C’est une affaire d’argent qui ébranle aujourd’hui Ecobank. Ces professionnels de la manipulation de l’argent l’auraient-ils cette fois-ci mal «manipulé» ? C’est la question qui se pose actuellement au sein du Conseil d’administration et de la direction de cette banque. Au centre de tout ceci, une employée béninoise qui se bat pour protéger les intérêts des actionnaires.
C’est une Béninoise, employée au sein d’Ecobank, qui aurait révélé le supposé pot aux roses. Aujourd’hui, elle serait la bête à abattre. Elle s’appelle Laurence do Régo. Elle occupe le poste de Directrice financière de la banque. Financial Afrik a baptisé le pot aux roses «affaire Kolapo Lawson et le bonus de Thierry Tanoh». Qu’en est-il exactement de cette affaire ? Selon des révélations, Kolapo Lawson, président du Conseil d’administration d’Ecobank, n’aurait pas remboursé un prêt de 1,6 milliards de Naira à Amcon (Asset Management Corp of Nigeria). Un fonds mis en place par le Nigeria pour vérifier les bilans des banques. La dette, selon les révélations, serait portée par un certain Agbara Estate de la société de promotion immobilière administrée par le président d’Ecobank. Le Conseil d’administration d’Ecobank, dans cette affaire, chercherait à protéger son président, Kolapo Lawson. Ce dernier aurait d’ailleurs bénéficié d’un blanc-seing au terme du Conseil d’administration tenu le 6 août dernier au Rwanda. «Je suis heureux que nous ayons tiré cette affaire au clair», aurait déclaré Kolapo Lawson au terme dudit Conseil. Mais Mme Laurence do Régo, Directrice financière, se serait désolidarisée de cette décision. Selon des indiscrétions, elle aurait qualifié cet arrangement de trop consensuel.
Le bonus du Dg
Non contente de l’arrangement «convenu» par le Conseil d’administration au profit de son président, la Directrice financière d’Ecobank aurait saisi par courrier le « Nigerian Securities and Exchange (Sec) avec ampliation aux administrateurs de la banque. Mme do Régo aurait mentionné dans cette lettre que le Conseil d’administration n’aurait pas pris sa décision concernant son président dans l’intérêt des actionnaires de la banque. Le contenu de la lettre accuserait aussi le Pca, Kolapo Lawson et le nouveau Directeur général d’Ecobank, Thierry Tanoh, d’avoir cédé des actifs nettement en dessous de leurs valeurs de marché. Mieux, elle mentionne dans sa lettre avoir été sollicitée pour effacer les dettes dues par la compagnie de promotion immobilière de M. Kolapo et de manipuler les résultats de 2012 pour les augmenter en 2013. Une période qui coïncide avec le premier exercice du nouveau Directeur général, Thierry Tanoh. Plus loin, la Directrice financière, dans sa lettre, se serait interrogée sur les procédures qui ont conduit à la détermination d’un bonus de 1,14 millions de dollars (570 millions de francs Cfa) au nouveau Directeur général, au titre de l’année 2012. Un montant qui, selon l’employée béninoise, est nettement au-dessus de ce que M. Tanoh était en droit de toucher selon son contrat avec la banque.
Grogne d’actionnaires Sud-Africains
L’affaire a déjà passé les mailles de la banque. Elle est désormais sue par des actionnaires, notamment des Sud-Africains. En effet, l’atmosphère n’est plus sereine. L’affaire de bonus serait venue aggraver une crise qui couvait déjà avec certains actionnaires Sud-Africains. Ces derniers seraient déterminés à convoquer une assemblée générale si ces deux affaires ne sont pas réglées comme cela se doit. Les Sud-Africains exigent la bonne gouvernance dans la gestion de la banque, rien que ça. Le comble dans cette affaire est que Mme do Régo est mise en congé forcé. Ses révélations gêneraient-elles des gens au point qu’on la sorte du système en ce moment précis? Dans tous les cas, la Directrice financière, selon des sources, garderait son calme, convaincue d’avoir agi dans l’intérêt des actionnaires.
