A en croire les différents chiffres que propulsent les autorités béninoises dans l’opinion publique depuis quelques semaines, on a l’impression que tout va pour le mieux au Bénin. Or, le chômage des jeunes connaît une évolution. Plus grave, certains citoyens ne mangent plus à leur faim et certaines femmes des marchés n’ont plus leurs yeux que pour dormir face aux étalages.
Des jeunes déambulant dans les rues du pays à longueur de journée avec pour meilleure distraction les spectacles et surtout les danses qui exposent les nudités. Voilà le quotidien de la majorité des bras valides, jeunesse active sortie des universités du Bénin. Les plus conscients ou plus encadrés par les parents passent le clair de la journée les dossiers sous les bras en quête d’emploi. Le soir, plusieurs parmi eux âgés de 40 ans retournent sous le toit de leurs parents pour partager le dîner. Les pudiques ne peuvent même plus participer à quelque débat que ce soit parce qu’ils ne peuvent pas s’assumer. Ceux qui ont choisi de braver la vie autrement rejoignent nombreux le rand des candidats au cancer en s’occupant par la conduite des taxi-motos. Les bonnes dames des marchés toutes catégories confondues peuvent jurer que leurs activités ont chuté de 30% au moins depuis deux ans. Le plus graves est que même les vendeuses de denrées alimentaires se plaignent. Cela traduit simplement la difficulté pour les citoyens de se procurer le nécessaire au jour le jour pour s’assurer les trois repas journaliers. Si ce n’est le tapage médiatique et la descente permanente de certaines autorités pour aller contenir les réactions, chacun aurait compris que les producteurs de coton ne se portent pas au mieux de leur forme. Ceux qui ont osé lever la voix ont failli rejoindre les rangs des opposants voués aux martyrs. Les trafiquants de l’essence de contrebande traqués de tous les côtés au sud du Bénin ne pourront jamais affirmer avec leurs dirigeants que le Bénin se porte mieux. Car, eux qui contribuent énormément au Produit intérieur brut du Bénin malgré leur positionnement dans l’informel connaissent depuis des mois une fluctuation négative de leurs activités. Il faut ajouter à cela la kyrielle de jeunes démobilisés du fait des ennuis que connaissent certains opérateurs économiques avec le gouvernement. A aucun niveau de la chaîne sociétale, personne, sauf les autorités, ne confirme la bonne santé de l’économie béninoise. Malgré cet état de chose, on avance pêle-mêle au sommet des chiffres de bonnes performances. Mieux, il est avancé que le Fmi félicite le Bénin. C’est un contraste et les citoyens doivent comprendre simplement qu’ils ont à se fier à leurs réalités quotidiennes plutôt qu’à des chiffres dont la fiabilité suscite des interrogations depuis plusieurs mois. Il faut se rappeler que ces mêmes dirigeants dans ce pays se sont attaqués à des chiffres d’autres institutions parce que cela ne leur était pas favorable. Ce qui compte, c’est ce que vit chacun. Et Dieu sait que la majorité honnête se plaint.