La 14è session de formation initiale organisée par le Cifaf (Centre international en Afrique de formation des avocats francophones) au profit des avocats stagiaires des barreaux francophones d’Afrique a démarré hier lundi 24 août 2015 au Chant d’oiseau de Cotonou. La cérémonie solennelle d’ouverture de cette formation a été placée sous l’autorité de Mme Evelyne da Silva Ahouanto, Garde des Sceaux, ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme.
47 avocats stagiaires venus des barreaux de 15 pays (Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République démocratique du Congo, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sénégal, Tchad et Togo) participent à cette session de formation.
Selon Me Jacques A. Migan, Directeur du Cifaf, cette formation abordera les aspects essentiels du métier d’avocat. Il s’agit notamment de la déontologie, du droit processuel, de la pratique professionnelle et des techniques de la plaidoirie. Comme les autres sessions, la 14è session des Cours Cifaf va alterner la pratique et la théorie, a dit M. Migan.
En déontologie, les échanges porteront essentiellement sur les modules que sont : la confraternité et la dignité de l’avocat, l’avocat dans ses rapports avec ses confrères, le pouvoir arbitral du Bâtonnier, le secret professionnel et la lutte contre le blanchiment et la responsabilité des avocats.
En droit processuel, plusieurs modules seront abordés. Il s’agit, entre autres, des recours contentieux en matière administrative, des notions sur les implications du principe du contradictoire en droit processuel, de la procédure et de l’évolution jurisprudentielle en matière d’injonction de payer, des particularités procédurales du contentieux du travail, du régime des exceptions et fins de non-recevoir en procédure civile, des principes fondamentaux du procès pénal, de l’appel en matière civile, de la loyauté de la preuve en matière pénale…Il sera aussi question de revisiter les notions sur l’administration judiciaire de la preuve, la connaissance et l’exécution des décisions étrangères, l’arbitrage Ohada, le contentieux du contrat international du travail…
En pratique professionnelle, les enseignements que recevront les stagiaires de la 14è session des cours Cifaf seront axés sur la gestion du cabinet, les techniques de rédaction d’actes, la construction des écritures judiciaires, les formes de raisonnement, les mécanismes de garantie et leur contentieux, la mise en œuvre des garanties constituées à l’étranger et enfin les techniques de plaidoiries et de prise de parole.
Ces modules de formations seront animés par des formateurs expérimentés membres des barreaux francophones d’Afrique, d’Europe, du Canada ; des magistrats, des universitaires, des praticiens chevronnés du droit…C’est du moins ce qu’a révélé Me Migan qui a profité de l’occasion qui lui a été offerte pour remercier tous ceux qui ont œuvré pour que cette 14è session des cours Cifaf ait lieu.
Le métier d’avocat : une remise en cause perpétuelle de soi
Les différentes allocutions prononcées à l’ouverture de cette formation ont mis l’accent sur le caractère important du métier d’avocat et l’impérieuse nécessité pour celui qui l’exerce de mettre à jour ses connaissances de façon perpétuelle.
Dans son discours en effet, Mme Evelyne da Silva Ahouanto a mis l’accent sur la nécessité pour les avocats (qu’ils soient jeunes ou anciens) de se former continuellement surtout lorsqu’on considère le contexte actuel où la science est dans une mutation perpétuelle. Elle a aussi salué le travail remarquable que fait le Cifaf depuis sa création en 2000 à Bamako.
« Il est très beau de dire le droit. Mais il faut le faire en plaçant l’humain au-dessus du vulgaire et en se référant surtout à un certain nombre de valeurs dont la compétence…La robe que vous portez est sacrée », a dit pour sa part M. Adrien Ahanhanzo Glèlè qui a rassuré les stagiaires et les formateurs de ce que l’Organisation internationale de la francophone qu’il représente ne marchandera pas son soutien à l’émergence d’une justice équitable et juste dans le monde francophone.
Tout comme ses prédécesseurs, Me Cyrille Yaovi Djikui, Bâtonnier de l’ordre des avocats du Bénin a lui aussi mis l’accent sur toute l’importance que revêt le métier d’avocat et l’inlassable travail qu’abat le Cifaf depuis sa création. « Si le Cifaf n’a pas été créé, il faut le créer et puisqu’il est né, il faut rendre hommage aux pères fondateurs de ce centre qui prend une part importante sur le chantier de la formation continue des avocats des Barreaux de l’Afrique francophone », a dit Mme Djikui qui a fait de la formation systématique des avocats l’un des axes prioritaires de son programme d’activités au niveau du Barreau béninois. Avec le Cifaf, a-t-il conclu, c’est le pari de l’intégration professionnelle qui est gagné puisque le Cifaf a réussi là où la politique a échoué.
Prenant la parole, M. Rustico Lawson-Banku, Président du Conseil d’administration du Cifaf a appelé les 47 stagiaires à cultiver l’humilité, une vertu sans laquelle ils ne pourront pas réussir dans l’exercice de la profession d’avocats.
A retenir que depuis 15 ans, l’Oif contribue fidèlement à l’organisation des sessions annuelles de formation du Cifaf. Rappelons aussi qu’à l’issue de cette 14è sessions, chaque participant recevra une attestation de fin de formation et un kit documentaire composé de plusieurs ouvrages juridiques de référence.
Affissou Anonrin