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Pour association de malfaiteurs, meurtre et vol qualifié (10è dossier): Andrew Adekunle et Pierre Adeola lourdement condamnés
Publié le samedi 8 aout 2015  |  La Nation
Le
© Autre presse par DR
Le palais de justice de Cotonou




Pierre Adeola alias Peter et Andrew Adekunle sont les deux accusés de la dixième affaire inscrite au rôle de la deuxième session 2015 de la Cour d’assises de la Cour d’appel de Cotonou. Ils ont comparu hier jeudi 6 août pour des faits d’association de malfaiteurs, de vol qualifié et de meurtre, survenus en 2000. Le premier âgé de 39 ans, porte des dreadlocks et se présente comme moniteur de sport. Le second, 40 ans, se dit mécanicien auto. Leurs avocats ont noms Mes Alexandrine F. Saïzonou Bèdiè et Luc Martin Hounkanrin. La Cour de céans est composée de Michel Romaric Azalou (président), Michel Adjaka et Maximilien Kpèhounnou (assesseurs), et de Dansou Noël Kounou, Vidéhoun Constance Odile Gbènahou, Séraphin Hounvidé, Hounsa Joseph Azankpo (jurés). Me Victoire Oladikpo consigne les débats.

Enfants gâtés en mal de sensation ? Inconscients de la portée de leurs actes qu’ils prenaient pour des exploits ? Les faits de la cause, renseigne la Cour, prennent racine en 1998. Le nommé Issa Hassan qui fréquentait Asha Antoine dont il s’était amouraché a confié à ses amis Pierre Adeola alias Peter, Andrew Adekunle et Freud Nobre, qu’il y avait au domicile des Antoine, beaucoup d’argent. Ils ont ainsi projeté de cambrioler ce domicile sis à la Patte d’Oie à Cotonou. L’opération n’a pu avoir lieu, avant le départ du Bénin du nommé Issa. En 2000, Peter, Andrew et Freud ont à nouveau décidé de mettre à exécution ce projet de cambriolage. Après avoir étudié l’emploi du temps des deux occupants de cette maison, à savoir Marc Antoine et sa fille adoptive Asha Antoine, ils ont décidé de passer à l’acte le vendredi 21 avril 2000. Mais, selon les renseignements fournis par Peter et confirmés par Freud, la présence de nombreux véhicules devant le domicile de Marc Antoine cette nuit jusqu’à 22h30, ne serait pas favorable.

Opération reportée

L’opération est reportée au lendemain. Samedi donc. Peter aurait devancé les autres membres du groupe pour se rendre au domicile de Marc Antoine avec pour consigne, de n’être rejoint que lorsque ce serait lui qui répondrait à leur appel sur le téléphone fixe de la maison ou sur le portable d’Asha, preuve que celle-ci est déjà maîtrisée. Après le souper pris ensemble et au moment où elle le raccompagnait, Peter aurait pris Asha par le cou. Les deux seraient tombés dans le sable de la cour de la maison. Peter aurait alors maintenu enfoncée la tête d’Asha dans le sable jusqu’à ce que mort s’ensuive. Après le coup de fil de vérification, Freud et Andrew auraient rejoint Peter au domicile de Marc Antoine qu’ils ont ensemble minutieusement fouillé. Par la suite, ils ont emporté une somme d’environ
3 500 000 FCFA, des francs hollandais, des téléphones portables et autres. Ils se sont retrouvés cette nuit-là chez Andrew pour se partager le butin avant de se rendre en boîte de nuit.
Le 25 avril, les investigations ont permis d’arrêter Andrew et Peter. Poursuivi pour association de malfaiteurs, meurtre et vol qualifié, Peter reconnaît les faits tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur avant de se rétracter par la suite, s’agissant du meurtre, qu’il rejette sur Freud. Quant à Andrew, il a reconnu les faits de vol à toutes les étapes de la procédure mais réfute ceux d’association de malfaiteurs.

