N'Djamena - Les chefs d'état-major des pays africains en lutte contre Boko Haram ont finalisé samedi à N'Djamena les détails du déploiement de la force régionale chargé d'"éradiquer" le groupe islamiste nigérian, a constaté un correspondant de l'AFP.
La Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), à laquelle doivent participer le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, doit permettre de mieux coordonner les efforts des différentes armées,
jusque-là dispersés.
"Cette réunion marque une étape décisive dans la voie de +l'opérationalisation+ de la force mixte multinationale", a déclaré à l'AFP le général Brahim Seid, chef d'état-major de l'armée tchadienne.
"L'heure de passer aux actes a sonné et la force mixte multinationale (...) doit prendre des dispositions qui s'imposent pour s'approprier dans les meilleurs délais ses zones de responsabilités afin d'éradiquer ces illuminés dans notre espace communautaire", a-t-il ajouté.
Selon un officier supérieur qui a requis l'anonymat, les chefs d'état-major ont arrêté les contributions de chaque pays membre de la force régionale, qui doit compter au total 8.700 militaires, policiers et gendarmes.
Le Nigeria mobilisera 3.750 hommes, le Tchad 3.000, le Cameroun 2.650, le Niger 1.000 et le Bénin 750, a affirmé cette source.
Le Bénin avait annoncé récemment son intention d'envoyer 800 soldats et le Cameroun 2.450 hommes, mais les contributions des autres pays restaient floues.
Les hauts responsables militaires ont également établi trois centres de commandements devant délimiter trois secteurs d'opérations.
Les deux centres de commandement au Nigeria seront Baga Kawa, ville située sur les rives du lac Tchad, et Gamboru, localité frontalière du Cameroun.
Au Cameroun, un troisième poste sera basé à Mora, dans l'extrême-nord du pays, proche de la forêt nigériane de Sambisa, où de nombreux islamistes se sont retranchés.
La force, dont l'état-major est basé à N'Djamena, sera dirigée par le général nigérian Iliya Abbah, officier d'infanterie musulman originaire du nord du Nigeria.
Le déploiement de la MNJTF, dont la création avait été décidée en mai 2014, après le rapt de plus de 200 lycéennes à Chibok (Nigeria), a été repoussé à de nombreuses reprises.
L'insurrection de Boko Haram et sa répression par l'armée ont fait plus de 15.000 morts au Nigeria depuis 2009, essentiellement dans le nord du pays majoritairement musulman.
Ces dernières semaines, le groupe islamistes a multiplié les attentats-suicides au Nigeria et dans les pays voisins, notamment au Tchad et au Cameroun, dont le nord a été frappé par cinq attentats kamikazes en juillet qui ont fait une cinquantaine de morts.
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