Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aCotonou.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Présumée candidature de Patrice Talon à la présidentielle : Effet de mode ou échec de la classe politique
Publié le vendredi 28 aout 2015  |  La Nouvelle Expression
Patrice
© aCotonou.com par DR
Patrice Talon, l`homme d`affaire béninois




Serait-ce le tour, en 2016, des opérateurs économiques pour siéger à la Marina ? Depuis 1991, au détriment des formations politiques, n’importe qui, au nom de la candidature indépendante à la présidentielle, remplissant les conditions adéquates, prétend assumer, au Bénin, les hautes charges d’Etat.



Un peu de fiction ! Bientôt Bolloré sera le président de la République française. Bill Gate ne manquera pas l’occasion aux Etats-Unis. Oumarou Kanazoé, s’il est encore en jambes, demandera à l’être au Burkina Faso …

C’est le schéma au Bénin où les grands hommes d’affaires, pour s’être habitués à financer des campagnes électorales, comme c’est le cas ailleurs, ont décidé de ne plus être des faiseurs de roi mais d’« aller au charbon », pour reprendre l’expression de Patrice Talon, l’un d’eux.

Que la gestion du pouvoir d’Etat échappe aux politiques, le fait est bien anodin dans le Bénin du renouveau démocratique. De Dieudonné Nicéphore Soglo, en passant par Mathieu Kérékou, jusqu’à Boni Yayi, le pays n’a pas encore eu à sa tête, un homme politique bon teint. « Vous vous rendez compte par vous-mêmes, que celui qui n’a véritablement pas milité dans un parti politique, gravi les échelons, participé aux assises, ne peut être efficace à la tête de l’Etat », se désolait, courant fin 2013 ou début 2014, devant des militants des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), en congrès, Lazare Sèhouéto, ancien ministre de la République, ancien député et membre de l’Union fait la Nation.



Le fauteuil présidentiel pour l’essor économique personnel



Devenir président de la République au Bénin, sans a priori milité dans un parti politique, admis par les normes depuis 1990 au moment où l’Etat démocratique était en construction et la plupart des formations politiques étaient naissantes, devient presqu’un effet de mode.

Sinon, pourquoi après l’expérience des corps, apparemment compatibles au pouvoir d’Etat dans l’opinion publique, à savoir, les économistes, les banquiers, les militaires redevenus civils, les hommes d’affaires se trouvent subitement la vocation de devenir chef d’Etat ? Ceci, pour vendre quel produit ou service et en tirer quel profit ? Une dichotomie donc, d’un point de vue idéologique ! A moins que la finalité n’est que la suppression des impôts pour ses affaires, le financement de ses entreprises via des fonds publics, la conception des marchés à sa taille, ou le déséquilibre du jeu de la concurrence…

Non, la fonction de chef de l’Etat, autrement, celui qui est le dernier recours en matière de décision d’orientation du pays, n’est pas banale au point où il faut le laisser aux mains d’un quidam, a prévenu en substance, Emmanuel Golou, président du Parti social démocrate (PSD) et membre de l’Union fait la nation(UN), en discussion à bâtons rompus avec les professionnels des médias, le vendredi 21 août 2015, à Cotonou. « Il faut un homme d’expérience » des institutions politiques, des rouages et de la chose politique, non pas seulement des hommes politiques, a commenté par ailleurs, le président du PSD.



La vie des partis au gré des accords



C’est dire que cette étoffe politique des hommes d’affaires dans l’arène est récusée par les acteurs politiques. A l’Assemblée nationale, du fait de leur comportement, ils sont étiquetés comme des loups dans la bergerie. En effet, la plupart sans conviction, oscillent, sans complexe, au gré du poids des redressements fiscaux brandis, des éventuelles enveloppes tendues et tous, profitent du passeport diplomatique pour conclure leurs accords commerciaux.

Après 55 ans d’indépendance et 25 ans de vie démocratique, si les hommes d’affaires au Bénin osent prendre d’assaut le monde politique et y convoiter les hautes fonctions, cela laisse entrevoir, qu’au-delà des textes qui le permettent, les partis politiques ne sont pas encore arrivés à s’affirmer sur leur propre terrain. Pourrait-il en être autrement, quand on sait que ces formations politiques fonctionnent sans idéologie, sans formation à la base, sans démocratisation interne, sans cotisation des membres, sans conception d’une politique de développement du pays axé sur les plans stratégiques, sans préparation de l’alternance…

Le Bénin de 2016 est peut-être en train d’échapper aux politiques qui ne feront pas bloc pour arracher, une fois pour de bon, leur 'fauteuil' aux mains des candidatures indépendantes. Car, ce qui les unit- la quête du pouvoir -, ne les talonne pas plus que ce qui les divise, à savoir, les accords individuels à conclure avec les opérateurs économiques en quête du pouvoir d’Etat.

Vadim QUIRIN
Commentaires