Annoncée depuis plusieurs semaines pour se tenir le samedi 09 Février 2013, l’inauguration du somptueux hôtel de ville de Ouidah n’a finalement pas eu lieu. Pour cause, le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral saisi par certains conseillers communaux de Ouidah, a jugé qu’il a y avait mal donne et risque de trouble à l’ordre public. Finalement à la place du ballet des invités de marque du Maire Séverin Adjovi, c’est à une forte militarisation des lieux qu’on a assisté et ce jusqu’au petit matin du dimanche 10 février.
Alors que les Ouidahniers s’étaient fortement mobilisés autour de la première autorité pour que l’inauguration de leur majestueux Hôtel de ville soit une réussite, le préfet Placide Azandé guidé par certains conseillers communaux de Ouidah, a décidé d’interdire les manifestations, et ce, aux alentours de 20 heures la veille de l’événement.
L’Hôtel de ville qu’on ne veut pas inaugurer
Les raisons avancées par l’autorité préfectorale sont entre autres : la non-approbation du budget primitif 2013 par le préfet, la confection d’un pagne comportant la photo du Maire et les risques de trouble à l’ordre public. Exaspéré par cet acharnement dont il fait preuve de la part du préfet depuis quelques mois, Séverin Adjovi est monté au créneau ce dimanche pour dénoncer les vils manœuvres politiciennes dont le seul objectif est de le peindre en noir en prélude aux prochaines échéances électorales.
Avec un sang froid hors du commun, l’homme qui en tant normal devait être très acerbe, a expliqué à l’opinion publique, comment on en est arrivé à cet extrême. Tout est parti d’une correspondance en date du 23 janvier 2013 signée par cinq conseillers et adressée au préfet. Cette lettre portait en objet la désapprobation du budget primitif 2013 qui avait pourtant été voté plus tôt dans la même journée par 9 voix pour et 6 contre. Dans un réquisitoire cinglant, ces cinq conseillers accusaient vertement le Maire de faire une gestion solitaire et scabreuse.
Depuis cet instant, le Maire n’a eu de répit sous les coups de boutoir répétés du préfet. Il a dans un premier temps envoyé une commission pour enquêter sur la gestion du Maire, se substituant de ce fait à l’IGE. Des réunions successives qu’il conduisait dans ses bureaux à Cotonou, rien de concret ne filtrait, puisque le plan était bien tracé. Alors que s’approchait à grands pas le jour J et que Placide Azandé en était bien informé, il a eu la ‘’géniale’’ idée de convoquer le Maire le vendredi 08 Février, veille de l’inauguration du chef d’œuvre architectural.
C’est au cours de cette séance que l’omnipotent préfet a décidé d’interdire une manifestation pour laquelle d’importantes ressources ont été englouties. Pourquoi avoir attendu la veille alors qu’il pouvait arrêter les choses plus tôt ? Pourquoi soulever la question du budget qui n’a en réalité rien à voir avec l’inauguration du bâtiment ?
En quoi est ce que le pagne confectionné par un tiers avec l’image du Maire gêne, d’autant plus que les ressources ne sont pas prélevées dans le budget communal ? Pire, le préfet qui se dit très attaché au respect des textes et à la bonne gouvernance, a certainement oublié que la loi l’oblige à laisser une décharge au Maire au cas où il voudrait intervenir en matière de sécurité sur le territoire de la Commune.
Placide Azandé a également oublié qu’il doit en informer le Chef de la brigade de gendarmerie et le Commissaire pour constater leur incapacité avant de recourir à l’armée. Dans le cas d’espèce, tout s’est passé comme dans la cour du roi Pétaud. Ce sont là autant de constats qui en disent long sur cette interdiction d’inaugurer un Hôtel de ville achevé malgré les péripéties et les peaux de bananes qui ont jalonné le parcours. Dans cette affaire, il faut saluer la grandeur d’esprit du démocrate qu’est le Maire de Ouidah, dont l’autorité bien que bafouée, a su rester digne. Il a appelé ses administrés au calme et à la retenue, très convaincu que les ennemis du développement ne l’emporteront jamais sur les bâtisseurs de la cité de Kpassè.