Dans les jours à venir, on assistera à la naissance d'un second syndicat des magistrats du Bénin, sans doute pour contredire l'Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). Une donne qui en plus de remettre en doute l'impartialité de certains magistrats lors des arrêts et autres décisions de justice, amène à se demander si la division a-telle gagné nos professionnels du droit ?
La maison justice du Bénin et en particulier, le secteur des magistrats, subira dans les jours à venir d'importants remous. C'est du moins ce qu'on peut dire au regard de l'existence d'un projet de création d'un deuxième syndicat des magistrats du Bénin. C'est un projet très avancé et très précieux aux yeux des organisateurs. En effet, après une situation similaire au niveau des agents de santé, de l'éducation national, au sein de certaines centrales syndicales de notre pays et récemment au niveau des travailleurs des finances, c'est au tour de la justice béninoise de subir cette frasque. L'annonce de la naissance prochaine du deuxième syndicat des magistrats est considérée comme un gâchis des énergies au moment où l'union nationale est plus que jamais recherchée. Dans un pays où il n'y a que la justice qui continue de donner espoir aux populations, on a des raisons de nourrir des sentiments d'inquiétude. Mais en réalité, ce secteur a-t-il besoin effectivement d'un nouveau syndicat ? La justice béninoise, au-delà des humeurs, continue de faire la fierté du peuple, même si certaines décisions rendues suscitent parfois des réactions. Un second syndicat de la justice pourrait affaiblir son indépendance et ainsi participer à servir les volontés d'un système. Les décisions de certains magistrats seront-elles impartiales ? La justice, dans un pays de droit, n'est ni affaire de classes sociales, de religions, de régions ou de couleurs. C'est le seul instrument qui véritablement reste au service de tous. Quand un second syndicat verra le jour et que nos gouvernants actuels vont céder la place à d'autres, quel sera l'avenir des magistrats ? La division n'a jamais fait du bien au sein d'une corporation.
L'Unamab… sur la défensive
Réunis en Assemblée Générale Extraordinaire le 17 juillet 2013 au Tribunal de Première Instance de Première Classe de Cotonou, les magistrats, en mouvement d'humeur contre le gouvernement, ont décidé de suspendre leur mouvement de grève qui a longtemps paralysé le secteur. Ce dernier débrayage a duré plus de trois semaines. Ce qui a mis les populations dans l'émoi et la confusion. Lors de la cérémonie de passation entre les ministres Madougou et Djènontin en août dernier, le président de l'Union nationale des magistrats du Benin (Unamab), Michel Adjaka, a invité Valentin Djènontin, à continuer dans la même lancée que son prédécesseur. Au nombre des recommandations qu'il a formulées, figurent en bonne place le respect de l'ultimatum du 15 octobre 2013, date butoir à laquelle doit être corrigé, le décret n° 2013-257 du 07 juin 2013, relatif à la nomination de magistrats dans les cours et tribunaux du territoire national, et le respect absolu de tous les droits des acteurs de la justice. Il exige que le gouvernement œuvre pour : une amélioration des conditions de vie et de travail de tout le personnel de la justice; la sécurité des magistrats, en particulier celle du juge Angelo Houssou; la révision des lois portant statut des magistrats. Pour Michel Adjaka, seule la prise en compte de toutes les recommandations, permettra au ministre de relever les défis qui l'attendent. Afin d'apaiser le climat de travail, le Garde des Sceaux, Valentin Djènontin, a tenu une séance de travail avec l'Unamab une semaine après sa prise de fonction. Ceci pour que le travail se fasse dans un climat apaisé. On voit là, que l'Unamab exige autant ; il y a donc lieu à coup sûr de les contourner.
Djènontin a son mot à dire !
Les gardes des Sceaux qui se sont succédés à la tête de ce département ministériel n'ont jamais vu une telle chose se produire. L'arrivée du ministre Valentin Djènontin, coïncide avec l'annonce. Le garde des Sceaux qui est passé par les ministères de la culture et de l'économie maritime avant d'entamer cette expérience du ministère de la justice, un département très sensible, ne manquera pas de dire son mot avant la naissance de ce nouveau syndicat. Attendons de voir.