Au fur et à mesure que l’on s’approche de la date fatidique pour la tenue de prochaine présidentielle, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), actuelle coalition politique au pouvoir, ne finit pas de nous révéler les fortes dissensions voire divisions qui couvent en leur sein. Au jour le jour, les murs de la forteresse politique du Chef de l’Etat se lézardent par l’annonce, en cascades, de candidatures à la présidentielle des caciques de ce clan au biberon depuis, le 06 avril 2006. C’est une épreuve difficile qui fait croire que le leader des Fcbe n’a plus la main sur les commandes.
Aujourd’hui, c’est un euphémisme d’affirmer que la désolation, la déception, l’amertume voire la débandade ou le sauve-qui-peut s’installent, peu à peu, dans le camp des partisans de l’actuel Chef de l’Etat arrivé au pouvoir le 06 avril 2006. La nasse Fcbe se vide inexorablement de ses « poissons ». Tel un pêcheur ignorant que le délai de garantie de solidité de sa nasse est arrivé à terme, Yayi Boni fait l’amer constat, depuis quelques temps, que ses beaux habits s’effilochent de jour en jour. La marche semble inexorable … Le député Sacca Lafia lui avait déjà prédit sa fin. Et, il y rétorqua comme à l’accoutumée, de façon maladroite : « Moi, Yayi Boni finit ! Ils ont menti… ». Mais qu’est- ce qu’il remarque comme nous aujourd’hui dans son entourage ? Des caciques de Fcbe l’abandonnent en pleine lutte contre les « amis d’en face ».
Plus rien ne pourra arrêter les ambitions de ceux-là qui, hier, étaient à table et que le Chef a décidé, du jour au lendemain, de congédier. Un parmi ces téméraires qui osent affronter le leader des Fcbe, n’a t-il pas annoncé les couleurs : « Soyons nous-mêmes ». Réveil tardif ou mieux vaut tard que jamais ?
Dans tous les cas, à l’allure où des ambitions présidentielles se révèlent au sein des Fcbe, on peut affirmer que le roi se trouve de plus en plus seul. Cela est d’autant vrai que Yayi Boni n’a pas encore désigné un dauphin pour lui assurer ses arrières pendant que certains de ses lieutenants ont décidé de le défier en plein jour. En quelque sorte, une raclée qui lui est assenée en plein visage avec fracas…Gbannn !!!
Lorsqu’on sait que leur leader utilise souvent les méthodes assez dissuasives pour obtenir ce qu’il désire, on est d’autant plus fondé à affirmer que les Fcbe sont en train de connaître, au soir du mandat constitutionnel de Yayi Boni, le même sort létal que l’Union pour le Bénin du futur (Ubf), coalition politique ayant soutenu le président Mathieu Kérékou, prédécesseur de Yayi Boni à la tête du Bénin. La maison politique de l’actuel Chef de l’Etat se vide de ses militants pas des moindres. Ceci est d’autant vrai que ceux-là qui abandonnent Yayi Boni ont été, les uns ou les autres, ses ministres, ses députés ou encore Directeurs généraux de Sociétés d’Etat nommés par lui. Mais aujourd’hui, ils lui tournent casaque sans attendre avoir son onction pour prétendre lui succéder à la magistrature suprême. C’est un grand désaveu pour l’homme du Changement ou de la Refondation qui pensait encore avoir le droit de vie ou de mort sur tout. Il vient ainsi d’être désillusionné par des garçons qui lui ont montré avoir des biceps bien bombés. Sa méthode de tout régenter n’a pas marché avec tous les brebis de sa bergerie.
Les téméraires
Ils ont noms Bonaventure Aké Natondé, Soumanou Séïbou Toléba, Karimou Chabi Sika… qui se sont déjà volés dans les plumes à Yayi Boni pour annoncer à sa barbe leurs candidatures respectives à la présidentielle de 2016. A ceux-ci, il faut ajouter son ancien ministre de la Défense nationale, M. Issifou Kogui N’Douro qui s’annonce aussi déjà dans le starting-block via les réseaux sociaux où il est très actif. On n’évoquera pas ici la nébuleuse Pascal Irénée Koupaki, ex 1er ministre de Yayi Boni qui est friand des illusions.
