La salle Baobab du Novotel Orisha de Cotonou a accueilli le vendredi 14 août 2015 un événement très important. Il s’agit de la cérémonie officielle de lancement du financement des cibles du Projet d’appui à la filière lait et viande par les Services financiers décentralisés (Sfd) partenaires du Fonds national de la microfinance (Fnm). La cérémonie a été coprésidée par les ministres NaomieAzaria et Rufin Nansounon, respectivement en charge de la microfinance et de l’agriculture dans le gouvernement du Dr Boni Yayi.
Plusieurs interventions ont marqué les temps forts de la cérémonie. Outre l’allocution de lancement prononcée par le ministre Rufin Nansounon qui a suppléé sa collègue de la microfinance précipitamment rappelée par le Chef de l’Etat pour une mission, l’assistance a eu droit à une série de présentations. Au nombre de celles-ci se trouve celle de M. Jean ComlanPanti, Directeur général du Fnm chargé de piloter de volet crédit du Projet d’appui aux filières lait et viande (Pafilav) qui est en fait un projet du Ministère de l’agriculture, fruit de la coopération entre le Bénin et le Fonds africain de développement (Fad) de la Banque africaine de développement (Bad).
A en croire M. Jean Comlan Panti, « l’implication du Fnm dans la gestion du volet financement des cibles du Pafilav se justifie par le fait que le Fnm constitue aujourd’hui, la plate forme gouvernementale pour l’exécution des programmes et projets à volet microfinance et l’efficacité de son dispositif opérationnel à travers sa stratégie de Faire-Faire ».
Dans sa présentation, le DG/Fnm a mentionné que «Les fonds prévus pour la mise en œuvre de l’intervention est d’un milliard six cent millions (1.600.000.000) Francs CFA et sont imputés à la contrepartie à mettre en place par le Gouvernement du Bénin dans le cadre du Pafilav ». Il a aussi mis un accent sur les objectifs du projet surtout pour ce qui est du volet accès aux crédits. Selon lui en effet, ce volet duPafilav vise à faciliter l’accès au crédit des promoteurs en vue du financement des initiatives privées sur tous les maillons des chaînes de production, de transformation et commercialisation. De façon spécifique, ce projet financé par la Bad permettra d’améliorer les conditions d’accès au crédit des groupes défavorisés, de faciliter l’accès au crédit à court terme pour les fonds de roulement et de faciliter l’accès au crédit à moyen terme pour les investissements.
Cibles et zones d’interventions
Les cibles du projet sont : les éleveurs et agro-éleveurs, les petits producteurs défavorisés dont les femmes, les emboucheurs, les transformateurs de lait et de la viande et les commerçants de bétails. Pour ce qui est de la filière lait, les zones d’intervention du projet sont : le département de l’Alibori (Banikoara, Kandi et Gogounou), le département du Borgou (Nikki, Kalalé, Pèrèrè, Bembèrèkè, Tchaourou et Parakou), le département de l’Atacora (Péhunco) et le département de la Donga (Bassila). Pour ce qui est de la filière viande, les zones d’intervention sont : le département de l’Ouémé (Adjarra, Sèmè-Podji et Dangbo, le département du Plateau (Kétou et Pobè), le département du Mono (Comé), le département du Couffo (Djakotomey), le département du Zou (Zagnanado et Djidja), le département des Collines (Savè et Savalou), le département de l’Atlantique (Abomey-Calavi, Toffo et Tori-Bossito). Outre le Fnm pour le volet crédit, le Pafilav implique plusieurs acteurs : les Eleveurs et agro éleveurs, les transformateurs de lait ou de viande, les commerçants de bétail, les emboucheurs, les Responsables de développement rural (Rdr) et leurs collaborateurs, les vétérinaires et para-vétérinaires, les organisations professionnelles d’éleveurs, les Services financiers décentralisés partenaires du Fnm et la coordination du Pafilav.
Mécanisme opérationnel
L’un des points forts de l’intervention du DG/Fnm est la présentation du mécanisme opérationnel du Pafilav, notamment en ce qui concerne le volet accès aux crédits. Ce mécanisme, a dit M. Jean C. Panti, s’appuie sur une matrice de phasage dont les différentes étapes sont : l’identification, sélection et encadrement des promoteurs éligibles (CARDER, RDR, PAFILAV, SFD), l’expression des besoins par les promoteurs (PROMOTEURS), le toilettage des demandes de crédit, finalisation et consolidation (RDR), la transmission des fiches d’expression des besoins validés au SFD (RDR), le montage et instruction des dossiers des promoteurs par les SFD (SFD), la validation ou non des dossiers et notification de l’accord de financement au promoteur et au RDR (SFD), la mise en place de la ligne de crédit (FNM), le décaissement par tranche si nécessaire (SFD), le suivi du remboursement des crédits (SFD, RDR), la présentation du point financier certifié et transmis au FNM à la fin de chaque mois (RDR, SFD), le remboursement suivant les échéanciers retenus (SFD, FNM) et enfin l’élaboration des Rapports d’activités
(SFD, FNM).
