Alors que la précarité ambiante sévit et que le revenu moyen du citoyen ne cesse de diminuer, les ressources des entreprises publiques sont gaspillées par les autorités de l’Etat.
L’opinion publique doit être informée de ce nouveau scandale de fin de règne du Président Boni YAYI.
La loi 2014 – 14 du 09 Juillet 2014 relatives aux communications électroniques et à la poste en République du Bénin, définit l’accès /service universel comme l’offre minimale au public sur l’ensemble du territoire national de services de communications électroniques à un prix abordable et ce dans le respect des principes d’égalité, de continuité et d’universalité. En d’autres termes, l’accès/service universel est la possibilité pour chacun d’avoir accès à des installations et services de communication mis à la disposition du public. En règle générale, cet accès est assuré par les publiphones, les télécentres communautaires et les terminaux communautaires d’accès à internet ou plus généralement à des points d’accès de services payants, à la possibilité de procéder gratuitement à des appels d’urgence et en garantit l’accès aux personnes handicapées. A ce titre d’ailleurs, la loi proclame que toute personne a droit à la communication électronique et prévoit que le cadre règlementaire de l’accès/service universel mis en place par le Ministère en charge des Télécommunications doit être juste et transparent et promouvoir l’accès aux TIC et aux services postaux et financiers dans la cadre d’une politique dont les modalités sont déterminées.
La loi a mis en place en conséquence l’Agence Béninoise de Service Universel des Communications Electroniques et de la Poste (ABSU – CEP). Celle-ci est administrée par un Conseil National d’Orientation chargée notamment d’élaborer les cahiers de charges des programmes de Service Universel des Communications Electroniques et de la Poste et la mise en œuvre de ces programmes. Elle est financée par une contribution prélevée sur le chiffre d’affaire des opérateurs de communications électroniques.
C’est dans les contributions de l’ABSU-CEP que le pouvoir veut puiser, en violation de toute l’architecture légale ci-dessus rappelée, une somme de deux milliards (2.000.000.000) de francs CFA au profit de la société MEDIA CONTACT dont le promoteur est Monsieur Claude PADONOU.
Claude PADONOU, gérant de la société MÉDIA CONTACT, est le promoteur d’un obscur projet privé de centre d’appel. Un centre d’appel est un ensemble de moyens, humains, immobiliers, mobiliers et techniques, qui permet de prendre en charge la relation à distance entre une marque, un client, une entreprise et son marché ou sa clientèle. Canal+ utilise ce genre de centre pour vous rappeler le renouvellement de vos abonnements. Le centre d’appel est le plus souvent concrétisé par un ou plusieurs espace(s) de bureaux où sont distribués des appels téléphoniques, mais aussi des courriels, des courriers, etc. Les travailleurs y sont employés souvent sur la base de contrats précaires permettant d’éviter de lourds engagements et de favoriser la rentabilité du service qui est facturé aux entreprises. Cette rentabilité est fonction de deux éléments : le coût du travail et le coût de la communication.
Le projet de centre d’appel en soi n’est pas soumis à l’avis et à l’approbation de l’ABSU-CEP. Aucun programme n’a été élaboré et encore moins un cahier de charges. L’ABSU-CEP n’a lancé aucun appel à projet pour avoir à débloquer 2.000.000.000 de francs CFA au profit d’une société privée. Le projet centre d’appel n’a pas été agrée par l’ANPE ni étudié par aucun organisme comme étant la stratégie idoine et pérenne de lutte contre le chômage ou favoriser le recrutement des jeunes au Bénin. Mais le chef de l’Etat a rendu visite à Monsieur Claude PADONOU et aurait décidé d’allouer à MÉDIA CONTACT deux milliards de francs CFA pour ce projet qui soi-disant aiderait à favoriser l’emploi des jeunes.
Faut-il désormais débloquer l’épargne des sociétés privées, les fonds destinés au développement du secteur des télécommunications au Bénin pour financer les œuvres personnelles d’un ami, nourrir les enfants des amis ou la campagne électorale ? L’Etat est-il devenu une banque d’amis ? En effet, aucune loi n’a fixé les modalités d’un contrat d’emploi des jeunes pour leur insertion professionnelle dans la mise en place d’un tel projet privé. De même, aucune loi non plus n’a fixé les modalités, les obligations et les exigences pour bénéficier d’une aide publique de l’Etat au profit d’un projet privé. Il n’a été mis en place aucun contrôle du recrutement des jeunes pour ce projet de centre d’appel. Comment justifier l’emploi de l’argent public au profit d’une société privée en toute transparence ?
L’entreprise est grotesque et paradoxale au moment même où sous prétexte d’une remarque de la Banque Mondiale, le Gouvernement du Bénin, a décidé d’augmenter le prix des communications internes et internationales. Ainsi, c’est pendant qu’on rend les communications plus chères au Bénin qu’on veut promouvoir le commerce des centres d’appel. N’y a-t-il pas en cela une absurdité, une incohérence ?
L’ABSU–CEP est en tout cas réunie en session extraordinaire pour débloquer la somme de deux milliards F CFA manu militari au profit de cet heureux bénéficiaire.
A suivre.
Maître Jacques A. MIGAN
Ancien Bâtonnier