Oui mais…

Premier à comparaître, Andrew Adekunle, déclare d’emblée qu’il reconnaît les faits. Pierre Adeola alias Peter fait de même mais précise que sa participation se limite à l’association de malfaiteurs et au vol. Il n’a pas commis le meurtre. Andrew qui a de l’embonpoint, s’exprime dans un français assez correct, mais son accent trahit sa nationalité nigériane. Il explique avoir été embarqué dans cette aventure par le nommé Freud. Une fois dans la maison, sa participation a consisté, explique-t-il à la Cour, à fouiller le salon et les chambres. Il renseigne qu’ils avaient convenu que Freud devait droguer Asha avant leur arrivée. Mais comment pouvait-il réussir à la droguer chez elle ? Andrew dit ne pas savoir. S’il ne s’agissait que de droguer, ne devaient-ils pas craindre que revenue à elle, Asha les dénonce ? Andrew dit qu’il ne connaissait pas Asha mais que Freud envisageait de quitter le pays après les faits. Il renseigne aussi que Freud entendait se servir d’un comprimé contenu dans une plaquette pour parvenir à ses fins mais que ce n’est qu’après les faits que Freud le lui a montré. Mais soucieux de comprendre si les faits relèvent bien de l’association de malfaiteurs, la Cour rappelle à l’accusé que la veille du crime déjà, postés à la Place du Souvenir, ils ont dépêché un des leurs en repérage sur les lieux, pour s’entendre dire qu’il y avait des véhicules devant la maison. Il ne se souvient plus de qui entre Peter et Freud a effectué l’opération. Mais il se souvient qu’après l’opération, c’est chez lui à Scoa-Gbéto que le partage du butin a eu lieu. A contrario, il réfute la thèse suivant laquelle c’est lui qui a tué Asha, ainsi que Peter l’avait déclaré. Et signale que c’est en riposte à son accusation qu’il a, à son tour, soutenu que c’est plutôt lui l’auteur du meurtre. 17 passeports ont été retrouvés chez lui, en dehors des numéraires et des portables, informe le président qui veut, par ailleurs, comprendre pourquoi c’est chez lui que le partage du butin se fait alors qu’il ne se considère pas comme chef du groupe ? C’est pour être plus à l’aise parce qu’il n’y avait pas de possibilité de se voir tranquillement chez l’un des deux autres, confie-t-il. Il est surprenant que venu chez Asha, il se fut comporté comme un habitué des lieux, sonnant au portail avec sang-froid et à visage découvert, lui fait observer la Cour. Il oppose la naïveté de l’époque car il n’avait que 20 ans. Rires dans le prétoire. Andrew persiste à dire que c’est Freud l’absent qui a tué Asha. Michel Romaric Azalou lui rafraîchit la mémoire. A l’enquête préliminaire, il avait raconté dans le détail que c’est Peter qui s’était rendu en premier chez Asha, devait la droguer et confirmer à ses compères dès que Freud l’aurait appelé sur la ligne de téléphone fixe de la maison, afin qu’ils le rejoignent. Ce qui fut fait, et une fois sur les lieux, lui Andrew dit avoir vu Asha étendue dans le lit, recouverte d’un drap, et qu’il a pensé sur le coup qu’elle dormait sous l’effet de la drogue que lui a administrée Peter. Il rectifie que c’est Freud qui était l’éclaireur du groupe dans la maison, que c’est lui qui a tué la jeune fille, et que c’est parce que Peter l’avait accusé lui, du meurtre, qu’il avait à son tour rejeté la responsabilité sur celui-ci. Ne cherche-t-il pas à protéger aujourd’hui Peter avec qui il est en prison depuis 15 ans ? «Non, je vous dis ici la vérité». Me Alexandrine Saïzonou Bèdiè, commis aux intérêts de Peter, se fait donner acte des déclarations de l’accusé suivant lesquelles ils se sont rendus sur les lieux à pied et à visage découvert. Puis se fait répéter que c’est bien Freud et non Peter qui a tué Asha. Et s’étonne que, rentrés ensemble dans la maison avec Peter, ce dernier ait vu Asha sur la cour et pas lui. Il répète n’avoir pas vu Asha (ou son corps) sur la cour. Son confrère Luc Martin Hounkanrin, conseil d’Andrew, veut bien retenir que son client ne connaissait pas Asha, que ni lui, ni Peter ne portaient d’armes en arrivant sur les lieux. Pourtant, Peter avait soutenu à l’enquête préliminaire avoir vu le corps d’Asha, et l’a porté dans son lit, aidé de Freud. «Quel âge avait Asha ? Quelle était sa constitution physique ?», interroge le président. Réponse d’Andrew : «je ne connaissais pas Asha». Mais devant le juge d’instruction, il déclarait : «J’ai fait la connaissance de Peter à la résidence de l’ambassadeur du Nigeria… Nous sommes devenus des amis. C’est par l’intermédiaire de Peter que j’ai connu Freud. Je ne connaissais pas Asha, mais un jour, j’étais devant la boîte de nuit New-York quand elle est passée et quelqu’un l’a saluée… Je sais que Peter et Asha se connaissent mais je ne sais rien de leurs relations. Je sais que Freud et Asha sont amis… C’est Issa qui, avant de repartir en France, m’a demandé d’aller voler cher Asha et j’ai refusé… Plus tard, Peter m’a dit la même chose… Quand nous sommes arrivés dans la maison, c’est Freud qui nous a ouvert le portail et nous a dit que Asha est dans sa chambre, et nous a montré de l’argent (1.900.000 FCFA) et des portables…»

