Ce jeudi 06 août 2015, l’Honorable Aké Natondé a fait une déclaration à la presse parlementaire dans la salle "Saka Kina" à l’Assemblée nationale sur les lois n°2015-18 du 2 avril 2015 portant statut général de la fonction publique et n°2015-19 modifiant et complétant la loi n°86-14 du 26 septembre 1986 portant Code des pensions civiles et militaires de retraite. Il soutient que la suppression de la période de 30 ans de service pour faire valoir ses droits à la retraite par l’Assemblée nationale est un complot contre la jeunesse qui croupit sous le fardeau de la pauvreté. Il indique que cela favoriserait le maintien en poste de certains cadres dans la fonction publique qui refusent d’aller à la retraite après 30 ans de service sous prétexte que le pays doit profiter de leurs expériences, pendant que les jeunes bardés de diplômes sont dans la rue. Lire l’intégralité de sa déclaration.
DECLARATION DE AKE NATONDE SUR L’AGE A LA RETRAITE
Mesdames et messieurs les journalistes,
Chers amis,
Je vous ai invités ici ce jour pour partager avec vous, mes préoccupations au sujet de la manière dont est traitée actuellement la seconde lecture demandée par le gouvernement à propos
des lois n°2015-18 du 2 avril 2015 portant statut général de la fonction publique et n°2015-19 modifiant et complétant la loi n°86-14 du 26 septembre 1986 portant Code des pensions civiles et militaires de retraite. En effet, l’historique de ce dossier révèle que c’est d’abord l’Exécutif qui a introduit ce projet de loi au Parlement dans le but de se conformer aux exigences des Ptf et maintenir aussi longtemps que possible les cadres en fonction afin de profiter suffisamment de leur compétence. Ainsi dans le projet de loi envoyé par le gouvernement, la condition de 30 ans de service a été supprimée et les limites d’âge pour faire valoir les droits à la retraite ont été fixées à :
-60 ans pour les fonctionnaires de la catégorie A
-58 ans pour les fonctionnaires de la catégorie B
-55 ans pour les fonctionnaires de la catégorie C
Aux lendemains du vote de cette loi par l’Assemblée nationale le 02 avril 2015, de nombreuses voix se sont élevées pour condamner la suppression de la condition complémentaire des 30 ans de
service. Le gouvernement qui est à l’écoute du peuple a alors introduit la présente demande de seconde lecture afin de solliciter de la Représentation nationale, la prise en compte de cette condition réclamée par la grande majorité des forces travailleuses. Mais malheureusement, nous constatons que tout est en train d’être mis en œuvre pour faire échec à cette demande. Et pourtant, nous sommes des représentants du peuple élus par le peuple pour défendre les intérêts de ce peuple. Si la condition des 30 ans de service pour aller à la retraite n’est pas complétée dans cette loi, cela revient à prolonger le séjour dans la fonction publique à certains fonctionnaires au détriment de la jeunesse béninoise qui sera ainsi sacrifiée. C’est pour cela que nous voulons prendre le peuple à témoin à travers cette conférence de presse. Si la loi est votée en l’état, ce sera un complot contre le peuple béninois et sa jeunesse. Je dirai simplement qu’il s’agit d’une loi scélérate. Nul n’ignore les problèmes sociaux auxquels notre pays se trouve confronté ; notamment le chômage des jeunes. Voter une telle loi revient à maintenir la jeunesse dans la précarité et le sous-emploi. Nous ne pouvons pas nous associer à ce complot savamment ourdi par certains lobbies dans notre pays ; complot que la représentation nationale doit déjouer à tout prix pour continuer à bénéficier de la confiance du peuple. Pour soutenir ce complot, des arguments fallacieux sont agités. Ils disent qu’en supprimant la condition des 30 ans de service, le Bénin ne fera que s’aligner sur les autres pays de l’Uemoa. Cet argument ne tient pas debout car notre pays est souverain et n’a pas forcément les mêmes problèmes que les autres. Pour régler le problème du chômage, nous devons puiser dans notre génie national. Ailleurs, des pays ont même réduit la durée hebdomadaire de travail pour booster le recrutement de nouvelle main-d’œuvre. -Ils disent qu’il faut maintenir plus longtemps les agents en fonction pour résorber le déficit du Fonds national de retraite.
Cette démonstration est plus que surprenant et ne répond à aucune logique. Car, cela revient à demander à l’Etat de maintenir le payement des plus gros salaires au détriment durecrutement des jeunes moins bienpayés. Cela coûte en définitive plus cher au Trésor public. -L’argument qui consiste à dire qu’il faut maintenir longtemps possible en fonction les cadres formés à grand frais pour profiter de leur expérience et de leur compétence ne vaut pas non plus que les précédents. Car, les expérimentés d’aujourd’hui ont reçu le témoin de la main de leurs aînés qui sont pourtant partis après 30 ans de bons et loyaux services rendus à la Nation. Les cimetières sont remplis des indispensables, dit-on souvent. -La fonction publique n’est pas le seul pourvoyeur d’emplois. Il faut que le gouvernement face la promotion du secteur privé et de l’auto-emploi des jeunes, disent-ils.
Là, nous sommes sur la même longueur d’ondes. Mais pourquoi ceux qui donnent cette leçon aujourd’hui n’ont-ils pas choisi courageusement en son temps, de se prendre en charge en se mettant à leur propre compte. Ils ont pour la plupart été formés (àl’étranger pour certains), nourris et blanchis aux frais du contribuable pendant 30 ans et cherchent encore un bonus. Pourtant, ils ont aussi des enfants dont l’avenir doit les préoccuper. Aucun moyen ne doit être de trop pour donner espoir à la jeunesse. Les recrutements que ce soit dans la fonction publique ou dans le secteur privé, la promotion de l’auto-emploi et les mesures incitatives que tout cela nécessite des dispositions à prendre pour résoudre un tant soit peu le problème de l’emploi des jeunes qui constitue une véritable bombe à retardement et une menace pour notre démocratie. C’est pour cela que je passe par votre canal pour inviter tous les collègues députés à la vigilance face à ce dossier ; afin que l’histoire retienne le rôle de la 7ème législature dans la cinglante défaite qui tôt ou tard sera infligée à ce complot funeste.
Je vous remercie
Bonaventure Aké Natondé
Député à l’Assemblée nationale