La Fondation Friedrich Ebert (FES) a organisé, vendredi 14 août dernier à son siège à Cotonou, sa traditionnelle ‘’Soirée politique’’ sur le thème ‘’Projections de réformes après 2016 : orientations pour le système partisan au Bénin''. Hommes politiques, professionnels des médias, Organisation de la Société civile étaient au rendez-vous de cette septième édition.
La salle de conférence de la Fondation Friedrich Ebert (FES) jusqu’au-dehors était noire de monde vendredi dernier. Hommes politiques, juristes, politologues, représentants de la Société civile, membres du corps diplomatique ont pris d’assaut la cour de cette organisation allemande, le temps de la septième édition des ''Soirées politiques''.
Au début de la soirée, le représentant résident de la FES, Contanstin Grund, a indiqué que des indépendances à aujourd’hui, le Bénin a fait l’expérience de deux grandes conceptions de dynamiques partisanes que sont le pluralisme politique et le parti-Etat. Mais aujourd’hui, fait-il observer, avec le Renouveau démocratique, le multipartisme intégral a permis d’avoir une diversité de formations politiques de toutes les tailles. Selon lui, au mois de juillet 2014 environ 232 partis politiques se sont déclarés. Ce qui pose quelques problèmes. «On est en droit de se demander si les conditions qui avaient sous-tendu l’ouverture au multipartisme intégral au lendemain de la Conférence nationale de 1990 sont encore valables 25 ans plus tard, pour que des partis politiques naissent presque tous les mois», a-t-il demandé à l’assistance. Cinq panélistes ont pris part au débat avec plusieurs contributions de l’assistance.
Le professeur Amos Elègbè, conseiller politique du chef de l’Etat, membre des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) a expliqué qu’il y a eu de nombreuses tentatives de regroupement qui n’ont jamais vraiment abouti. «La question de fond, c’est la stabilité de la classe politique. C’est le projet de société. Il n’y a pas de parti politique sans discipline. C’est pourquoi, les grands partis n’ont jamais pris le pouvoir», a-t-il martelé. Il a indiqué que pour le système partisan au Bénin, il faut mener des débats et mettre un accent sur la question de la représentativité des partis politiques. Il a cité le cas ghanéen où pour être un parti politique, il faut être représenté à tous les niveaux, du village à l’ensemble du territoire en passant par la commune et le département. «On ne décrète pas des regroupements. Il faut laisser le temps au temps. Nous ne pouvons pas importer et calquer les idéologies occidentales ici chez nous», a indiqué pour sa part Paul Dèhoumon, membre du bureau politique de l’Union fait la Nation (UN). «C’est le manque de conviction et les tâtonnements qui font qu’il n’y a véritablement pas de partis solides. «Que cherche l’International socialiste dans l’UN, si nous ne devons pas importer d’idéologies et de manières de faire occidentales», a rétorqué Célestine Zanou, présidente de Dynamique du changement pour un Bénin debout (DCBD). Vincent Folly, directeur de publication de La Nouvelle Tribune, a fait observer que les ministres de l’Intérieur qui se sont succédé ont manqué de courage pour appliquer les dispositions de la Charte des partis politiques. La question du financement des partis est également essentielle selon lui.
Pour Francis Lalèyè, expert en gouvernance, il faut examiner le cas ghanéen pour voir comment l’intégrer dans les textes au Bénin. Mais le financement des partis politiques n’est qu’une partie de la solution. «Oui, mais l’Etat doit s’engager à financer les partis. C’est la solution pour éviter le nombre sans cesse croissant des partis. En Allemagne, quand vous n’avez pas 5% au moins des voix au niveau national, vous avez beau être élu, vous ne siègerez pas», a martelé Emmanuel Golou, le président du Parti social démocrate dans sa contribution au débat.
Sênoudé P. TOMETISSI