Il sonne environ 13h30 ce samedi 15 août à l’aéroport international Cardinal Bernadin Gantin. Au flux de passagers habituels s’ajoutent quelques groupes de personnes dont l’accoutrement est évocateur de l’objet de leur attente. ‘’Angelo Houssou, Bienvenue sur la terre de tes ancêtres’’. Tel est le texte inscrit sur les tee-shirts que portent quelques jeunes. Ici, le retour du juge est vivement attendu. Les bruits des fanfares, des tam-tams, des castagnettes et des gongs annoncent un festin. 13h40. Le vol tant attendu entame son atterrissage sur la piste. Journalistes, jeunes, femmes et autres personnes âgées s’attroupent devant l’entrée de l’aéroport, réservée à la sortie des passagers. ‘’Le juge est là’’, lance un jeune surexcité. Des heures s’écoulèrent sans que Angelo Houssou ne fasse son apparition à cette foule venue à sa rencontre. L’attente devient insoutenable. Quelques rumeurs font état de la saisie du passeport du juge et de cinq autres personnes, membres de sa délégation. 15h56. L’arrivée de l’he Joseph Djogbénou semble apporter une caution aux rumeurs. 16h53. Un homme s’écarte légèrement de la foule et entreprend d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur la situation qui prévaut. Caméras et micros se bousculent chez les médias pour enregistrer son intervention. Au niveau de la foule, une voix entonne l’hymne national. Tout le monde s’exécute. Entre-temps, une dizaine de militaires ont rejoint l’équipe de sécurité. ‘’Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le juge sera rapatrié. C’est un abus qu’on ne saura accepter dans un Etat de droit. C’est une séquestration et nous appelons l’opinion nationale et internationale à témoin’’, déclare le secrétaire général du comité d’accueil aux médias. Les témoins de cette confidence protestèrent. On se mit à battre plus fort les tambours. ‘’Libérez Angelo… Libérez Angelo…’’, scande la foule. Une dizaine de minutes plus tard, quelques militaires s’amènent avec des cartons de gaz lacrymogène. On se chuchote : ‘’qu’est-ce qu’ils veulent faire ?’’. Un contingent de gendarmes armés de matraques et de boucliers s’avançant également. Le mercure baissa d’un cran dans le rang des manifestants. On devient plus sage dans l’attente. Aux environs de 18h, l’he Joseph Djogbénou revient vers la foule avec des nouvelles plus rassurantes. Au dire du député, le juge venait de remplir ses formalités et reste solidaire quant à la situation des cinq autres personnes de sa délégation. Ces personnes dont des Français, un Anglais, un Romain, une Ghanéenne, ne sortiront pas de l’aéroport, parce que expulsés du territoire. Seul le juge Angelo Houssou rejoint ses amis et sa famille vers 2h15 le dimanche 16 août. ‘’Je rends grâce à l’éternel et hommage aux mânes de nos ancêtres. Je suis venu contribuer au travail de construction de la Nation. Je crois qu’on peut gouverner autrement…’’. Telles sont les premières phrases prononcées par le juge Angelo Houssou.
Arnaud DOUMANHOUN