Candidature multiple ou candidature unique ? A quelques mois de la présidentielle de 2016, au sein des grands regroupements politiques, c’est le branle-bas. Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), l’Union fait la nation (Un)…L’heure est aux tractations, aux luttes intestines mais parfois à la grande réflexion autour de la stratégie de ‘‘candidature unique’’ ou ‘‘candidature multiple’’ à adopter pour un meilleur quadrillage du terrain et une victoire certaine en 2016.
Et si déjà à l’Un, chaque potentiel candidat s’évertue à montrer des muscles en vue d’avoir l’onction de l’alliance pour être le candidat unique, il est clair qu’au sein de l’état major de la plus grande alliance de l’opposition, rien ne sera décidé sans tenir compte de l’expérience de la présidentielle de 2011. En effet, avant tout, il s’agira de relever les conséquences en bien ou en mal de la candidature unique de Me Adrien Houngbédji en 2011 et d’en tirer leçons pour mieux aborder l’échéance de février 2016.
Mais d’ores et déjà, le débat est houleux. Les avis partagés. A tort ou à raison, ceux qui, à la veille de 2016, pensent fermement que la question de la candidature unique n’est pas une aubaine pour les grands regroupements politiques, mais plutôt la bombe qui les fera exploser, ont, plus que jamais, l’occasion de se faire leur religion. Et, au fur et à mesure que l’on se rapprochera de février 2016, chacun sera davantage fixé sur ses convictions.
Mais, à la vérité, il faut reconnaître que beaucoup de Béninois sont convaincus que l’expérience de la candidature unique de 2011 à l’Un a été une erreur politique et il est fort à parier que même si elle est rééditée, elle sera tout aussi improductive. Car, pour une présidentielle qui s’annonce comme celle qui enregistrera le plus de candidats sur la ligne de départ, la grande équation est de savoir si les fiefs vont répondre présents à certains appels. En plus clair, le contexte de 2011 où Adrien Houngbédji a massivement bénéficié des voix de ses soutiens de l’Un n’est pas celui de 2016.
Les erreurs se paieront cash !
Le fief du candidat à la candidature unique de l’Un, Emmanuel Golou aura, par exemple, du mal à répondre présent si entre-temps, c’était Eric Houndété qui était désigné comme porte-flambeau de l’Un, et vice versa. Ceci, puisque contrairement à 2011, il y aura beaucoup plus de candidatures au point où chaque circonscription électorale en aura deux, trois voire plus. Dans ces conditions, parler de candidature unique est un grand risque.
La preuve, au sein des Fcbe, la nouvelle donne serait plutôt la multiplicité des candidatures au premier tour pour mieux quadriller le terrain et espérer fédérer les énergies en vue de la victoire au second tour. 12 candidatures bien compartimentées sont ainsi ventilées, notamment celles de Nassirou Arifari Bako dans l’Alibori, de Yacoubou Bio Sawé dans le Borgou, Komi Koutché dans les Collines, Barthélémy Kassa dans l’Atacora, Alassane Soumanou Djemba dans la Donga, François Abiola dans le Plateau. Celles de Aké Natondé dans le Zou, Karimou Chabi Sika dans le Borgou et Soumanou Toléba dans la Donga ont même été officialisées à la faveur du week-end écoulé.
L’option est donc claire pour les Fcbe. Etendre le plus largement possible ses filets pour ramener le plus de voix dans l’optique du second tour. Est-ce que l’Un, l’Alliance Soleil n’adopteront pas au finish, cette logique qui est en train de faire école au niveau des Fcbe ? Ce qui est certain, à chaque chapelle politique, sa stratégie. Mais, elle ne se définira pas en méconnaissance de celle de l’adversaire politique. Comme dans un match de football, la tactique comptera pour beaucoup quant aux résultats des uns et des autres à l’issue de la présidentielle de 2016. Les erreurs se paieront cash !
Le contexte de 2016 autorise-t-il une candidature unique à l’Un, aux Fcbe, à l’Alliance Soleil… ? Savoir répondre à cette interrogation et même envisager une candidature externe avant de se lancer dans la bataille de la prochaine élection présidentielle est primordiale pour les grands regroupements politiques. Autrement, à l’arrivée, la catastrophe peut être au rendez-vous. Et pour les perdants, se relever de cette épreuve douloureuse, une chimère.
Angelo DOSSOUMOU