Ces derniers temps, Barthélémy Kassa faisait profil bas. Yeux légèrement enfoncés, visage mafflu avec l’embonpoint qui va avec, il forçait son sourire depuis qu’une commission spéciale du Parlement béninois avait été mise en place, le 10 août, pour étudier la levée de son immunité, demandée par la présidence sous la pression des Pays-Bas, appuyée par le procureur général. L’ancien ministre de l’énergie et de l’eau, élu au Parlement aux législatives d’avril 2015, va désormais pouvoir se montrer plus serein. Jeudi 20 août en fin de journée, 45 députés sur 83 ont refusé la levée de son immunité après avoir repoussé l’échéance lundi 17 août en n’allant pas s’asseoir dans l’hémicycle. M. Kassa devait être entendu — les Pays-Bas l’exigeaient avant toute reprise de la coopération avec le Bénin — par la Haute Cour de justice (l’instance chargée de juger les personnalités au sommet de l’Etat) pour examiner son éventuelle implication, ainsi que celle de plusieurs fonctionnaires et hommes d’affaires, dans le détournement de 4 millions d’euros d’aide publique néerlandaise au détriment d’un programme d’aménagement hydraulique. Ce pilier du camp présidentiel est soupçonné d’avoir couvert un vaste réseau de fraude au sein de son ministère.