L’année 2015 est celle de l’évaluation du cheminement du Bénin vers l’élimination de la transmission du Vih/Sida de la mère à l’enfant. Même si le Bénin plane en tête sur les indicateurs de la Ptme, d’après les enquêtes, des défis restent à relever au regard des exigences du financement du Fonds mondial. Au nombre desquels, les recyclages des médiateurs et médiatrices qui sont en amont dans la prise en charge de la mère séropositive et de son enfant.
Ils sont incontournables dans la mise en œuvre du protocole de la Prévention de la Transmission Mère/Enfant du Vih (Ptme). Les médiateurs et les médiatrices ont joué un rôle qui facilite l’accès des femmes au protocole de la Ptme. Aux dires de Mme Cica Tessy, le rôle des médiateurs et des médiatrices est de sensibiliser les femmes quand elles viennent aux consultations prénatales afin qu’elles fassent le test de dépistage pour connaître leur état sérologique. Si ce test se révélait positif, ils les prennent en charge. D’abord, ils leur remontent le moral et ensuite, les amènent à se mettre sous antirétroviraux (Arv). «Sans consentement des femmes, les médiateurs que nous sommes, ne pouvons effectuer ces visites à domicile. Si le consentement est requis, notre rôle est de nous assurer de la prise rigoureuse des Arv. C’est également une occasion de les écouter par rapport aux différents problèmes qu’elles posent. Ces visites nous permettent aussi de suivre le nouveau-né, si la femme a déjà accouché. Sur ce point, nous observons l’allaitement et rappelons les dates de prélèvement de l’enfant. Tout ceci, pour rester dans la dynamique de la prévention de la transmission du Vih/Sida au nouveau-né », explique la médiatrice Cica Tessy.
Les visites à domicile ne sont pas un handicap
Des explications données par des médiateurs rencontrés sur les sites à Calavi et au Cnhu, contrairement à ce que pensent bon nombre de personnes, les visites à domicile ne constituent pas un handicap pour l’efficacité de la Ptme du moment où le rendez-vous à la maison n’est pas le seul cadre de suivi de la femme séropositive enceinte ou allaitante. Elles se rendent sur les sites pour prendre les médicaments en cas d’épuisement du stock ou pour les consultations pré ou post natales. Ce sont des occasions pour le médiateur de rentrer en contact avec ces dernières pour exécuter sa mission. Pour ces médiateurs, ce qui pourrait constituer un handicap à l’efficacité de la Ptme est le manque d’intrants. « Nous avons connu des cas où vous suivez la femme pendant trois mois, et au moment où cette dernière se décide à se faire dépister, on est confronté à des ruptures. Le même cas se produit pour les enfants où il peut manquer de réactifs pour la Pcr et se convaincre de la réussite de l’accouchement qui vient d’être fait. Ce sont des situations connues il y a environ 12 mois, qui se conjuguent au passé, dont il faut néanmoins redouter le retour », fait remarquer Cica Tessy. Un autre facteur qui perdure dans le temps est l’insuffisance des moyens mis à la disposition des médiateurs pour se déplacer et communiquer avec les clientes. A cet effet, les médiateurs rencontrés suggèrent que cet appui passe de 10.000 à 30.000 Fcfa. « Généralement, les femmes à suivre ne sont pas dans le rayon du site et il arrive très souvent que, celles qui ont des téléphones portables, vous bipent et il vous revient de les appeler pour qu’elles exposent leur situation, le temps que durera cette communication. En outre, lors de vos points journaliers, si vous constatez qu’une femme est en retard dans le renouvellement de ses médicaments, il vous revient de le lui rappeler au nom de la vie de la mère et de celle de l’enfant à sauver. Evaluez le coût de ces dépenses pour deux à six femmes à suivre au cours du mois, et vous verrez », renchérit Nelly, médiatrice au Cnhu.
Les difficultés des médiateurs
Certains problèmes sur le terrain dépassent leurs compétences, ont confié bon nombre de médiateurs. Avant de démarrer leur mission, ils bénéficient d’une formation de 10 jours. Des formations de recyclage pour ces médiateurs apporteront des solutions à certaines difficultés, estiment-ils. Ces recyclages, d’après eux, leur permettront de soumettre à leurs supérieurs hiérarchiques leurs difficultés, discuter des cas rencontrés sur le terrain et faire des simulations éventuelles afin d’anticiper sur des cas rencontrés par d’autres médiateurs sur d’autres sites. Ces temps de recyclage, toujours selon eux, seront aussi un tremplin pour les mouler dans les nouvelles indications que donne l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) sur la prise en charge des patients souffrant du Vih/Sida. « Les recyclages nous paraissent importants. Des séances de trois jours dans ce sens apporteront une plus-value à nos rendements ». Outre ce volet formation, les médiateurs déplorent toutefois le cadre d’accueil des clientes. « Nous ne sommes pas à l’abri des intempéries et ne respectons pas le droit de ces femmes à bénéficier d’un suivi médical décent ». Autre attente de ces agents, c’est de voir leur travail sécurisé. Ils lancent un appel aux partenaires financiers afin qu’ils prennent en compte ces différents volets dans la prise en charge des femmes séropositives enceintes ou allaitantes.
Victorin Fassinou (Avec la Collaboration de Ceradis Ong)