Le Port de Cotonou est résolument engagé pour reconquérir sa clientèle et améliorer ses performances. Il a bien pris ses marques en adoptant une démarche méthodique qui a consisté à se remettre en cause et tirer les leçons qu’il faut pour avancer. C’est cette méthode qui a conduit à l’initiative de la Journée de la renaissance portuaire qui s’est déroulée hier, mardi 1er septembre 2015, à Azalaï Hotel sous la présidence des ministres d’Etat Komi Koutché et Géro Amoussouga.
Dans un premier temps, il est revenu aux directeurs généraux de la douane et du Port autonome de Cotonou de présenter les grandes lignes des réformes dans leurs structures respectives, le parcours déjà réalisé et les perspectives. Le général Charles Sèzan et Samuel Batcho ont d’abord présenté les causes des difficultés actuelles avant de formuler des approches de solutions.
Le Directeur général des affaires économiques, les importateurs, les transporteurs et les commissions en douane ont aussi donné leurs perceptions de la situation qui prévaut au niveau du Port de Cotonou.
Il a ainsi été révélé les facteurs externes et internes.
Au nombre des facteurs externes, on peut noter la dépréciation de l’Euro par rapport au Dollar américain, la Faiblesse de la valeur du naïra par rapport au FCFA, les incertitudes politiques au Nigéria et la situation sécuritaire au nord du pays, la baisse des cours du pétrole, les mesures incitatives au Nigéria pour encourager l’importation directe par ses ports. Conséquences logiques de ces situations, il y a une hausse du coût des commandes des importateurs, une baisse de la demande en provenance du Nigéria, la baisse du flux de marchandises destiné au grand carrefour commercial de Kano, la baisse des importations par le Port de Cotonou, etc.
Face à ce diagnostic des causes externes et leurs implications, l’ensemble des acteurs portuaires préconisent une redynamisation de la veille économique et financière.
Des facteurs endogènes aussi
L’étude diagnostique s’est étendue aussi aux problèmes endogènes. De ce côté, on retrouve entre autres le non accostage et appareillage de nuit des navires, l’occupation inutile des quais par certains navires induit par l’arrêt des activités de manutention à partir d’une certaine heure, les absences de l’Immigration, de la Santé et de la Douane aux réunions quotidiennes de placements des navires, le coût élevé du tracking et le service non rendu ainsi que le coût élevé des frais d’acconnage liés à l’enlèvement des marchandises. On constate aussi les longs délais de remboursement des droits consignés au Trésor, la non révision du tarif des frais d’enlèvement direct des véhicules d’occasion en transit, le prélèvement de 2000 FCFA sur le BFU des marchandises générales en transit, la suppression des crédits de droits et taxes pour l’enlèvement pour les produits pétroliers et les tracasseries policières sur les corridors béninois
Des solutions concrètes pour renaître
Les problèmes diagnostiqués ne sont pas restés sans solutions. C’est d’ailleurs là tout l’intérêt de la Journée de renaissance portuaire. Non seulement les solutions ont été identifiées mais les acteurs devant agir ont été ciblés avec des délais précis d’actions.
Ainsi, le port autonome de Cotonou, la douane, le Ministère de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation, le Ministère de l’économie maritime et des infrastructures portuaires, le Ministère de la santé, le Conseil national des chargeurs du Bénin, le trésor public, le Ministère de l’intérieur, la police nationale et autres structures ont été situés sur les actions qu’ils doivent menés dans l’immédiat pour donner un nouveau visage au port de Cotonou.
Organiser les différentes équipes du Port pour un travail 24H/24, rendre effectives les opérations de manutention sur les marchandises 24H/24, responsabiliser la capitainerie à l’effet de rendre compte des absences aux autorités de tutelle pour la prise de sanctions, exécuter effectivement le service et prendre un arrêté interministériel pour amener le coût à 50.000 FCFA… sont entre autres les actions urgentes énumérées.
Il s’agit aussi pour chacun des acteurs portuaires concernés d’œuvrer pour aligner les frais d’acconnage sur ceux du Togo, de normaliser les chèques mis à la disposition de la Douane, pour le remboursement des frais de déconsignation et de supprimer définitivement ce prélèvement.
Dans le même temps, ils doivent aboutir à la création d’une procédure flexible et rapide pour le paiement des frais d’enlèvement des produits pétroliers, l’organisation de la veille sur le respect des dispositions communautaires en matière de nombre de postes de contrôle, l’actualisation des tarifs, le renforcement du dispositif sécuritaire dans l’enceinte portuaire, l’éclairage de la bande des 200 m suivant les normes requises, l’attribution de nouveaux sites aux transporteurs des pays de l’hinterland et la création d’une structure de communication en direction des pays de l’hinterland.
Un suivi rigoureux du gouvernement
Dans cette mission de relèvement du port de Cotonou, le gouvernement est pus que déterminé. Il s’engage fermement et avec rigueur à suivre les mesures préconisées. C’est du moins ce qu’ont fait entendre les ministres d’Etat Komi Koutché et Géro Amoussouga. Cette mise en œuvre des actions démarrera dès que le conseil des ministres aura validé le plan proposé.
Selon le ministre d’Etat chargé des OMD et des ODD, il est temps que les décisions du gouvernement soient respectées par tous les acteurs portuaires. Tous ceux qui s’y opposeront vont subir les rigueurs de la loi car selon lui, « il importe d’agir immédiatement pour que le port de Cotonou soit opérationnel 24h/24. Il est temps que les résistances aux changements cessent… La renaissance du port de Cotonou suppose que chacun reconnaissance ses limites et se remette en cause comme cela se fait actuellement ».
Son collège de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation est allé dans le même sens. Komi Kouché a indiqué qu’il veillera personnellement à l’application diligente des mesures une fois que le gouvernement aura validé les mesures proposées. Mais d’ores et déjà, il a mis en place un comité paritaire constitué des cadres de l’administration et des autres acteurs de la plate forme portuaire. Un comité qui des séances mensuelles d’évaluation.
Cell com MEFPD