Ces différentes candidatures qui viennent de s’annoncer sonnent comme un vrai défi lancé à l’endroit de l’actuel leader des Fcbe au sein desquelles les intéressés militaient pour le triomphe de ses idéaux. D’aucuns apprécient leurs actes comme de gros pavés lancés dans le jardin de Yayi Boni pour l’amener à sortir de sa réserve parce que le connaissant émotif et réactif comme l’a si bien diagnostiqué un de ses lieutenants qui plus est médecin de son état, l’ex député André Dassoundo. C’est une effronterie à Yayi Boni cloué au pilori parce qu’ils croient ne plus rien lui devoir. Comme un malheur qui s’abat sur la maison Fcbe, c’est au moment où le Chef de l’Etat est tourmenté voire cauchemardé par l’annonce de la candidature de son ex sponsor en politique, l’homme d’affaires Patrice Talon que des lieutenants sur qui, il pourrait encore compter pour finir son mandat, ont choisi de lui tourner dos.
Tel un roi abandonné par ses chefs de guerre, Yayi Boni vit de très mauvais jours à quelques six mois de la fin de son 2ème et dernier mandat constitutionnel. Alors, qu’il devrait s’attendre à ce que ses fidèles lieutenants dressent autour de lui une forteresse infranchissable, Yayi Boni est contraint de voir les murs de sa résidence politique tomber un à un. C’est donc la mort dans l’âme qu’il observe la valse d’annonces tous azimuts de candidatures de ses lieutenants politiques. Le désarroi s’installe donc dans le camp de Yayi Boni.
Des observateurs et analystes politiques avaient prédit qu’au lendemain des dernières élections législatives, Yayi Boni saura en réalité ses vrais amis ou lieutenants dociles sur qui, il pourra compter jusqu’au dernier jour de son départ du pouvoir. La prévision n’a pas manqué. D’aucuns pourraient dire que les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Yayi Boni est en train de récolter les fruits de ce qu’il a semé durant presque dix ans de pouvoir.
En réalité, Yayi Boni est ce Président de la République au Bénin qui s’est fait plus d’ennemis que d’amis pendant son règne. Et oui, ce fut un roi qui a régné ! soutiendraient certains. Un potentat diraient d’autres, à voir la manière dont il a foulé aux pieds tous les acquis démocratiques chèrement obtenus au lendemain de la Conférence des forces vives de la Nation de février 1990. Alors que les uns et les autres ont œuvré pour son avènement au pouvoir, l’homme de Tchaourou s’est attelé durant ses deux mandats, à chercher des noises à presque tous ses grands partisans dans les domaines sociopolitiques et économiques au point de conduire l’ensemble des pôles de développement du Bénin dans un gouffre à quelques mois de la fin de ses fonctions présidentielles. Ne parlons pas de ce qu’il a fait des Institutions de la République consacrées constitutionnellement. Elles sont caporalisées voire instrumentalisées pour servir le seul dessein du Chef ; celui-là qui pense et l’a même hideusement déclaré : « Au Bénin, après Dieu, c’est moi Yayi Boni ». Vanité des vanités… !!!
Les jours de la déchéance approchent et finiront forcément par arriver dès le 06 avril prochain. Si non, comment se fait-il que depuis l’ère du renouveau démocratique, c’est maintenant et seulement maintenant, sous le pouvoir de Yayi Boni, que des membres d’une Institution républicaine comme la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) en sont contraints à boycotter une session de travail. Si vous ne rendez pas service au « dieu du Bénin », vous avez la punition au bout. Vous êtes sevré. Tchikoï ! Si seulement le ridicule pouvait tuer sous l’ère de Yayi Boni ! Indignation totale dans un pays où tout est sens dessus, sens dessous.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets
En première ligne des victimes expiatoires du pouvoir dit de Changement en 2006, c’est l’Alliance politique « Wologuèdè » qui s’est muée aujourd’hui en l’Union fait la nation (Un) qui fut vite désillusionnée des promesses attendues de l’homme de Tchaourou. Celui-ci n’a travaillé que pour diviser cette Alliance politique qui s’était ralliée à sa cause au 2nd tour de la présidentielle de 2006. Puis, dans sa quête de rester le seul maître à bord du navire politique au Bénin, il a œuvré pour tout le temps à affaiblir les partis politiques dont il a même osé traiter les animateurs, le 1er août 2012 lors d’une interview télévisuelle, de médiocres ou d’espèces en voie de disparition.
