Le président de l’Assemblée Nationale a livré à New York lors de la quatrième conférence mondiale des Présidents de Parlement un discours qui s’est accentué sur le règlement des conflits dans les pays en crise. C’était le mardi 01 septembre 2015, au cours des travaux de la deuxième journée de cette assise qui aura duré trois jours et a pris fin le mercredi 02 septembre dernier.
Me Adrien Houngbédji a incité les citoyens ainsi que les gouvernants de ces pays à privilégier le dialogue, qui selon lui est le seul gage d’une nation prospère. Il a également rassuré les participants de cette conférence du soutien de l’Assemblée Nationale du Bénin à jouer sa partition dans le règlement des conflits en Afrique et dans le monde. Le rôle du parlementaire et celui de l’Union Interparlementaire n’ont pas été occultés dans le speech du n°1 des députés béninois. (Lire ci-dessous l’intégralité de son discours).
Discours de l’honorable Adrien Houngbédji, Président de l’Assemblée nationale de la république du Bénin à la quatrième conférence mondiale des présidents de Parlement, New York, le 1er septembre 2015
– Excellence Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies ;
– Excellence Monsieur le Président de l’Union Interparlementaire,
– Excellences Mesdames et Messieurs les Présidents des Parlements nationaux et chefs de délégation,
– Honorables parlementaires, chers collègues.
Je voudrais d’abord joindre ma voix à celles des éminents orateurs qui m’ont précédé pour exprimer ma vive gratitude à l’endroit du Président Saber Chowdhury et du Secrétaire général Martin Chungong, à l’endroit de tout le personnel de notre organisation commune, pour toutes les marques d’attention dont ma délégation et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée à New York, ainsi qu’à l’endroit du comité d’organisation, pour la minutieuse préparation de cette 4ème Conférence mondiale des Présidents de Parlement.
Honorables Parlementaires,
La fin de la guerre froide nous avait donné l’illusion de la fin des conflits armés. Hélas, les conflits violents ont connu, ces dernières années, une soudaine prolifération. Nous assistons même à une réinvention, voire un raffinement dans les phénomènes conflictuels, à travers non seulement leur nature, la nomenclature des armes utilisées, mais aussi la qualité des acteurs belligérants.
Ces fléaux font peser de réelles menaces sur l’atteinte des Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) dans nos pays. Ils appellent de notre part, des réponses urgentes, en vue de conjurer le mal et d’améliorer la qualité de vie de nos mandants. Nous devons entreprendre des actions diligentes, en termes de promotion de la démocratie et de l’Etat de droit, de renforcement de nos institutions républicaines, de promotion de la bonne gouvernance, ainsi qu’un meilleur exercice de notre mandat de contrôle de l’action gouvernementale.
Notre responsabilité est grande. En notre qualité de législateur, il nous revient de veiller à doter nos pays de lois, qui promeuvent essentiellement la bonne gouvernance et la réduction des inégalités. En notre qualité de contrôleur de l’action gouvernementale, nous devons surveiller les budgets relatifs aux armements et la circulation des armes.
Au-delà de ce rôle habituel, nous devons nous assigner la mission sacerdotale de l’éducation de nos populations à la tolérance en général, à convaincre chacun de nos mandants que l’autre n’est point l’enfer, mais au contraire une source de bonheur partagé.
Chers collègues parlementaires,
La succession des événements nous place devant une alternative, soit nous opérons des choix justes et viables et ainsi, nous aurions préservé l’avenir des générations prochaines, soit nous nous enlisons dans l’inertie de nos indécisions et l’histoire nous rattrapera quelles que soient notre puissance et nos richesses.
Elle confirme la vanité des approches strictement militaires et renforce la nécessité de régler les différends nationaux par le biais du dialogue et de la concertation. C’est pourquoi, nous devons nous évertuer à faire évoluer les hommes d’une logique de destruction mutuelle à une logique de construction et de développement partagé. La modernisation croissante des technologies de la communication, l’effritement des frontières, ainsi que la mondialisation, ont rendu globaux les problèmes de sécurité. La hausse du taux de chômage dans les pays en voie de développement, les effets induits par la crise libyenne sur le Mali et sur le reste de la bande sahélo-saharienne, les suites imprévues du printemps arabe dans le reste du monde, nous démontrent, s’il en était encore besoin, la forte imbrication des relations internationales et le caractère transnational des problèmes de paix, de sécurité et de développement. Nous devons nous donner les moyens de prévenir les conflits à leur racine, de réduire les menaces de violences.
Nous devons aussi éviter que ne s’installent la misère et la précarité qui sont autant de sources de déstabilisation de nos Etats. Comme vous le savez, 1,3 milliard d’hommes et de femmes, soit près du cinquième de la population mondiale, vivent sous le seuil de la pauvreté, et sont contraints de satisfaire leurs besoins élémentaires avec moins d’un dollar par jour.
C’est dire à quel point, la question de l’éradication de la pauvreté, de la faim et de la précarité constitue un des axes majeurs de la politique de prévention des conflits de ce siècle et de ceux à venir. La problématique est claire : sans un monde débarrassé de la faim, où les fruits de la croissance seront répartis avec plus d’équité et de justice, nous laisserons sur l’agenda des relations internationales, d’importantes fissures dans lesquelles s’incrusteront les extrémistes de tous acabits.
Il y a lieu de se féliciter des efforts déployés depuis le Sommet de Rio+20 pour doter la communauté internationale d’un programme articulé autour des Objectifs de développement durable qui intègrent les Objectifs du millénaire pour le développement inachevés et prennent en compte les trois dimensions du développement durable.
Son objectif majeur étant de ne laisser personne de côté tout en préservant la planète, l’assistance de la communauté internationale doit être focalisée sur les pays les plus pauvres et les couches sociales les plus vulnérables, en particulier les Pays les moins avancés qui se situent au bas de l’échelle de développement.
Les difficultés que ces pays rencontrent pour accéder aux ressources disponibles pour le financement des mesures d’adaptation aux changements climatiques, méritent une attention particulière.
Chers collègues Parlementaires,
C’est ici le lieu, de saluer les efforts sans cesse renouvelés de l’UIP, notre organisation commune, pour appuyer le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.
A cet égard, l’Assemblée nationale du Bénin est disposée à jouer sa partition auprès de l’Union interparlementaire en vue de la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique et dans le reste du monde.
Mesdames et Messieurs,
Je ne saurais terminer mon propos, sans féliciter une fois de plus le Président de l’Union interparlementaire pour les initiatives remarquables qu’il ne cesse de prendre en vue de réformer notre institution et la rendre plus apte à répondre aux défis de son temps.
Pleins succès à nos travaux.
Je vous remercie.