Le rejet de la levée de l’immunité parlementaire de l’Honorable Barthélémy Kassa par la mouvance ne devrait pas étonner les observateurs avertis de la vie socio-politique nationale. La volonté du Gouvernement de sauver le mis en cause et la détermination d’un certain nombre de député ayant des cadavres dans le placard de se protéger ont abouti à ce résultat qui montre en réalité le vrai du régime en place.
Pour l’heure, l’ancien ministre de l’Energie, Barthélémy Kassa, actuel député à l’Assemblée nationale, est à l’abri des poursuites judiciaires dans l’affaire Ppea 2. C’est la conséquence du rejet de la levée de son immunité parlementaire par 45 voix contre et 38 pour. Chose curieuse, ce sont les députés, soutenant l’action du Gouvernement Boni Yayi, qui ont voté contre la traduction en justice de Barthélémy Kassa. Comment peut-on comprendre cet état de choses ? Ici, il s’agit ni plus, ni moins de manœuvres politiciennes pour empêcher la manifestation de la vérité.
Pour rappel, lors de l’éclatement de cette affaire, le Gouvernement du Président Boni Yayi a démontré en Conseil des ministres que la responsabilité du ministre Barthélémy Kassa n’est pas engagée dans le scandale- Ppea 2. Toutefois, il a été contraint de démissionner de l’exécutif pour aller laver son honneur devant la justice de son pays.
C’était un ouf de soulagement pour les Béninois désireux de savoir la vérité et toute la vérité dans cette affaire. Contre toute attente, le Chef de l’Etat le positionne tête de liste des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) dans la troisième circonscription électorale (Boukoumbé, Cobly, Matéri et Tanguiéta) aux dernières élections législatives. C’est ainsi qu’il a été élu député à l’Assemblée nationale pour le compte de la septième législature. C’était la désolation dans l’opinion publique quand on sait que la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’un député est longue. Après sa victoire au scrutin législatif, Barthélémy Kassa avait toujours la protection du Pouvoir.
Sous la menace des autorités hollandaises, le Gouvernement a commencé par sanctionner les cadres mis en cause dans le scandale Ppea 2. Dans le même temps, il essayait de démontrer que l’ancien ministre de l’Energie n’y est pas impliqué. Pour montrer sa bonne foi, le Chef de l’Etat écrit au président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji, d’écouter le député de la troisième circonscription électorale, en violation de la procédure en la matière. Ce qui a suscité la réaction du bureau du Parlement et de son président qui n’ont pas hésité à indiquer la voix à suivre au Président de la République. Pour les observateurs de la socio-politique nationale, c’était une manœuvre pour distraire le peuple et faire traîner les choses jusqu’en 2016, l’année de la fin du deuxième et dernier mandat du régime en place.
Dilatoire
Toujours sous la pression des Pays-Bas, le Président Boni Yayi a fini par respecter la procédure par la saisine du Président de la Cour d’Appel de Cotonou. C’est ce dernier qui a saisi l’Assemblée nationale pour obtenir la levée de l’immunité parlementaire du député Barthélémy Kassa.
L’objectif est de l’écouter dans le cadre des enquêtes préliminaires pour la manifestation de la vérité. Bizarrement, ce sont les députés soutenant le Chef de l’Etat qui se sont opposés à la levée de ladite immunité. Ils évoquent l’article 70 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule : « L’immunité parlementaire peut être levée dans les cas ci-après : -cas de délit ou de crime flagrant lorsque le député, auteur, co-auteur ou complice de l’infraction poursuivie, aura déjà été ou non arrêté et détenu ; -cas de délit ou de crime lorsque des poursuites doivent être engagées contre le député, auteur, co-auteur ou complice d’une infraction ; -cas de délit ou de crime, lorsque les poursuites engagées contre auteur, co-auteur ou complice de l’infraction sont provisoirement suspendues… ».
Or, on se rappelle que c’est les mêmes conditions que l’ancien ministre chargé des Relations avec les institutions, Alain Adihou a été jeté en prison dans l’affaire-Lépi, après la levée de son immunité en tant que membre du Gouvernement du Président Mathieu Kérékou. Le juge n’avait pas attendu la qualification de l’infraction avant de le faire. Toutefois, il faut retenir que le ministre Kassa n’est pas encore au bout de ses peines. La question peut revenir sur tapis. Il appartient de convoquer une nouvelle session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour revenir à la charge si vraiment le Chef de l’Etat était de bonne foi.
Paul Tonon