Fatidiques erreurs de jeunesse

Avec un accent étranger plus prononcé, Peter passe à son tour à la barre, vêtu d’un boubou aux couleurs caractéristiques de son pays, le vert et le blanc dont le chasuble de la prison civile, dessus posée, n’empêche pas d’apprécier la riche broderie. Il expose que c’est lui qui a déplacé le corps d’Asha avec Freud. Qu’une fois sur les lieux, ce dernier a habilement fait passer Andrew sur la droite alors que le corps d’Asha se trouvait sur la gauche, où Freud l’a attiré lui. Il dit avoir connu Asha avant les faits. Qu’elle est de petite taille et de corpulence modeste, mais soutient n’être jamais allé dans la maison avant. Il confirme, comme le disait Andrew plus tôt, que Freud et lui se sont bagarrés chez lui cette nuit-là parce que sur les lieux de l’opération, lui Peter avait commis la maladresse de laisser voir le corps d’Asha étendu dans la chambre à Andrew alors que Freud lui avait dit sur place « je ne veux pas que le gros sache» ; «le gros étant Andrew».


S’agissant de ses rapports avec Asha, il dit la connaître mais que les deux ne se fréquentaient pas. Il ressort des pièces du dossier que sa petite amie, Canadienne, et Asha, se connaissaient. Ce qui laisse supposer qu’ils se fréquentaient peut-être. Rentré dans la maison, il était passé par la cuisine pour accéder au séjour, avait-il déclaré, lui rappelle la Cour comme pour le convaincre de ce qu’il avait ses habitudes dans la maison. Mieux, dans ses déclarations antérieures, il racontait avoir connu Asha à son école nigériane de Cotonou où il allait voir un ami, et qu’il s’était rendu une fois chez elle. Et il livrait des détails sur les relations entre Asha et Issa, précisant que celle-ci sortait désormais avec un Libanais dont il ignorait le nom. Or, il venait de déclarer à la barre qu’Issa ne sortait pas avec Asha, que c’était un mythomane. Il racontait également avoir été l’éclaireur du groupe dans la maison après que Freud fut parti s’assurer qu’il n’y avait pas de voiture en vue à l’entrée. Qu’une fois là, il s’est fait conduire par Asha au salon. Qu’elle faisait une soupe et lui en a proposé. Qu’il a accepté volontiers et qu’elle lui servi…

