Les départements de l’Atlantique et du Littoral changent officiellement de commandement. Epiphane Quenum a pris, hier lundi 31 août, les commandes des mains de son prédécesseur, Placide Azandé, qui a passé environ quatre années et demie à la tête de l’administration préfectorale, après avoir été nommé récemment ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et des Cultes (MISPC). La signature du procès-verbal et l’échange de parapheurs ont eu lieu à la préfecture de Cotonou.
L’engouement et l’ambiance dans l’enceinte de la préfecture de Cotonou hier étaient à la hauteur de l’évènement. Le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral sortant, Placide Azandé, a cédé son fauteuil à Epiphane Quenum, devant autorités politico-administratives à divers niveaux, agents de la préfecture, parents, amis, conducteurs de taxi-moto et autres curieux, fortement mobilisés pour la circonstance.
L’ancien député à l’Assemblée nationale, officiellement investi dans ses nouvelles fonctions, n’a pas tardé à dévoiler sa feuille de route. Il souhaite attacher son action à de nouvelles valeurs à la tête de la préfecture, en jouant avec les mêmes cartes dont il s’était servi à la Représentation nationale. «J’ai changé d’action, non pas de rôle. Je ne suis ni plus, ni moins dans l’action gouvernementale, mais mon rôle demeure ‘’servir le peuple», dit-il en exhortant ses collaborateurs à bannir certaines habitudes de leurs comportements. «Les citoyens doivent considérer la loi, les agents des services doivent mépriser la paresse, l’abus des biens sociaux et la corruption, les maires seront justes et modérés, l’autorité préfectorale attentive, responsable, intègre et incorruptible. Il n’y aura ni vanité, ni luxe, ni mépris», a indiqué le préfet entrant, Epiphane Quenum, qui ajoute que la somme des intérêts individuels et égoïstes ne fera pas l’intérêt général. Sur ce point, il promet de lutter contre la ‘’monétarisation’’ de la délivrance des actes et documents d’état civil, le bradage des domaines publics et des réserves administratives, l’expropriation abusive des citoyens….
Etre loyal
«Moi préfet, je jure d’être loyal et de ne servir que cet intérêt commun», promet-il.
Avant de permettre à son successeur de dévoiler son cahier des charges, le préfet sortant, désormais ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et des Cultes, Placide Azandé, a exprimé sa fierté d’avoir bien achevé son mandat. «Je pars de la préfecture avec le sentiment d’avoir bien accompli ma mission», se réjouit-il.
Son sentiment ne sera pas entièrement partagé par le secrétaire général du Syndicat de la préfecture, Honorat Akodjènou, qui dresse un bilan plus ou moins reluisant. S’il salue ses actions sociales à l’endroit du personnel, et son esprit d’anticipation dans la gestion de certains dossiers, il ne s’est pas empêché de fustiger sa gestion solitaire et hasardeuse de l’administration territoriale.
Le secrétaire général du syndicat rassure le préfet entrant de la disponibilité des travailleurs à l’accompagner. Les principaux défis qu’il devra relever, indique-t-il, concernent le redéploiement du personnel au niveau des services clés de la préfecture, la poursuite et l’achèvement du bâtiment annexe, la mise en service du groupe électrogène 400 KVA.
Le secrétaire général des départements de l’Atlantique et du Littoral, Basile Aya, empruntera la même démarche pour mettre le nouveau préfet devant ses responsabilités. Le préfet, rappelle-t-il, est le « dépositaire de l’autorité de l’Etat dans le département. Il est l’unique représentant du gouvernement et de chacun des ministres pris individuellement…, il exerce la tutelle des collectivités territoriales et le contrôle de la légalité de leurs actes…». Une mission qu’Epiphane Quenum entend bien acccomplir avec le concours des maires sous sa tutelle.
Présentation des départements de l’Atlantique et du Littoral
Le nouveau préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, Epiphane Quenum a pris fonction dans un contexte spécial. La passation de charge est intervenue au lendemain de l’installation des conseils communaux et à la veille de l’élection présidentielle de 2016. Il est le septième préfet à occuper ce fauteuil depuis l’avènement du Renouveau démocratique au Bénin.
L’Atlantique et le Littoral dont il hérite, font partie des départements phares du Bénin. L’Atlantique est l’un des douze petits départements du pays de par sa superficie qui est de 3233 km2. Il s’étend sur 100 km de la côte vers l’intérieur du pays et regroupe huit communes, à savoir, Abomey-Calavi, Allada, Zê, Ouidah, Kpomassè, So-Ava, Tori-Bossito et Toffo.
Quant à celui du Littoral, il est constitué d’une seule commune, Cotonou, avec une superficie de 79 km2. Il est composé de treize arrondissements subdivisés en 144 quartiers de villes. Il a une population de 678 874 habitants.
Des rivalités entre Adjovi-Azandé exposées au grand jour
Alors qu’il s’apprêtait à prononcer son discours, le préfet sortant, Placide Azandé, s’est pratiquement vu arracher le micro par le doyen des maires des départements de l’Atlantique et du Littoral, Sévérin Adjovi. Il a profité de la cérémonie pour exposer au grand jour ses démêlées avec lui.
S’adressant ensuite au préfet sortant, il a tenu à faire quelques rectificatifs. «J’aurai manqué à mon devoir d’honnêteté, si je ne soulignais pas à l’endroit du préfet entrant, les difficultés que nous avons rencontrées avec son prédécesseur», s’est-il empressé d’indiquer. « Nous ne sommes pas de petits maires», dira-t-il. « Nous sommes des élus du peuple. Ne négligez jamais les maires. Vous nous devez tout le respect dû à notre rang », explique-t-il au préfet sortant. Sévérin Adjovi déplore surtout son immixtion dans des affaires même d’ordre familial, en lieu et place d’un accompagnement franc et sincère».
En guise de réponse du berger à la bergère, Placide Azandé, saisira aussi la balle au bond. «L’on ne saurait être apprécié de tous de la même manière », rectifie-t-il. Pendant que l’ancien maire de Cotonou, Nicéphore Soglo, salue la collaboration entre l’administration municipale et celle préfectorale sous mon mandat, d’autres la décrient », a-t-il nuancé. Heureusement que je ne pars pas d’ici les larmes aux yeux, encore moins dans un cercueil, a-t-il répondu, soulignant que ce sont les plus proches qui s’attaquent souvent en politique.
Maryse ASSOGBADJO