Depuis que l’affaire de dysfonctionnements dans la gestion du Ppea II a éclaté, elle fait courir le Chef de l’Etat béninois dans tous les sens. Boni Yayi ne sait plus où se donner de la tête. Cette affaire semble enfin réveiller Yayi dans ses promesses de lutte contre la corruption. On dirait dommage que les autres partenaires techniques et financiers du Bénin n’aient pas fait comme les Pays-Bas depuis 2006.
Le dernier scandale en date du régime du changement aura été celui qui mettra la pression à Boni Yayi dans ses promesses de moralisation de la vie publique et de lutte contre la corruption. Depuis la marche verte contre la corruption jusqu’au moment où l’affaire Ppea II a éclaté, la mal-gouvernance, la corruption que Yayi a juré combattre n’étaient que de vaines promesses. En témoignent les nombreux scandales qui éclaboussent son régime sans qu’aucune vraie sanction ne soit infligée aux «pilleurs» de l’économie nationale. Le drame est que ce sont les proches du pouvoir en place qui sont souvent mêlés à ces scandales. Mais subitement, depuis quelques semaines, le Chef de l’Etat béninois est sur tous les fronts pour voir clair dans la gestion du Ppea II veut punir les mis en cause. Tout ceci à cause des menaces des Pays-Bas dont l’argent des contribuables a été détourné par des Béninois, à en croire les différents rapports d’audits national et international. Yayi veut sévir dans ce dossier et en même maintenir les Pays-Bas au Bénin. Chose qui, apparemment, ne lui sera pas aisée, malgré tous les appels de pied. En effet, mercredi dernier, Yayi a organisé un déjeuner en l’honneur de l’Ambassadeur hollandais en fin de mission au Bénin. A l’occasion, le président béninois a encore promis combattre la corruption et la mal-gouvernance dans son pays. «Vous avez constaté nos insuffisances. Ce qui compte pour nous, c’est de les corriger. Le gouvernement jouera sa partition afin que les personnes impliquées dans ce dossier soient sanctionnées. Nous sommes là pour garantir une meilleure utilisation de l’argent de nos partenaires (…) La qualité de la gouvernance est un défi pour notre pays. Mais la question de la construction d’un Etat de droit nécessite une justice crédible et proche du justiciable. Avec la corruption, il ne sera pas possible pour nous éloigner des frontières de la pauvreté», affirme-t-il. De bons gestes et bons mots qui n’ont nullement empêché l’ambassadeur a rappelé que les Pays-Bas ont suspendu depuis trois mois leur programme de coopération avec le Bénin. «Je sais que le Bénin traverse une crise grave et cherche une issue à ce cas flagrant de corruption. J’ai le ferme espoir que le contenu de cette lettre constituera un point de départ d’un retour graduel de la confiance entre les deux pays», a mentionné le diplomate néerlandais en fin de mission au Bénin.Toujours sur le sujet, la présidence a annoncé une séance de travail avec les maires du Bénin, les receveurs-percepteurs, et les directeurs départementaux du ministère de l’eau. Selon le communiqué les invitant, ces derniers devraient aller à la rencontre «munis de tous les documents relatifs au forage de puits Ppea 2». Avant, Yayi a envoyé ses ministres sur le terrain pour vérifier l’effectivité des forages de ce projet. Comment oublier la demande de levée de l’immunité du député Barthélémy Kassa, à l’époque des faits ministre en charge de l’eau, et la demande de radiation de la fonction publique des fonctionnaires d’Etat ! Comme on le constate, les Pays-Bas donnent de l’insomnie à Yayi. On regretterait sans doute que les autres partenaires au développement n’aient pas fait la même chose depuis. Car, il est inimaginable que les nombreux scandales du régime du changement n’aient éclaboussé certains de leurs projets pour le Bénin.
Jean-Marie Sèdolo