Asha morte

Après il a fait mine de partir, elle le raccompagnait quand il s’est saisi de son cou, elle a fait un faux pas et est tombée dans le sable, lui avec, enfonçant alors sa tête dans le sable jusqu’à ce qu’elle cessa de respirer. Il précisait qu’entre-temps les chiens se sont mis à aboyer. Que son œuvre achevée, Freud l’a appelé sur le portable d’Asha pour savoir si la voie était libre… Que Freud et lui ont porté le corps d’Asha dans sa chambre pendant qu’Andrew fouillait les lieux. Qu’après le partage du butin, ils ont laissé Andrew chez lui et sont partis en boîte de nuit, Freud et lui. Le caractère contradictoire de ses déclarations, aux différentes étapes de la procédure, surprend. La Cour veut comprendre pourquoi tant de variations. Il répond qu’il faut considérer ce qu’il expose à la barre. Devant le juge instructeur, qui lui a pourtant indiqué qu’il pouvait garder le silence en réponse à ses questions, pourquoi a-t-il pris sur lui la responsabilité d’un meurtre qu’il dit ne pas avoir commis ? Il justifie cela par «la niaiserie». Cet accusé pourrait avoir d’autres antécédents. La cour lui demande d’où lui venait l’arme qu’il portait et qui était tombée sur une piste de danse en boîte de nuit. Il oppose que «ce n’était pas une vraie. C’était pour frimer, ça c’était avant. Il s’agissait d’un gadget plaqué or, sans chargeur… ». Les déclarations faites aux étapes antérieures pour reconnaître les faits, c’est en prison qu’un certain de Souza lui aurait recommandé de se comporter ainsi pour obtenir une correctionnalisation des faits afin de vite se tirer d’affaire ; que par ailleurs le père de Freud, Charles Nobre, l’aurait aidé en faisant amoindrir sa peine.
La Cour qui n’y croit pas, lui fait observer que ses déclarations relatives au meurtre d’Asha sont identiques aux observations du médecin légiste. Et veut savoir pourquoi la mort d’Asha qu’il dit regretter, ne l’a pas marqué, et qu’il a même eu la force d’aller se défouler en boîte. «C’est l’inconscience. Franchement !», propose-t-il en guise de réponse. De quoi provoquer l’hilarité du maigre public dans le prétoire. Nuançant les propos d’Andrew, Peter laisse entendre qu’il n’avait pas été prévu, en envoyant Freud droguer Asha, que celui-ci devait quitter le pays après. Mais que l’ayant rencontré le lundi suivant au lieu où ils jouent au billard, il lui a signifié qu’il partirait sur la Côte d’Ivoire mais qu’il avait encore quelques affaires à régler…
Puis, aiguillonné par son avocat, Peter se décrit comme ayant connu une enfance pas vraiment heureuse, aimant «trop» sa mère et étant «indifférent» à son père qui le tenait avec poigne, «comme un soldat», et n’avait pas assez d’amour pour lui … Toutes choses qui l’ont rendu, lui, «trop dur».


Pas des criminels mais des délinquants primaires

Gilles Sodonon est l’avocat général de service. Dans ses réquisitions, il met l’accent sur le dessein ourdi de concert par les accusés et leur compère Freud, lesquels se sont concertés et ont échoué dans une première tentative, non parce qu’ils y ont renoncé, mais parce que des présences les ont dissuadés. D’ailleurs, ils sont retournés sur les lieux le lendemain, preuve au surplus qu’ils étaient bien décidés à commettre leur forfait.Et qu’une fois l’œuvre accomplie, les trois larrons se sont bien retrouvés au domicile de l’un d’entre eux pour procéder au partage du butin. De plus, le vol qui s’en est suivi, s’est produit de nuit et a généré la mort d’Asha. Qu’avant cela, ils se sont procurés des informations sur les habitudes des habitants de la maison, les ont filés pour s’assurer qu’ils n’étaient pas présents ce jour-là. Puis, tirant motif des déclarations préalables comme de celles faites devant la Cour, il retient que les accusés sont bien responsables des faits, Peter étant par ailleurs, à son avis, auteur du meurtre d’Asha en dépit de ses dénégations. Aussi l’avocat général requiert-il de la Cour qu’elle dise le juste droit. Qui réparera l’injustice et contribuera à l’éducation populaire pour le triomphe de l’œuvre de justice. Concrètement, il requiert la condamnation de Peter à la réclusion à perpétuité et d’Andrew à la peine de 20 ans de travaux forcés, pour permettre à l’âme d’Asha de reposer en paix.
Côté défense, Me Luc Martin Hounkanrin croit que le ministère public crie vengeance ; mais que la Cour doit simplement rendre justice. Selon l’avocat, il n’est pas formellement établi qu’il y a eu concertation aux fins de commettre des forfaits, que tout au plus les accusés se sont entendus pour aller voler au domicile d’un homme dit riche. Du reste, fait-il observer, les accusés ont constamment reconnu avoir volé. Particulièrement, il insiste pour faire entendre que son client, Andrew, est hors de cause dans le crime de meurtre survenu. Quant au vol, il est incontestable, mais les accusés n’avaient aucune intention de faire du mal à qui que ce soit. D’ailleurs si l’arrêt de renvoi parle bien de meurtre et non d’assassinat, c’est la preuve ultime que ce n’était pas prémédité. Dès lors, engage Me Hounkanrin, il faut aller rechercher le véritable auteur, qui seul sait pourquoi il a décidé d’en finir avec la victime. Car, dans l’absolu, les adolescents n’avaient rien à craindre en termes de résistance ; s’étant assurés que le chemin était libre et ayant débarqué sans aucune arme et sans effraction. Un tel vol ne peut être qualifié de crime, c’est un vol simple, plaide Luc Martin Hounkanrin. Qui appelle à requalifier les faits et à correctionnaliser l’infraction. Pour lui, le crime d’association de malfaiteurs est inexistant au dossier. Mais il pointe du doigt la vie d’enfants gâtés ou mal éduqués que menaient ces garnements au moment des faits, de sorte que leurs faits d’armes étaient vus comme des exploits de délinquants primaires. Au total, ils ont commis des erreurs de jeunesse soutient l’avocat, qui invite la Cour à imaginer ces accusés quinze ans en arrière. Pas besoin donc de peines lourdes pour corriger cela. Alors, il faut leur rendre leur liberté en correctionnalisant les infractions et en considérant que les quinze ans écoulés hypothèquent déjà assez leur vie.

