Le développement équilibré et durable de l’espace national constitue l’un des cinq axes prioritaires de la Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP) en cours au Bénin. Et l’un des préalables à cette inclusion spatiale est la définition et la mise en oeuvre d’une véritable politique d’aménagement du territoire. C’est l’une des thématiques du Rapport sur les perspectives économiques pour les années 2015 et 2016 publié récemment par la Banque africaine de Développement (BAD) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Situé en Afrique de l’Ouest, le Bénin couvre une superficie de 112 622 km2 et s’étend sur une longueur Nord-Sud de 670 km, du fleuve Niger à la côte de l’Atlantique. En 2013, la population du Bénin était estimée à 10,3 millions d’habitants selon les résultats provisoires du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Une population qui est majoritairement rurale soit 53,5%, contre 46,5% de citadins. Divisé en 12 départements, le pays compte 77 communes. La pauvreté touche plus les populations des zones rurales (39,7%) que des zones urbaines (31,4%).
Le Littoral, le département le plus développé
Selon les données des perspectives économiques pour les années 2015 et 2016 publiées par la Banque africaine de Développement et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le département du Littoral qui comprend la ville de Cotonou reste le plus développé sur le plan économique. Ce développement s’explique par le fait que la ville concentre à elle seule les fonctions économiques, administratives et portuaires. Ce faisant, Cotonou reste la ville la plus grande et la plus densément peuplée du Bénin avec plus de 678 874 habitants pour une densité de 8 874 habitants au km2
Sous l’influence de la ville, les communes voisines connaissent depuis environ 20 ans, les plus forts taux d’accroissement démographique du pays. Ainsi, la population de l’agglomération formée par Cotonou et ses deux communes voisines (Abomey-Calavi et Sèmè-Podji) a quasiment quadruplé de 1979 à 2013 avec environ 1,6 million d’habitants soit 16% de la population totale du pays sur seulement 0,73% du territoire national.
La ville de Cotonou concentre également les principales infrastructures économiques et sociales du pays, port, aéroport, Centre national hospitalier universitaire, le siège de la plupart des institutions nationales. Elle abrite le plus grand marché du Bénin et dans sa banlieue, la plus grande université du pays. Au total, le département du Littoral constitué pour la majeure partie de la ville de Cotonou, demeure le principal centre économique du Bénin avec 37% des entreprises du pays selon le deuxième Recensement général des entreprises en juin 2010.
L'Alibori le pauvre!
Du côté opposé, en croisant plusieurs indicateurs, tels que l’Indice de développement humain (IDH) de 2006 à 2009 et l’Enquête modulaire intégrée sur les conditions de vie des ménages (EMICOV) de 2011 à 2012, on observe que le département de l’Alibori reste le moins développé du Bénin. Il présente la plus faible densité du pays avec 34 habitants au km2 et ne concentre que 3% des entreprises béninoises. Pourtant, l’Alibori reste la principale zone de production cotonnière, première culture d’exportation, et dispose d’un fort potentiel agricole dans la Vallée du fleuve Niger. Il compte, par ailleurs, la ville frontalière de Malanville, proche du Niger. Plusieurs zones de ce département souffrent d’enclavement, notamment la commune fontalière de Sègbana. Deux communes (Karimama et Malanville) affichent les plus faibles taux nets de scolarisation du pays, 16,8% et 19% en 2011, contre une moyenne nationale de 74,4%. La commune de Karimama, située à l’extrême nord du pays, présente le taux de mortalité infanto-juvénile le plus élevé du pays (111 pour 1 000 naissances), Kandi, la principale ville de ce département, à plus de 600 km de Cotonou, reste dans l’ombre de Parakou principale métropole du Nord du pays, située à 400 km de la capitale. Le duopole Kandi-Malanville pourrait tirer vers le haut le département, en s’appuyant sur Parakou.
Une inclusion spatiale
Ces disparités régionales, selon les experts de la BAD et du PNUD, montrent la nécessité d’une inclusion spatiale pour permettre à chaque localité de bénéficier d’un développement approprié afin d’améliorer les conditions de vie des populations. Le développement équilibré et durable de l’espace national constitue l’un des cinq axes prioritaires de la Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP) en cours au Bénin. L’un des préalables à cette inclusion spatiale est la définition et la mise en œuvre d’une véritable politique d’aménagement du territoire. L’intérêt accordé aux questions sur les inégalités des ressources naturelles et d’accessibilité des zones enclavées a débouché, selon le rapport, sur l’élaboration de stratégie à long terme. Ainsi, on peut citer à titre d’exemple, le Schéma national d’aménagement du territoire, retracé dans cinq documents. Il s’agit de la Déclaration de politique nationale d’aménagement du territoire (DEPONAT) élaborée en 2002; le Document de stratégie opérationnelle de la DEPONAT, le Schéma national d’aménagement du territoire qui est en cours d’adoption; le Programme national de développement des espaces frontaliers et le Schéma directeur d’aménagement communal.
Réduire l’enclavement des zones de production constitue aussi un objectif important du programme de renforcement du réseau de transport à Parakou ainsi que sur les axes Parakou-Béroubouay, N’dali-Nikki-Chicandou, Kandi-Sègbana, Godomey-Hillacondji.
Les principaux obstacles à lever pour achever la politique d’inclusion spatiale et assurer un développement équilibré entre les régions sont liés à la capacité à promouvoir les pôles d’activités régionaux et l’emploi dans les zones rurales, à gérer le rythme de l’urbanisation et maîtriser la croissance démographique
Bruno SEWADE