Dans l’une de ses dernières interventions, le Premier ministre Lionel Zinsou a indirectement lancé une pique à son prédécesseur, Pascal Irénée Koupaki (PIK). Parlant de la Nouvelle conscience prônée par ce dernier, il estime que seuls les dirigeants, qui constituent 0,1% des Béninois, ont besoin de réformation morale. Erreur d’appréciation ou manœuvre politicienne de dénigrement d’un challenger à la présidentielle 2016 ?
Le Premier ministre Lionel Zinsou, au détour d’une intervention médiatique il y a quelques jours, s’est furtivement prononcé sur la Nouvelle conscience de Pascal Irénée Koupaki. Dans son entendement, tous les Béninois ne sont pas concernés par la Nouvelle conscience. Elle devrait plutôt s’adresser à la classe dirigeante qui fait 0,1% de la population. A l’en croire, les Béninois, en général, contrairement aux dirigeants, n’ont pas besoin de réformation morale.
Cette déclaration du Premier ministre montre bien la perception erronée qu’il a du Béninois lambda. Cela prouve également sa méconnaissance de la mentalité du Béninois qui, depuis fort longtemps, est passé maître dans la politique du « Ôte-toi que je m’y mette », dans la méchanceté gratuite, la nuisance sans raison à autrui. Par exemple, si chaque Béninois, à quelque niveau de responsabilité où il se trouve, remplissait correctement sa tâche, la nécessité d’initier la « semaine du service public » puis, le « mois du service public » se serait-elle fait sentir ? C’est dire que tout Béninois, quel qu’il soit, en ce qui le concerne, devra faire son introspection et se poser la question suivante : quelle a été ma partition au développement du Bénin ?
Nouvelle conscience, plus qu’une nécessité
En vérité, Lionel Zinsou a fait son interprétation de la Nouvelle conscience. Mais il gagnerait à rechercher l’origine de la création du mot « béninoiserie ». L’existence de ce vocable, à elle seule, suffit pour justifier la nécessité permanente d’une Nouvelle conscience individuelle et collective des Béninois.
En effet, il n’est pas superfétatoire de rappeler, à toutes fins utiles, que l’idée de Pascal Irénée Koupaki de prôner une Nouvelle conscience a été suffisamment mûrie. L’ancien Premier ministre, avant toute publication du concept, a préalablement consulté des personnalités mémorables, dont des proches de l’actuel Premier ministre, pour leur soumettre son approche particulière de toucher le cœur et la tête des Béninois en vue d’un changement véritable de comportement. De ce point de vue, la Nouvelle conscience ne saurait être vue comme une réflexion intra muros et en solo de Pascal Irénée Koupaki.
Nouvelle conscience, tout sauf un projet de société
Mieux, cette réflexion a été menée sur la base d’un riche parcours et d’une longue expérience dans le système politique béninois. Pour avoir été directeur de cabinet du Premier ministre Adrien Houngbédji sous le régime de Kérékou I, et occupé successivement les postes de ministre des Finances, de Développement et de Premier ministre sous Boni Yayi I et II, Pascal Irénée Koupaki dispose de pré-requis et d’éléments nécessaires pour diagnostiquer le mal commun dont souffrent les Béninois et jeter les bases d’une réformation. D’où la Nouvelle conscience qui peut s’apparenter au changement prôné par Boni Yayi en 2006, à la seule différence que, contrairement à celui-ci, le contenu de la Nouvelle conscience fait l’objet d’une large diffusion et ne se rapporte pas exclusivement à la classe politique.
Somme toute, la Nouvelle conscience est tout, sauf un projet de société. Comme le martèle son promoteur, à chaque fois que de besoin, elle est une école à laquelle les Béninois doivent aller pour assurer au pays un développement harmonieux et durable.