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L`événement Précis N° 1151 du 3/9/2013

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Sourou Djilé OHOSSA : Odjo, Sounouvou et Dossa, Trois mousquetaires pour la République
Publié le mercredi 4 septembre 2013   |  L`événement Précis




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Aux lendemains de la conférence nationale, nous avons découvert avec ravissement que le Bénin regorgeait de journalistes émérites et on ne peut plus intrépides. Sur les plateaux de la télévision nationale ils ont « convenu » d’organiser le procès en live du PRPB. Très tôt, quelques téméraires défenseurs du parti-Etat se sont rendu compte, à leur grande surprise, que le vent avait tourné et que les journalistes de l’organe d’Etat avaient résolument décidé de s’affranchir de la tutelle incestueuse qui les liait au parti Etat. Nous avons vu et entendu des choses. Nous nous délections de voir nos bourreaux d’hier se faire littéralement passer le savon en plein journal télévisé. Une sorte de revanche a minima.
A ce titre, l’on se souvient des interviews célèbres de Barthélémy OHOUENS Chef d’Etat major des armées béninoises de l’époque et de Idi MALLAM dont je me souviens encore du : « je m’habille ». L’émulation entre les journalistes de l’ORTB a été portée à son paroxysme nous révélant des talents tels les Vincent DASSI, Clément HOUENONTIN, Didier FALADE, Marcel TCHOBO, Francis ZOSSOU, Mohamed YESSOUFOU SALIOU et j’en oublie. Des vocations naquirent, fécondées par le désir de ressembler à ces hommes du micro, références indéniables de la parole libérée au Bénin.
Démocratie ou totalitarisme.
Une nuit noire, d’une épaisseur à couper au couteau est tombée sur le journalisme béninois depuis 2006. Nous vivons depuis dans l’illusion d’un système démocratique qui n’a en fait de démocratie que le nom tant le musèlement de la presse, particulièrement la presse audiovisuelle, a atteint des sommets himalayens. Des contrats rubis sur ongle accordés à la presse pour forcer sa condescendance aux mises hors tension de stations radios en passant par les suspensions d’émissions, sans oublier les ostracismes de journalistes dont la parole dérange, la liste des forfaitures contre la liberté de presse au Bénin est loin d’être exhaustive. Ainsi, le monolithisme a commencé à s’installer progressivement aux travers de soliloques gouvernementaux ou de monologues présidentiels rébarbatifs. Ceci finit par coûter la vie à des émissions de renom comme « Bonjour citoyen », « Ma part de vérité », et j’en passe. La chaine de télévision publique est, de ce fait, devenue méconnaissable. Cependant, le plus spectaculaire fut le revirement de la ligne éditoriale de Canal 3 Bénin au lendemain du premier août 2012. En effet, convaincu de squatter illégalement les installations de l’ORTB, le manager de la société sauva sa chaine d’un démantèlement certain grâce à son retour, armes et bagages, à la mouvance présidentielle. Le Président de la République venait de faire d’une pierre plusieurs coups au profit de l’impunité qu’il prétend pourtant combattre, au mépris de la bonne gouvernance et ceci pour le service exclusif de ses intérêts personnels. En un tournemain il réussit à :
- faire revenir Saley dans les rangs de la mouvance présidentielle pour renforcer les pros-YAYI à l’Assemblée nationale
- contraindre, sans transition aucune, « les petits » de Canal 3 à psalmodier les hymnes à sa gloire,
- maintenir en laisse tous les autres organes qui seraient tentés de se mettre en travers de ses intérêts.
Ainsi, la seule chaine de télé qui d’une lueur pâle tentait jusque-là, vaille que vaille, de maintenir notre démocratie dans une prometteuse pénombre s’éteignit au grand dam des citoyens.
Et l’œil de la conscience s’alluma
Nous désespérions du débat démocratique à la télévision nationale. Désespoir renforcé par la malheureuse déclaration du vice-président de la HAAC qui estime que l’ « autorité qu’il dirige appartient au gouvernement » dont il se trouve de ce fait impuissant à contrer les velléités autocratiques. Oui nous désespérions, lorsque récemment, Ozias SOUNOUVOU, recevant le ministre Marcel de SOUZA, le poussa dans ses derniers retranchements. Puis vint le débat de dimanche dernier.

Dès la première question, André DOSSA nous fit comprendre que le combat allait être viril et épique. Les ministres furent tout de suite mis dans les cordes. On lisait sur leurs regards de l’agacement et parfois de l’emportement. Ils ne s’étaient pas doutés une seconde que ce serait si rude pour eux. Comme au temps jadis évoqué supra, les trois journalistes sur le plateau ne firent aucun cadeau à Komi KOUCHE, DJENONTIN et EDOU. Ils se sont sublimés jusqu’à rappeler à leur ministre de tutelle qu’ils étaient les maitres de céans et que les questions, c’est bien eux qui avaient le pouvoir de les poser. KOUCHE se débâtit vigoureusement pour reprendre la main. Nos trois mousquetaires étaient intraitables.

Ce fut pour moi une soirée inoubliable. Un hommage rendu avec brio à la presse béninoise qui, malgré les coups de boutoir qu’elle reçoit depuis quelques années de la part des « changementeurs –refondateurs », a, le temps d’une émission, fait renaitre la flamme de l’espoir.
Qu’attend-on d’un intervieweur ? Qu’il ait le sens de l’écoute, un peu de culture et beaucoup de répartie. Ces trois ingrédients furent présents dimanche dernier. Et le clou de la soirée, ce fut la boutade de la cravate rouge d’Ozias SOUNOUVOU. Il fallait le faire !
Alors après les faux fuyants infructueux, nos ministres tentèrent des coups bas. La cible fut tout de suite trouvée : Patrice TALON, le souffre douleur de Yayi, le responsable de tous nos maux depuis la nébuleuse histoire du PVI. Là encore SOUNOUVOU, DOSSA et ODJO tinrent bon.

Nos ministres voulaient, prétendaient-ils, gommer nos doutes. Ils les ont épaissis plus que jamais. Car, lorsque la cause est indéfendable, il n’y a rien à faire. Aucun langage, aucune rhétorique fut-elle du plus éloquent des orateurs ne peut changer la réalité des choses, à savoir, que le changement survenu en 2006 est l’une des plus grossières impostures politiques que le Bénin a jamais connu depuis son indépendance.
C’est pourquoi, au regard de cette calamiteuse explication gouvernementale, la deuxième en quarante huit heures, il y a lieu d’écouter la voix de la sagesse telle qu’assenée une seconde fois par la conférence épiscopale du Bénin, à savoir : dialogue, dialogue, dialogue.
Mais en attendant, il me plait de saluer avec beaucoup de respect et de reconnaissance républicaine, la compétence, l’éloquence et la bravoure des trois mousquetaires d’un soir, Ozias SOUNOUVOU, André DOSSA et Rachidi ODJO.


Sourou OHOSSA

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