Embarras

A sa suite, c’est avec embarras et peine que Me Alexandrine Saïzonnou Bèdiè, en tant que mère, dit plaider un tel dossier mettant en cause des enfants pour des faits graves. Car enfants, ils l’étaient au moment des faits, à 24 ans au plus pour le plus âgé. Et il ne s’agit pas de venger Asha, s’élance-t-elle, reprochant au ministère public de n’avoir pas fait ce qu’il aurait dû, pour retrouver le véritable auteur de la mort d’Asha. A son tour, elle soutient que de vol qualifié, il n’y en a point dans le dossier. Pas plus que le crime d’association de malfaiteurs. Elle n’exclut pas que le père de Freud, Charles Nobre, ait joué de ses connaissances à l’époque pour soustraire son rejeton du dossier et faire porter la grande responsabilité à Peter. D’ailleurs, pourquoi ce Freud a-t-il fui alors que les autres sont restés et n’ont été pris que trois jours plus tard, martèle-t-elle, considérant que c’est parce que eux ne se reprochaient rien à la différence du fugitif. Me Saïzonnou Bèdiè s’indigne même que nulle trace d’interrogatoire du père de Freud n’apparaisse au dossier alors que cela aurait pu et dû être fait. Puis elle lance à la Cour, comme un défi, « Qui a tué Asha ? Dites-le moi en votre âme et conscience» avant de soutenir qu’il y a, à tout le moins, un doute en ce qui concerne le meurtre. Que le vol qualifié n’est pas constitué et qu’il n’y a pas association de malfaiteurs. Pour finir, elle épingle la mauvaise éducation des enfants. Souligne que Peter, à 17 ans s’était déjà vu offrir une Porsche, qu’il bousillera trois mois après. Avant de se voir remettre un billet d’avion à 18 ans par sa mère, pour se rendre à Lagos alors qu’il vivait à Londres ; lui qui avait perdu son père, lequel battait la mère, laquelle a perdu ses trois autres enfants et qui, à 70 ans, est obligée de prendre l’avion pour venir le voir chaque année depuis quinze ans… lui enfin qui, de Lagos a mis le cap sur le Bénin où son père aurait une maison à Porto-Novo. Enfin, Me Saïzonnou Bèdiè, tout en larmes, prie la Cour de rendre à Peter sa vie, afin que sa mère qui l’aime tant aie le bonheur de le revoir… Peter comme Andrew implorent la clémence de la Cour pour leurs erreurs de jeunesse.


La Cour n’est pas de cet avis. Elle les déclare coupables des faits respectivement mis à leur charge, les condamne à 20 ans de travaux forcés (Andrew) assortie d’interdiction de séjour après sa libération dans près de 5 ans, et aux travaux forcés à perpétuité (Peter). Les deux amis restent interdits à la barre…
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