L’Institut Français reçoit jusqu’au 25 septembre 2015, l’exposition de l’artiste François Zansou intitulée “Des Profondeurs”. Un art figuratif dont il faut passer outre les premières impressions pour en saisir le sens.
Zansou affirme n’avoir jamais aimé l’art qu’il appelle poli et classique. Et effectivement, ce ne sont pas les adjectifs qui viennent spontanément à l’esprit après la visite de l’exposition, “Des Profondeurs” à l’Institut français de Cotonou. En effet, l’art poli et classique est limité par définition, puisqu’il s’attache à représenter fidèlement la réalité, tandis que l’on sent chez Zansou la volonté d’extrapoler le réel, d’aller au delà de ce que l’œil nous limite à voir.
Les œuvres peuvent paraître brouillonnes au premier contact, mais l’artiste béninois anticipe en déclarant, parlant bien sûr de l’art, qu’il faut prendre du temps pour en trouver le sens. Alors que “Des Profondeurs” semble sans ligne conductrice, le visiteur prend conscience de la liberté totale qu’a prise l’artiste. Liberté qu’il prend dans les matières, les supports et les thèmes choisis. Des tableaux sombres qui paraissent agressifs aux tableaux de couleurs vives intitulés “Bicquiyures”, entièrement réalisés au stylo à bille, l’on est séduit à la fois par la qualité des œuvres et par la légèreté et la simplicité avec laquelle l’artiste accouche ses œuvres.
C’est dans son univers fantaisiste que l’artiste béninois nous fait voyager, comme une sorte de psychanalyse où l’on peut ressentir ses souffrances aussi bien que son interprétation du beau. Cet univers, bien que totalement libre et personnel, est sujet à un certain nombre d’influences antagonistes qui semblent totalement éloignées, mais réunis dans cette exposition, tel l’art traditionnel africain qui croise le surréalisme de Picasso. Un mélange qui peut paraître provocant, tout comme l’œuvre qui achève la visite, “Musoclonne” : une sorte de totem, imposant au centre de la salle, qui associe des poupées vaudous, une croix penchée, et des objets du quotidien tels des rasoirs ou des brosses à dent. Chacun y tirera sa propre interprétation, mais Zansou y a également accolé un texte écrit à la main : « comme un enfant qui crée en déformant, comme un enfant qui déforme en créant, créons en déformant et déformons en créant. C’est ça notre touche particulière ». A travers le ‘’Musoclonne’’ donc, l’artiste se compare à un enfant comme pour se redonner l’innocence après la provocation. Une œuvre marquante qui en fin de visite représente bien l’art de Zansou, totalement libre et peu attaché aux règles
Sony PAUCOT