Des diligences déjà accomplies
A ce jour, plusieurs diligences ont été déjà accomplies pour mettre à la disposition des promoteurs ciblés les crédits nécessaires au démarrage de leurs activités. C’est du moins ce qu’a dit M. Jean C. Panti. Ces diligentes concernent la signature du protocole d’accord intervenue le 13 décembre 2013, la décision du Conseil des Ministres autorisant le déblocage intégral du fonds du volet crédit de Pafilav (28 avril 2014), l’élaboration et la validation des documents opérationnels (mai et juin 2014), la mobilisation des ressources (novembre 2014), la mission d’évaluation des outils du Pafilav (février 2015), la formation de 45 agents opérationnels (juillet 2015)…Ces diligences seront suivies de celles qui restent à faire et qui concernent l’instruction des dossiers, les appels de fonds, le financement des cibles et le suivi des opérationnels par des experts en production animale.
L’intervention du DG/Fnm a aussi mis l’accent sur quelques difficultés de la filière au nombre desquelles on peut citer celles liées au pâturage et à l’alimentation, à la production de viande conforme aux besoins des consommateurs, à l’insécurité des éleveurs et de la fécondité et enfin aux pathologies animales. Des approches de solutions ont été identifiées par rapport à ces difficultés. A cet effet, M. Jean C. Panti a suggéré entre autres, de développer les travaux de modélisation biologique et bioéconomique, de mieux caractériser, sélectionner, exploiter, transformer, valoriser et authentifier la viande, de détecter et diagnostiquer très rapidement les risques pathologiques.
800 millions débloqués sur 1,6 milliards déjà mobilisés
Le lancement de cette opération de financement des cibles du Pafilav revêt un caractère important pour les ministères en charge de la microfinance et de l’agriculture. C’est en tout cas ce qu’a souligné le ministre Rufin Nansounon en son nom et au nom de sa collègue NaomieAzaria. Il ressort en effet du rapport diagnostic du secteur agricole qui a permis de définir les axes stratégiques dudit secteur que les besoins en financement du monde rural sont encore énormes. L’offre actuelle, a dit M. Nansounon, est essentiellement basée sur la microfinance avec des crédits qui à 80 % sont concentrés sur le court terme. « 10,3 % de petits exploitants et 2 % seulement des éleveurs ont accès aux crédits », a révélé M. Nansounon qui a mis l’accent sur l’effort fait par le gouvernement à travers sa participation au Pafilav pour renverser cette tendance. Selon le ministre en charge de l’agriculture, le gouvernement a déjà mobilisé dans le cadre de sa participation au financement du Pafilav 1,6 milliards de F Cfa. Pour le compte de l’année en cours (2015) 800 millions de F Cfa ont été déjà débloqués par le Trésor public et logés dans un compte spécial ouvert par le Fnm pour impacter les promoteurs de projets. « Ce fonds à caractère rotatif servira à couvrir les besoins en financement des promoteurs des 27 communes d’intervention du Pafilav et permettra d’impacter les acteurs des trois segments des filières lait et viande », a ajouté M. Nansounon. D’ores et déjà, il espère pourvoir compter sur l’engagement des organisations professionnelles et la disponibilité des cadres techniques à divers niveaux pour le succès de cette opérations pour la promotion et l’émergence effective du sous-secteur de l’élevage en vu de la création de la richesse soutenue et l’amélioration des conditions de sécurité alimentaire des Béninois.
Le Pafilav est conçu pour une durée de 06 ans et un coût total de 31,06 millions d’UC soit 21 milliards de FCFA. Ce coût est conjointement financé par le FAD pour 25 millions d’UC (80%) soit 16 856 000 000 FCFA, la contrepartie de l’Etat Béninois pour 5,87 millions d’UC (19%) soit 4,1 milliards de FCFA et une participation des bénéficiaires à hauteur de 0,19 million d’UC (1%) soit 135 millions de FCFA.
Affissou Anonrin