En toute expression
14 Septembre 2015
Un double calvaire
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Les Béninois, depuis quelques semaines, font la douloureuse expérience
d’un retour au galop du phénomène du délestage. Au début, ils
croyaient n’avoir affaire qu’à quelques jours de coupure
d’électricité, sachant que leur pays, en matière de disponibilité de
l’énergie électrique, fait partie des parents pauvres du continent et
de la sous-région. Hélas ! Ce qui n’avait l’air que d’un épiphénomène
est devenu un phénomène réel, suscitant étonnement et surprise au
regard du moment où il survient, d’autant que les Béninois ne se font
généralement ce souci que pendant les périodes d’étiage des fleuves
qui portent les barrages électriques sur le continent. On explique ci
par ça, et les professions de foi, en provenance des autorités
compétentes, fusent, dans un élan d’apaisement des cœurs. Mais la
clientèle de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE), dans ce
fatras de justifications, perd son latin et continue de s’interroger
sur ce calvaire qui la poursuit telle une ombre, et dont l’issue
semble bien loin, eu égard aux réalités internes du Bénin en matière
de politique énergétique. On évoque Nangbéto en termes de barrage, de
Maria Gléta s’agissant de générateur électrique, et de générosité du
voisinage où l’on se fait quelque mouron pour nous en nous gratifiant
de la portion congrue, nonobstant les réalités domestiques de ces
nations donatrices elles-mêmes. Seulement, du côté de ces sources,
l’espoir, pour l’heure, reste une chimère, en ce qui concerne,
notamment, Nangbéto et Maria Gléta. Et pendant que l’énergie
électrique se fait désirer et dicte sa loi, la Société nationale des
eaux du Bénin (SONEB) entre dans la danse. Un malheur n’arrive jamais
seul, a-t-on coutume de dire. Et c’est le cas, ni plus ni moins, ici.
La SONEB est en effet fortement dépendante de la SBEE, en raison de
l’importance de l’énergie électrique pour le fonctionnement de la
société productrice et distributrice d’eau. Constat : quand ça pète à
la SBEE, la SONEB étouffe et s’essouffle, et les effets, pervers et
insoutenables, se déversent sur la clientèle impuissante du monopole
SONEB, pendant que le monopole SBEE se démène aux fins de calmer la
tension qui monte, côté consommateurs. Ceux-ci, malheureusement, n’ont
de choix que celui de s’égosiller, mais comme des voix qui crient dans
le désert. Et, quoique leur voix soit portée par une brochette
d’associations de consommateurs qui tentent vaille que vaille de
défendre leur cause, le calvaire provenant de la SBEE et de la SONEB
fait son chemin, prenant parfois des allures de pure moquerie à
l’égard des clients-consommateurs.
Sébastien DOSSA