils n’y parviennent pas, qu’ils laissent la justice faire ses enquêtes et réprimer les coupables. Elle a déjà le rapport d’audit du cabinet Kroll et saura s’en servir pour faire la part des choses. La justice n’est-elle pas indépendante, et qui ne veut pas lui faire confiance et se fier aux procédures ? Certainement pas le président Yayi qui est si pressé de démontrer qu’il est contre la corruption et que dans le dossier Ppea II, il a pleinement joué sa partition.
Angelo DOSSOUMOU