Quelques semaines après son avènement, le Guichet unique des opérations de commerce extérieur semble répondre aux attentes tant du Gouvernement que des acteurs qui en ont été la cheville ouvrière. Des acteurs dont il faut saluer les efforts quand on sait ce que sont les réformes dans notre pays.
Ces dernières années nombre de projets, notamment dans les secteurs portuaire et douanier n’ont pas été à la hauteur des attentes tant des initiateurs que du peuple béninois. Le GUOCE serait-il en train de faire démentir l’adage selon lequel les réformes ont la vie dure au Bénin ? On peut le dire. Un mois à peine après son opérationnalisation, toutes les parties s’accordent sur le fait qu’il y avait nécessité d’aller à cette révolution. Et pour cause ! Le Bénin ne pouvait pas, tout en proclamant ses ambitions comme pays de service, continuer à se refuser de se donner les moyens devant lui permettre de répondre à cette vocation naturelle alors qu’il dispose d’un précieux atout dans ce sens : sa position stratégique avec son Port considéré jusqu’ici comme le poumon de l’économie du pays.
Il est une vérité de passerelle que le Bénin a été distancé par ses voisins qui sont allés à la modernisation de leurs structures douanières et portuaires avant lui. Le Guichet unique est venu pour marquer la volonté ferme cette fois-ci de notre pays de se doter d’un outil moderne et efficace pour booster les échanges commerciaux et doper l’économie. Le guichet unique répondait en effet au double besoin de modernisation de notre Douane par la dématérialisation de la liasse documentaire nécessaire au dédouanement des marchandises et de sécurisation des opérations. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Ainsi, au nombre des résultats à mettre à l’actif de cet outil, on peut citer l’amélioration, dans un délai très court, du traitement des opérations de prédédouanement. Un résultat dont on doit se féliciter et féliciter les initiateurs parce qu’il n’était pas acquis d’avance. Pour y arriver, il a fallu l’implication des uns et des autres dans le processus. Il convient de le souligner parce que cela n’a pas été toujours le cas. Nous sommes dans un secteur qui regroupe des acteurs aux intérêts divers, parfois divergents ou antagonistes ; chacun préoccupé à préserver ses acquis, parfois même au détriment du pays. C’est dire que l’avènement du GUOCE qui vient mettre notre pays au diapason des nations modernes était déjà un challenge. Là-dessus et pour une fois, le Gouvernement s’est montré rigoureux et méthodique. Le second challenge était de lever les résistances, sans doute naturelles, qu’appelle toute réforme. Là également c’est une réussite, car visiblement acteurs publics et privés ont compris la nécessité qu’il y avait à se donner la main pour permettre au Guoce d’être vraiment opérationnel. Les réformes ont l’habitude de piétiner au Bénin. Quand il s’en trouve qui marche, il faut avoir le courage de le reconnaitre.
Des résistances naturelles mais non justifiées.
Autant il faut applaudir l’avènement du GUOCE, autant il faut comprendre les quelques voix discordantes ou même de réprobation qui se sont élevées. Elles ont d’ailleurs été relayées par les médias. Ce qui est normal en démocratie. Toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer pour peu que cela reste dans le cadre tracé par la loi et que cela concourt au bien du pays. Et c’est justement là qu’il faut mettre un bémol à ces réactions qui semblent s’opposer à l’avènement du GUOCE. Il s’agirait d’acteurs du système qui ne trouveraient pas leurs comptes dans cette révolution, mais en réalité ces dits acteurs qui ont choisi de ramer à contre courant de l’évolution ne sont rien d’autres que ces opérateurs informels connus sous le vocable de « transitaires ambulants ». Les transitaires ambulants sont le produit d’un système. Ils sont une réponse à un problème. Celui de l’insertion de milliers de diplômés sans emploi qui ont trouvé au Port un cadre d’intervention pour se prendre en charge tout en offrant des services aux usagers. Cela a duré le temps que cela pouvait durer. Il y a lieu de comprendre aujourd’hui que ces temps sont révolus et que le Bénin et son Port doivent se mettre au pas pour ne pas rater le train de la modernité et jouer les derniers rôles dans la sous-région. Il y a lieu peut-être d’avoir un regard pour cette catégorie d’acteurs appelée à disparaitre, mais il est une vérité qu’on ne peut pas arrêter le progrès et donc le GUOCE. Il y va de l’intérêt de tous, tant il est vrai que l’intérêt général doit primer sur les intérets de groupe ou de quelques individus.
Assan AKRO