Au lendemain de l'intervention médiatique de Patrice Talon, diffusée lundi dernier sur certaines chaînes privées nationales, les Béninois ont diversement apprécié la démarche de l'homme qui depuis trois ans a été contraint à l'exil. Mais ils sont nombreux à saluer son humilité du fait qu’il ait publiquement déclaré avoir pardonné à ses détracteurs. Ces propos à tout le moins pacificateurs constituent un grand pas dans la marche vers une décrispation de la tension politique au Bénin. De fait, la balle se trouve désormais dans le camp du chef de l’Etat qui doit saisir la main tendue de la réconciliation.
Le dernier mandat du chef de l’Etat tend inexorablement vers la fin. Les quelques jours qui restent pour clôturer le dernier mandat de Boni Yayi devraient en principe être une occasion pour ce dernier de se refaire une nouvelle image dans l’esprit du peuple béninois. La dernière sortie médiatique du richissime homme d’affaires est d’ailleurs une occasion pour le président de la République de saisir la perche tendue par ce dernier, dans l’affaire de « tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat ou de menace à la sûreté de l’Etat ».
À l'étape actuelle, en réalité, ce serait injuste de ne pas accorder du crédit au gouvernement parce que en suivant le compte-rendu de la conférence de presse du directeur de l'émigration immigration le même jour de la diffusion de l'entretien de Talon, tout porte à croire que le gouvernement est dans cette dynamique d'œuvrer pour la paix. Cette démarche du gouvernement devrait être encouragée. Mais il lui faudra aller encore plus loin dans cette dynamique.
Œuvrer pour l'apaisement du climat social
Le Bénin est à sept mois d’une transition politique. Dans ces conditions, il est du devoir du gouvernement de faire en sorte que Patrice Talon oublie vite tout ce qui peut encore amener de nouvelles frustrations. Boni Yayi et le Bénin n’ont plus rien à gagner dans un bras de fer contre un opérateur économique de cette trempe. En tout cas, ce qui est important, c’est que Patrice Talon s’est effectivement ouvert. C’est le contraire qui aurait suscité inquiétude. Pour y parvenir vraiment, toute la classe politique et sociale en l'occurrence les sages, notables, bref tous ceux qui peuvent œuvrer pour l'apaisement du climat social doivent y contribuer de diverses manières.
Le gouvernement, quant à lui à travers son chef, est invité à ne pas faillir pour ne pas perdre la face. Dès lors, un accueil chaleureux doit être réservé au digne fils de la nation, contraint à l’exil. Il ne faut pas perdre également de vue sa sécurité tout le long de son séjour au Bénin, avant, pendant et après l'élection présidentielle de février 2016.