Ensuite, à l’entame de son 2ème et dernier mandat présidentiel, il persécute les hommes d’affaires par des harcèlements fiscaux. Le plus malheureux de ces hommes d’affaires à subir les affres de complexe d’infériorité congénital de ce monsieur a été Patrice Talon. Alors que celui-ci s’est opposé à son projet machiavélique voire suicidaire de révision de la Constitution béninoise pour s’éterniser au pouvoir, Patrice Talon a été contraint de s’exiler de son pays natal depuis près de trois ans. Bien que Yayi Boni ait échoué dans toutes ses tentatives à nuire physiquement à l’homme d’affaires Patrice Talon, à en croire les rumeurs qui se font de plus en plus persistantes, c’est une autre bataille qu’il se préparait à mener dans les prochains jours contre Patrice Talon, potentiel candidat à la présidentielle de 2016.
En effet, depuis que cet homme d’affaires, à travers deux interviewes audiovisuelles, a levé un coin de voile sur son intention de se lancer dans la course au fauteuil présidentiel pour succéder à Yayi Boni, le 06 avril prochain, c’est le branle-le-bas au Palais de la République où, il s’échappe au-delà des murs que son locataire est dans tous ses états. De mauvaises langues racontent même qu’il développe des torticolis à faire perdre, des fois, le sens de l’Etat. On se rappelle que l’on a lu des communiqués de Conseils de ministres stigmatisés des ethnies au Bénin et même créées des délits de parenté ! Suivez mon regard.
L’honneur de l’Etat a foutu le camp des fois au Palais de la Marina où, il se susurre que des dispositions seraient même en train d’être prises pour inquiéter le magnat du coton béninois qui, au détour de ses sorties médiatiques télévisuelles et radiophoniques, s’est intelligemment mué en homme d’Etat fait naturellement pour le job à contrario de tous les dégoûts que les Béninois ont vécu et subi depuis cette fameuse date du 06 avril 2006.
Le risque d’une saignée profonde
Visiblement, Yayi Boni vit aujourd’hui l’effondrement des murs autour de lui. Son ex Ministre de la Défense nationale, Issifou Kogui N’Douro qu’il a tôt fait de renvoyer à ses pénates jure, de nos jours, de lui rendre le coup par tous les moyens notamment dans le milieu Bariba du Nord Bénin. Il s’annonce lui aussi pour lui succéder ou à défaut se mettre dans le Tgv de Patrice Talon qui ramasse actuellement au Bénin, tout sur son chemin.
Ainsi, si à cette date rien n’est fait pour arrêter la saignée ou si Yayi Boni ne siffle pas la fin de la récréation, c’est à une pléthore de candidatures de militants Fcbe que l’on va assister au grand dam de leur leader. Effectivement, le Chef de l’Etat peine à contrôler ses brebis et s’il reste et demeure toujours inactif dans la maîtrise de sa troupe, d’autres soldats vont s’y échapper les prochains jours. C’est le cas de son actuel Vice-premier, le professeur François Abiola et incidemment son Ministre de l’Economie, le bibendum de Bantè qui n’aurait pas rempli la condition essentielle de critère d’âge à la date de dépôt des candidatures (le 28 décembre 2015) mais, que beaucoup de personnes annoncent comme étant un agitateur qui chercherait à amuser la galerie bien que le dernier tour d’adresses à la Cour constitutionnelle n’a pu réellement le sortir de son angoisse.
Si les sieurs Yacoubou Bio Sawé et Philippe Aboumon, des proches parents à Yayi Boni venaient à se mettre dans la danse, on comprendrait aisément que le roi est définitivement nu. Car, comme l’a si bien chanté feu Dossou Lètriki, artiste traditionnel béninois : « Votre malheur provient toujours de votre maison ». Yayi Boni va-t-il se laisser être la victime de sa propre gâchette ? C’est lui qui tient, pour le moment, la queue de la poêle. Mais, si Yayi Boni pouvait comprendre qu’il est réellement fini comme lui a si bien annoncé le député Sacca Lafia, il se serait contenté du peu de temps qu’il reste encore pour préparer ou négocier en douceur son départ afin de s’assurer une retraite paisible. Autrement, il ferait le lit à une fin périlleuse de son pouvoir. Jusqu’où Yayi Boni laissera t-il ses habits déchirés par ses siens ? Lui seul a la réponse à cette inquiétude qui a pris corps et se développe de façon exponentielle dans la maison Fcbe. Quelle décadence !
Apol. Emérico Adjovi